CORNEC René

Turma-Vengeance

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René CORNEC

Au début des hostilités, le commissaire de police René Cornec se trouve en poste à Clichy. Né le 9 juin 1906 à Montreuil, secrétaire de police à la PP depuis juin 1923, le voici commissaire dix ans plus tard. Dès 1940, il sauve deux de ses gardiens qui n’ont pas salué des officiers allemands. Dans son commissariat, il oeuvre tôt pour la Résistance : associant son action à celle de Dhalenne52 et de Gaget, il aide des évadés et fournit des renseignements et des faux-documents pour le groupe dirigé pour Turma-Vengeance par le commandant Fillol de La Rochelle. Secondé par le secrétaire René Bazangette, Cornec devient rapidement un des principaux responsables pour la région parisienne du service d’information, de renseignements et de propagande de France au Combat, recruté par l’imprimeur Longueville qu’il avait prévenu d’une proche perquisition allemande. Celle-ci échoue : Cornec installe la nuit précédente un dispositif de barrages autour de l’imprimerie qui permet de déménager de celle-ci tout élément suspect. En septembre 1941, il prend la tête du commissariat du 18e arrondissement de Paris. Ce même mois, convoqué à l’IGS, il est mis en garde contre ses sympathies alliées. Cornec devient définitivement suspect en mettant judiciairement en cause des agents de la rue Lauriston. Le 9 octobre à 6 heures, il est arrêté à son domicile de Clichy par les services allemands et fait l’objet d’une perquisition, sur dénonciation pour propagande pro-anglaise et gaulliste. Suspendu, il est incarcéré à Fresnes et déporté successivement à Cologne, Dusseldorf, Trèves, Hagen et au camp de Hinzert. Malgré de nombreux sévices, il ne parle pas. Rapatrié via la

Belgique le 16 août 1942, en mauvaise santé, il doit attendre trois mois l’autorisation allemande de reprendre son travail. Cornec renoue alors avec son activité au profit de la Résistance : de novembre 1943 à août 1944, sur huit mille recherches, il ne fait arrêter que trente-six réfractaires, insusceptibles en Allemagne (commerçants, Algériens que les nazis ménagent dans l’espoir le plus souvent vain de les retourner contre la France ou tuberculeux). Il fait également relâcher des prisonniers évadés et des réfractaires pris dans des rafles. Du coup ses relations avec les Allemands sont froides d’autant qu’il leur montre son animosité. Il sauve aussi deux de ses gardiens menacés par un membre de la « Gestapo française ». Lucien Morin. Son courage est souligné après-guerre avec reconnaissance par ses collaborateurs. En octobre 1944, la rancune d’Arthur Airaud conduit à sa suspension et provoque sans doute sa mort le 17 juin 1945. Airaud, ancien syndicaliste cheminot CGT, était alors directeur de l’Inspection Générale des Services de la PP et se vengeait à la fois de l’arrestation de communistes en 1940 et de la perquisition effectuée par Cornec à son domicile en son absence, le 24 août 1941. Arrêté au printemps 1940, Airaud avait en effet été élargi le 1er mai 1941. L’ordre de perquisitionner chez lui à Clichy était descendu de la PP : reçu par madame Airaud en l’absence de son époux, Cornec avait alors recommandé à celle-ci de faire disparaître des documents compromettants trouvés dans la cave… Le drame, c’est que, entretemps, Airaud avait été habité sous un autre toit : l’aspect vie privée se mêlait à l’aspect politique de l’aff aire. René Cornec fut promu directeur-adjoint et décoré de la Légion d’Honneur.