BOURGUIGNON Thérèse

Auteur de la fiche : Jacques GARCIN

Thérèse BOURGUIGNON


En ce temps là, en juin 1940, dans l’Orne… Une jeune fille à la fibre patriotique passait à l’action !

Thérèse BOURGUIGNON, alors âgé de 15 ans, avait hérité de ce patriotisme affirmé par son père, ancien combattant de la grande guerre 1914/1918. Son valeureux « poilu » de papa était rentré grièvement blessé par la nocivité des gazs de combat utilisés par les allemands en dépit des conventions internationales. Les poumons rongés par cette terrible Ypérite, monsieur Bourguignon a survécu dans d’atroces douleurs jusqu’au 22 juin 1931.

C’est dans ce drame familial que Thérèse BOURGUIGNON est devenue « Pupille de la Nation » à l’âge de 6 ans en 1931.

Tout ce vécu, Thérèse ne l’avait pas oublié lorsque la France a été confrontée à nouveau avec l’Allemagne en septembre 1939 et que les hordes du IIIème Reich envahirent notre malheureux pays en Juin 1940.

A la première occasion Thérèse allait montrer qu’elle était la digne fille de Désiré, Léon BOURGIGNON, l’ancien combattant de la Grande Guerre.

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En Juin 1940 à Mauvaisville près d’Argentan les Allemands avaient parqué des prisonniers de guerre Français dans le camp de la Saponite. Thérèse su que son cousin Félix COUPRY s’y trouvait comme prisonnier de guerre. Il fallait donc tout faire pour l’aider à s’évader.

Tout a été minutieusement mis en place par Mme Eugénie BOURGUIGNON, la mère de Thérèse. Elle lui demanda d’aller porter un paquet de vêtements civils pour son cousin. Thérèse est partie à pied de chez elle en tenant une bicyclette dans chaque main. Sur le vélo destiné à son cousin se trouvait le paquet de vêtements. Cela a été un exercice très difficile, mais Thérèse a réussi sa mission.

Son cousin Félix ayant réussi son évasion et a troquer son uniforme militaire par des vêtements civils, est arrivé enfin à bicyclette à la ferme des Chasnières sis à Marcei chez Madame BOURGUIGNON. Pour sa sécurité Félix ne pouvait rester en cet endroit. Qu’à cela ne tienne, Thérèse a trouvé une solution, connaissant un jeune homme fabriquant du charbon de bois en forêt.

Cet ami, du nom de LERAT, est entré lui aussi dans cette démarche qui consistait à aider au maximum un prisonnier de guerre évadé. C’est ainsi qu’il prit la décision de conduire Félix COUPRY en automobile jusqu’aux bords de la Loire. De la Félix a traversé le fleuve à la nage. Nous étions en juin/juillet et il faisait chaud, la traversée de la Loire en était plus facile.

Félix COUPRY est resté dans cette région où il a su se faire incorporer dans la résistance locale.

Ce premier acte de résistance accompli par Thérèse BOURGUIGNON n’a pas été homologué parcequ’elle n’appartenait pas à une structure de la Résistance. Sa deuxième action de résistance, Thérèse va l’accomplir en aidant trois jeunes garçons à devenir des réfractaires au S.T.O : c’était en 1943.

Thérèse allait porter de la nourriture à Léon HESLOT qui vivait caché pour ne pas partir en Allemagne. Par la suite Léon HESLOT a été caché chez Mr. Léon CHIVARD, cultivateur au champ de la Pierre. Le second réfractaire a été caché à Fresnes. Le troisième réfractaire, Jacques LAROSE, a été caché chez Mr. POTTIER à Saint Brice sous Ranes. Par la suite, Jacques LAROSE a quitté l’ORNE pour aller dans un maquis du LOT.

Jacque LAROSE a trouvé la mort au combat de BRETENOUX dans le Lot, le 9 juillet 1944. Avec ses camarades du maquis il s’est battu contre la division d’élite « DAS REICH » qui remontait du Sud-Ouest pour rejoindre la Normandie où les Alliés venaient de débarquer depuis le 6 juin 1944.

