de NAUROI René

Auteur de la fiche : Général Chrisitan Baptiste, délégué national de la Chancellerie de Ordre de la Libération

René de Nauroy

Né à Paris à l’aube du XXèmesiècle, René de Naurois est issu d’une famille catholique et républicaine de propriétaires agricoles en Haute-Garonne. Il ressent très jeune une vocation pour le sacerdoce mais, suivant la demande de ses parents, il poursuit des études universitaires à Toulouse avant de prendre une décision. D’une nature curieuse, il est épris de culture allemande et se passionne pour les lettres, les mathématiques et la théologie, comme il se passionnera, plus tard, pour l’ornithologie. Cette envie d’apprendre, cette soif d’étudier, le conduisent très jeune à s’intéresser à son époque et à la marche du monde. Ordonné prêtre en 1936, au moment où l’Europe connaît de nouveaux déchirements qui annoncent le pire, il a l’occasion, dans les « brumes de la Germanie », d’observer le national-socialisme en œuvre lors de multiples séjours outre-Rhin qui se poursuivront jusqu’à la déclaration de guerre de 1939.

Alors mobilisé comme lieutenant de réserve dans l’artillerie de montagne, il rejoint l’état-major de la 1ère Armée pendant la campagne de France. L’armistice ne change rien à son choix et, lorsque, le 1er juillet 1940, il se voit refuser par son évêque, Mgr Saliège, l’autorisation de quitter la France pour rejoindre la France libre en Grande-Bretagne, l’abbé de Naurois se tourne immédiatement vers la Résistance. Comme aumônier de plusieurs groupements universitaires, il ne cache en rien de ses idées en public et fait de nombreuses prédications contre le national-socialisme et l’antisémitisme. Il fait de même à l’Ecole des cadres d’Uriage d’où il est chassé en juin 1941 sur l’intervention de l’amiral Darlan. A Toulouse ensuite, continuant à utiliser la « chaire comme tribune », il constitue parallèlement un noyau de résistance qui groupe des étudiants et des ouvriers pour venir au secours des victimes de la législation antisémite du gouvernement de Vichy. Au cours de l’année 1942, alors qu’il est membre des mouvements Combat et Témoignage Chrétien, il organise le sauvetage de juifs en leur faisant passer la frontière suisse. Repéré par la police de Vichy, il est même nommément dénoncé comme opposant dans un article du quotidien collaborationniste Je suis partout en avril 1942.

L’arrivée des Allemands en zone sud en novembre 1942 oblige René de Naurois à la clandestinité ; il lui faut alors partir pour éviter une arrestation assurée. Obtenant cette fois l’accord de Mgr Saliège, il réussit à franchir la frontière espagnole fin décembre 1942 et, via Gibraltar, à gagner l’Angleterre, où il arrive à la mi-mars 1943. Engagé dans les Forces Françaises Libres, il est nommé à la direction de l’Aumônerie générale en Grande-Bretagne ce qui ne comble pas son désir d’agir. Il menace alors de démissionner et finit par obtenir son affectation aux Commandos de marine de Philippe Kieffer. C’est donc en qualité d’aumônier du 1er Bataillon de fusiliers marins commandos qu’il fait partie, avec 176 camarades, des seuls Français qui débarquent en Normandie le 6 juin 1944 avec les premières vagues d’assaut. Soignant les blessés et assistant spirituellement les mourants, il accompagne le commando dans la campagne de Normandie puis dans les opérations aux Pays-Bas.

Démobilisé, l’abbé de Naurois retourne au diocèse de Toulouse où il enseigne dans les Facultés libres avant de devenir dans les années soixante, un spécialiste reconnu de l’ornithologie. Disparu dans sa centième année, au terme d’une vie exceptionnelle, il repose au cimetière de Ranville dans le Calvados, aux côtés de ses camarades des commandos morts pour la France, témoignant ainsi de sa fidélité