SAUVAGE Roger

Auteur de la fiche : François CARTIGNY

SAUVAGE Roger

Est né à Paris le 26 mars 1917. Dans son livre « Un du Normandie-Niémen »,il se définit ainsi : « Natif de Ménilmontant, j’ai 26 ans, 1 mètre 83. Toujours rieur, même quand j’ai le cafard. Demi-martiniquais par mon père, mort des suites de l’autre guerre ». A 20 ans, en 1937, il s’engage dans l’armée de l’Air et est affecté à la base 109 de Tours avant de rejoindre l’école d’Angers où il apprend à piloter sur Morane 147, Morane 120 et sur Potez 25. En avril 1939, il est sergent et affecté  à la 5e escadre de Reims où il effectuera des missions d’observations. Durant la guerre de 1939-1940, il effectue de nombreuses sorties aériennes et « s’offre » deux victoires: le 18 mai 1940, il abat son premier Heinkel 111, et le 14 juin suivant il descend en flammes un Dornier 17. Après l’armistice, le 28 août 1940, en zone « non occupée », il décolle une dernière fois pour Lyon, aux commandes d’un Henriot. Il est alors affecté au groupe 1/13 à Nîmes. Un mois plus fard il part pour Casablanca, au Maroc, comme « garde veilleur spécialisé ». Après de longs mois d’inactivité, il est admis à un stage de vol à voile à Mostaganem de décembre 1941 à février 1942. Là il s’entraîne sur planeur 15 A, puis sur Castel 30 S et enfin sur 40 P. Pendant ce temps-là, le Général de Gaulle, à Londres, soucieux de voir la France Libre représentée sur tous les fronts, a pris des contacts avec le gouvernement soviétique en guerre avec l’Allemagne depuis le 22 juin 1941, pour envoyer un groupe de chasse français combattre aux côtés de l’Armée rouge sur le front de l’Est. Commencées en février 1942, les négociations aboutissent à un accord avec l’URSS le 26 novembre suivant. Entre-temps, le général VALIN, commandant les Forces aériennes françaises libres, reçoit l’ordre de former une unité aérienne constituée d’éléments provenant de Grande-Bretagne, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Le 1er septembre 1942, le groupe de chasse n°3 constitué à Rayak, au Liban, prend le nom de « Normandie ». Le 12 novembre 1942, les soixante volontaires français du groupe s’embarquent pour l’Union soviétique via Bagdad, Bassorah et Téhéran: destination Ivanovo, base aérienne située à 250 km au nord-est de Moscou. Après un entraînement dans des conditions climatiques très rudes, l’escadrille est engagée sur le front germano-soviétique le 22 mars 1943 sur les fameux Yakovlev Yak 1. Ses succès dans les missions de soutien des bombardiers soviétiques sont tels que l’escadrille est régulièrement engagées dans les opérations de combat. En Afrique du Nord, le sergent-chef Roger SAUVAGE dont les exploits du groupe « Normandie » sont parvenus jusqu’à lui, attend son heure. Elle sonnera quelques mois plus tard lorsqu’en octobre 1943, à Alger, on viendra lui proposer de rejoindre l’escadrille « Normandie » sur le front russe, ce qu’il acceptera sans hésitation. Le départ pour l’URSS se fait par le Caire, en Egypte, et c’est Joséphine BAKER, en tournée dans la capitale égyptienne (en réalité, chargée de missions secrètes en sa qualité de sous-lieutenant des troupes féminines des Forces aériennes françaises libres) qui conduira, dans sa propre voiture et en pleine nuit, les jeunes pilotes français jusqu’au terrain d’aviation où les attendait leur Dokota. Après Bagdad, Téhéran et Bakou dans le Caucase, les Français arrivent enfin à Moscou le 31 décembre 1943, ce qui entraîne la réorganisation du groupe « Normandie » qui est porté à quatre escadrilles. Fin mai, le régiment est de retour sur le front. En juin, il participe au soutien de l’offensive soviétique sur la Biélorussie puis en Lituanie. En moins de trois semaines, les troupes soviétiques progressent de plus de 400 km vers l’Ouest. En juillet, le groupe prend part à la bataille de franchissement du Niémen, assurant la protection des troupes. Pour ses actions d’éclats, « Normandie » reçoit du commandement suprême soviétique le titre de « Régiment du Niémen », devant ainsi « Normandie-Niémen ».

Le 14 octobre 1944, l’offensive de Prusse commence. Roger SAUVAGE, aux commandes de son  Yak 3, descend son premier Fw 190 au-dessus de Lengwethen. Le 16 octobre, en une seule journée, le régiment abat vingt-neuf appareils ennemis, dont un Ju 87 et un Messerschmitt 109 par les tirs de SAUVAGE dans le ciel de Pillupönen et de Göritten. Le 17 octobre, une nouvelle victoire aérienne est homologué au crédit de SAUVAGE: un Fw 190, au nord-est de Stallupönen. Après une semaine de combats, les premiers éléments soviétiques franchissent les lignes allemandes. Les missions sur les arrières de l’ennemi sont nombreuses et fructueuses en destruction. Le 6 décembre 1944, tous les hommes du « Normandie-Niémen » se rendent à Moscou pour rencontrer le général de Gauille en visite officielle. Le fanion du régiment reçoit alors la Croix de la Libération. La troisième campagne se déroule de janvier à mai 1945 dans la région de Königsberg, en Prusse orientale. Roger SAUVAGE se couvrira de gloire au cours de cette campagne. Entre le 16 janvier 1945 et le 27 mars 1945: neuf nouvelles victoires aériennes homologuées vinrent ceindre son front de ses plus prestigieux lauriers. Alors les derniers foyers de résistance tombent les uns après les autres, tandis que Berlin est encerclé. Et c’est la capitulation des 8 et 9 mai 1945, sur tous les fronts. Le retour en France n’est plus qu’une question de jours. Le 1er juin 1945, le régiment est à Moscou. Le 15 juin, aux commandes de leurs Yak 3, offerts par l’URSS à la France, les pilotes du « Normandie-Niémen » s’envolent du terrain d’Elbing. Le 20, après des escales techniques à Prague, Stuttgart et Saint Dizier, ils arrivent au Bourget sous un accueil triomphal. Après plus de 5000 sorties et 869 combats, le régiment « Normandie-Niémen » totalise 273 victoires homologuées, 37 probables. Quarante six pilotes sont morts ou disparus sur la centaine qui ont fait partie de ses rangs. Roger SAUVAGE sera l’un de deux pilotes de ce régiment à totaliser le plus grand nombre de victoires homologuées: 16. Nommé Sous-lieutenant sur le front russe en février 1945, il sera décoré de la croix d’officier de la légion d’honneur, de la Croix de Guerre avec 12 palmes, de la Médaille Militaire et des ordres soviétiques du Mérite pour la Patrie, de la Victoire, de l’ordre Alexandre Niewski, de la Médaille de Koenigsberg. Nommé capitaine en 1954, il est promu au grade de commandeur de la Légion d’honneur (prise de rang du 12 août 1953). Il est l’auteur de deux ouvrages autobiographiques: « Un du Normandie-Niémen » (1950) et « La soif de l’air » (1952) publiés aux éditions André Martel. Son premier ouvrage sera réédité chez Albin Michel en 1959, puis dans la collection « Leur aventure », au éditions J’ai Lu (1963) et réédité dans cette collection pendant près de dix ans.

Roger SAUVAGE est décédé à Nice (Alpes Maritimes) le 26 septembre 1977, dans sa soixante et unième année, à la survivance de son épouse Marie-Thérèse et de son fils Lionel alors âgé de 28 ans.