NAVRAULT René "Pseudo : Cadet"

M.U.R. Mouvement Uni de la Résistance

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René NAVRAULT

Né le 3 juin 1921 à Moulins (Alliers)

En 1939 il s’engage au 149° d’artillerie lourde hippomobile d’Issoire (Puy-de-Dôme). Il passe la drôle de guerre au dessus de Nice face à la frontière italienne où le trouve l’armistice. Il s’engage dans la marine de l’armée d’armistice, il navigue sur le Victor Schoelcher qui sera coulé par les Anglais le 5 mai 1942.

René NAVRAULT s’enrôle dans les F.F.L. les Forces Françaises Libres. Il intègre le commando Kieffer, il suivra diverses formations dont celle de démineur.

A Noël 1943, 6 Français du commando Kieffer et 3 Anglais débarquent entre Calais et Dunkerque à l’embouchure de l’Aa afin d’étudier l’armement des blockhaus et de repérer les champs de mines. Au retour suite à une panne de l’embarcation deux des hommes se noient, les deux Anglais survivants sont pris et fusillés. Les 5 Français survivants se sont scindés en 2 groupes. René NAVRAULT

fait équipe avec Joseph MADEC, un breton  et Gaston POURCELOT de Belfort.

Sans aucun contact ils sont recueilli par une série de paysans qui les cachent, les nourrissent, et leur donnent des vêtements civils.

Joseph MADEC décide de rejoindre son village breton, il terminera la guerre dans un maquis. Les deux autres après maintes péripéties arrivent à Paris chez la mère de René NAVRAULT, qui leur procure des faux papiers, ne pouvant rejoindre l’Angleterre, ils décident de poursuivre la lutte en France. Ils se rendent à Lyon où ils se séparent. Gaston POURCELOT part pour Besançon. Il sera arrêté, torturé et envoyé à Buchenwald. René NAVRAULT se rend dans l’Allier chez sa sœur aînée Germaine mariée au garde champêtre de Bellenaves, près de Montluçon, qui le mettra en rapport avec le groupe Raphanel des M.U.R.., opérant au nord du Puy-de­Dôme.

Le 15 mai 1944, les Raphanel reçoivent l’ordre de rejoindre le massif de la Margeride, au sud-est du Cantal, où se concentrent des maquis du Cantal, du Puy-de-Dôme et de l’Allier. Bordée par les gorges de l’Allier à l’est, les gorges de la Truyère à l’ouest, et dominée au nord par les 1 465 mètres du mont Mouchet, siège de l’état-major, c’est une zone quasiment inhabitée de landes et d’épaisses forêts de hêtres et de pins. Y convergent des milliers d’hommes dont bon nombre de réfractaires au STO n’ayant aucune formation militaire. Ils se rattachent à trois mou­vements : les MUR, les FTP et l’ORA, qui prend « Cadet » pour pseudonyme, met son expérience au ser­vice de l’instruction des recrues.

Le l er avril, estimant le débarquement de plus en plus proche, Émile COULAUDON, alias « colonel Gaspard », chef régional de l’Armée secrète, précise dans une note : « Dans les lieux de rassemblement prévus, création de réduits pouvant couvrir – dans le Cantal et la Haute-Loire – une assez grande superficie dont nos hommes interdiront l’accès. Ces régions étant en état de siège, contrôler les routes, ne pas attaquer un ennemi supérieur en nombre, retarder leur avance par des destructions, attaquer de petits convois ou groupes ennemis ou objectifs militaires insuffisamment défendus. » Le ler juin, la BBC donne le signal d’alerte par ce message personnel : « Le coup d’envoi est à quinze heures. » Dans la nuit du 5 au 6 juin, elle diffuse les messages d’exécution. « Le 11, les Boches nous sont tombés dessus. Ils ont mis le paquet. Après avoir tenu tant que nous pouvions, nous nous sommes repliés dans les gorges de la Truyère où, le 21, nous les avons eus, à nouveau, sur le dos. Ils étaient nettement mieux équipés que nous. En armes lourdes, nous ne pouvions leur opposer que des bazookas, difficiles à manier. Obligés de décrocher, nous nous sommes dispersés. À une dizaine de copains, nous nous sommes greffés sur un maquis des MUR, à Pionsat, dans le Puy-de-Dôme. » Là, NAVRAULT commande une équipe de sabo­tage composée de quatre « malgré nous », déserteurs de l’armée allemande, trois Luxembourgeois et un Danois. « Des types bien avec lesquels on a réalisé du bon boulot. » Coupures des lignes de chemin de fer Clermont-Ferrand-Montluçon et Bor­deaux-Genève, attaques de convois sur la route nationale 143, d’un dépôt de sucre destiné à l’Allemagne à Aigueperse, d’un train transportant deux wagons de tabac de luxe à Pontmort, de sentinelles gardant une mine à Échassières… Le groupe har­cèle les troupes allemandes sur les nationales 698 et 687, les accroche à Saint-Éloi-les-Mines, avant de prendre part aux combats de la libération de Montluçon, de Moulins, de Saint­-Pierre-le-Moûtier. « Le 22 août 1944, au pont de Gouttières, on s’est sérieusement frotté à un convoi de cent quarante-huit véhicules. Un habitant de Saint-Gervais-d’Auvergne nous avait prévenus qu’ils roulaient vers Montluçon. Nous nous sommes éclipsés avant qu’ils ne ripostent au mortier, une pièce dont ils avaient une grande expérience. Nous étions cinq, nous avons eu cinq Allemands. »

En septembre, souhaitant réintégrer le commando Kieffer, Navrault monte à Paris. « Huit jours de vélo et de marche. » Fin octobre, un avion le ramène en Angleterre. Le 1« novembre, il débarque avec le N° 4 commando à Flessing, en Hollande. Ça frappait dur. On faisait le ménage devant la 1ère armée canadienne. Ça a duré jusqu’en Allemagne. Le 8 mai 1945 nous étions près d’Essen.