La nouvelle vie de Thérèse se précise :

Thérèse qui n’avait pas de vocation agricole n’était pas restée à la ferme avec ses frères et sœurs auprès de leur mère. Elle était plutôt attirée par la couture et les tissus. C’est pourquoi Madame BOURGUIGNON plaça sa fille dans un petit magasin de Nouveauté/Couture à Ranes. Thérèse est entrée chez Mr. Et Mme VERRIER comme apprentie-vendeuse en octobre-novembre 1943.

Le fils de ses patrons, Gaston VERRIER, était un responsable dans la résistance locale. C’est-à-dire que Thérèse était dans un milieu de patriotes. Les prémices du débarquement étaient suivis de près par la Résistance. Aussi il avait été convenu lors d’un conseil de famille que si un évènement très important se produisait, Thérèse quitterait le magasin VERRIER pour rejoindre la ferme familiale. C’est ainsi que Thérèse BOURGUIGNON allait être confronté à une 3ème action de résistance !

En ce printemps 1944, le ciel de Normandie était de plus en plus sillonné par l’aviation Alliée. La riposte allemande était toujours aussi vive. C’est alors qu’un avion de chasse de type « Mustang » fut abattu par la Flak Allemande dans la région. Le pilote avait pu s’extraire de son avion et sauter en parachute. Il a été recueilli le 30 avril 1944 par les Frères ROGER d’Ecoucé.

Ce pilote, un américain du nom de Charly MOORE, allait bientôt entrer dans l’histoire de Thérèse BOURGUIGNON. Dans un premier temps il fut habillé en civil par les parents de M. Georges PESCHET qui le dotèrent également d’une bicyclette.

Charly fut placé sous la protection du résistant Gaston VERRIER. Il est d’ailleurs resté quelques jours caché chez Monsieur et Madame VERRIER dans le magasin des nouveautés de Rane. Ensuite Charly MOORE a été caché chez Mr. GUILHOIRE à Saint Martin L’Aiguillon.

Il faut croire que les Allemands et la petite bande de Français à la solde de la Gestapo d’Alençon eurent vent de la présence de l’aviateur Américain car, le 11 mai 1944, le sinistre JARDIN et ses acolytes virent perquisitionner le magasin VERRIER à Ranes. Mais Charly MOORE était déjà dans un autre lieu sur ! Heureusement pour les époux VERRIER, JARDIN et sa bande ne trouvèrent pas les deux revolvers anglais cachés dans un tiroir a secret, ni les munitions cachées dans une vieille marmite pendue à la cheminée !

Cette affaire sérieuse allait mettre la famille BOURGUIGNON en alerte. Après un conseil de famille il fut décidé d’aller chercher Charly MOORE afin de le ramener à la ferme des chasnières à Marcei pour le cacher.

Le transfert de Charly fut réalisé le 21 mai 1944 vers 15h, grâce aux sœurs BACHELIER, Denis et Jacqueline. C’est Denise qui conduisait la voiture. Thérèse était aussi du voyage avec Charly. Toute se déroula sans encombres.

Il est ici nécessaire de préciser que Denise BACHELIER allait être arrêtée un peu plus tard et déportée à Ravensbrück.

Charly MOORE resta camouflé durant trois mois, c’est-à-dire jusqu’à la Libération !

Il n’était pas seul puisqu’il partageait cette cache avec Alfred BOURGUIGNON qui, faut-il le rappeler, en était le premier habitant.

Le temps a passé. Charly MOORE a fait sa vie aux Etats-Unis. Thérèse BOURGUIGNON est devenue Thérèse CHAUVIER. Après guerre, elle alla passer 8 jours aux Etats-Unis chez Charly MOORE. Thérèse se souviendra toujours avec émotion du diplôme décerné à sa maman Eugénie BOURGUIGNON par le Président DWIGHT-EISENHOWER en hommage à l’aide qu’elle apporta à un aviateur américain en péril.

Oui, Thérèse BOURGUIGNON a bien été, durant cette période sombre, la digne fille de Désiré, Léon BOURGUIGNON, l’ancien combattant de la guerre de 14-18 !