Reltien Jules
Auteur de la fiche : SOURCES : Dossier judiciaire de Jules (Julius) Reltien et Nicolas (Nikolaus) Gretten par le Gericht der Division Nr 462 (Bundesarchiv Aachen-Kornelimünster) – Auguste Gehrhards, Morts pour avoir dit non, Strasbourg, 2007, p. 117-132 – Frédéric Stroh, Les Malgré-nous de Torgau, Strasbourg, 2006, p. 188-191 – Philippe Wilmouth, Un déserteur marangeois tue un policier allemand, in Les Cahiers du Billeron N°12, 1er semestre 2000, p 32-33
RELTIEN Jules
Jules Reltien est né le 9 octobre 1921 à Marange-Silvange (Moselle). Pendu le 13 décembre 1944 à Halle-an-der-Saale (Allemagne). Incorporé de force dans la Wehrmacht, déserteur.
Boulanger, il habitait Marange en Moselle annexée avec sa maman Marie, veuve, mère de cinq enfants. Son frère Marcel avait quitté la Moselle dès 1940 et s’était engagé dans l’armée d’Afrique, puis dans la 1ère Armée Française.
Suite aux décrets d’incorporation en Moselle d’août 1942, Jules Reltien fut contraint d’intégrer l’armée allemande le 15 janvier 1943 et fut intégré au 31ème Bataillon de grenadiers à Plauen, avant d’être affecté à un régiment près de Leningrad (URSS). Au cours des combats en mai 1943, il fut blessé au bras par un éclat d’obus et fut décoré de l’insigne des blessés de guerre. Il obtint une deuxième permission début octobre 1943, décida de ne pas retourner à l’armée et se cacha à Marange. Il fut déclaré déserteur le 16 octobre et recherché par la police. Le 20 janvier 1944, sa sœur Charlotte, le cacha chez le menuisier Simminger à Mondorf-les-Bains (Luxembourg) où elle avait déjà caché un autre déserteur, Nicolas Gretten*. Durant six mois, les deux hommes changèrent régulièrement de cache, avant de se dissimuler chez la famille Bodart à Terville (Moselle).
Par mesure de sécurité et dans l’intention de passer la frontière, Jules Reltien fut conduit le 2 juin 1944, par Nicolas Gretten à Audun-le-Tiche (Moselle) chez la mère de sa fiancée, Marie Morlot. Suite à une dénonciation, trois policiers venaient arrêter les deux déserteurs à 12 h 30. Jules Reltien riposta immédiatement avec son arme à feu. Le secrétaire principal de la police criminelle Johann Schmer fut tué sur le coup de quatre balles dans le ventre et le sergent de police Kohl fut grièvement blessé par trois autres balles. Le policier Winterhalder tira sur les deux déserteurs, qui étaient parvenus à s’échapper par la cave et le jardin vers la forêt. Des dizaines d’hommes furent mobilisés pour arrêter les deux fugitifs. Une patrouille les repéra et fit feu sur eux. Ils se séparèrent alors. Près de Volmerange-les Mines, Jules Reltien est repéré par la garde champêtre qui le blessa à la hanche d’un tir de carabine. Il fut fait prisonnier et soigné à l’hôpital de Dudelange (Luxembourg). Son comparse Nicolas Gretten réussit à s’enfuir mais fut pris le 20 juin1944 à Mondorf-les-Bains.
Transféré à l’hôpital militaire de Thionville (Moselle annexée) le 5 juin, Jules Reltien fut conduit après sa convalescence à la prison de la Wehrmacht à Metz le 17 juillet 1944. Le 15 août 1944, Jules Reltien fut jugé avec Nicolas Gretten par le Gericht der Division 462, siégeant à Metz (Moselle), sous la direction du juge Düx. Il fut condamné à la peine de mort, à la perte de la dignité militaire et des droits civiques pour « désertion », « meurtre » du policier Schmer, et « tentative de meurtre » sur le policier Kohl. Le 19 octobre, le Haut Commandement de l’armée confirma le jugement et « ordonna l’application immédiate de la peine par pendaison ». Il fut transféré à la prison militaire Fort Zinna de Torgau (Allemagne), puis à la prison Roter Ochse de Halle-an-der-Saale (Allemagne) pour y être exécuté sous l’autorité du tribunal de la Kommandantur de la Wehrmacht de Leipzig. Il fut pendu le 13 décembre 1944 par le bourreau Jules Winkler. Il fut enterré le 20 décembre au Gertrudenfriedhof de Halle. Le cercueil fut exhumé le 12 mai 1948 et rapatrié en France au cimetière de Marange.
Marie Reltien, est arrêtée le 25 juin 1944, condamnée à mort comme Mördermutter (mère d’assassin) par le tribunal de Berlin le 28 août 1944, transférée à Ravensbruck le 17 septembre 1944. Charlotte Reltien fut arrêtée le 19 juin 1944, internée à Metz, et condamnée à mort le 29 août. Elle réussit finalement là s’évader le 1er septembre 1944 lors de la débâcle allemande.