FASSIN Raymond
Auteur de la fiche : François-René CRISTIANI-FASSIN, délégué de M.E.R
Raymond FASSIN
De la mission « Rex » aux plans du Débarquement
Avant-guerre instituteur au groupe Paul-Bert de Malakoff (92) – où une rue porte aujourd’hui son nom Raymond FASSIN (1914-1945) avait un père blessé en 14-18 et un engagement personnel qui le destinait à se battre pour l’indépendance de son pays. Il n’acceptera pas l’armistice signé par Pétain et, désertant la base aérienne de Tours où il suivait une formation d’observateur aérien, il rejoint St-Jean-de-Luz. Là, il embarque dès le 21 juin 1940 sur le bateau polonais « Jean-Sobieski », à destination de l’Angleterre. Et, le 23 juin 1940, signe à Londres un contrat d’engagement dans les Forces aériennes de la France Libre (F.A.F.L.).
Après des mois d’entraînement au renseignement, au maniement des armes, au sabotage et à la vie clandestine, le voici affecté à l’état-major « Air ». Et c’est Passy qui, le 20 septembre 1941, demande son détachement à l’état-major particulier du général de Gaulle, service des missions, section P. Il rejoint ainsi le Bureau central de renseignement et d’action (B.C.R.A.), les services secrets de la France Libre.
C’est là que Jean Moulin le choisira pour être parachuté avec lui et Hervé Monjaret au dessus des Alpilles dans cette fameuse nuit du 1er au 2 janvier 1942, point de départ de la « mission Rex ». Basé à Lyon, officier de liaison de la France Libre auprès du mouvement Combat, FASSIN est désormais « SIF » et va s’entourer d’adjoints qui prendront les pseudos de Sif Prime, Sif bis, Sif 2, et jusqu’à Sif 10. D’autant que Jean Moulin va très vite le charger d’organiser pour toute la zone Sud un Bureau des opérations aériennes et maritimes (B.OA.M.), qui deviendra ensuite Service (S.O.A.M.), puis Centre d’opérations de parachutage et d’atterrissage (C.O.P.A) et enfin Service des atterrissages et parachutages (S.A.P.) – évidemment clandestins et de nuit, le plus souvent à la pleine lune, et faisant appel aux avions « Lysanders » et « Hudson » et aux pilotes de la Royal Air Force (RAF) britannique.
Fin 1942, au moment où les mouvements de la Résistance intérieure s’unissent dans les M.U.R. et où se crée l’Armée secrète, Jean Moulin lui confiera en outre une mission de coordination, en zone Sud toujours, des six régions, nommées de R1 à R6. Au printemps de 1943, FASSIN est considéré comme brûlé en zone Sud et Jean Moulin , qui l’appréciait, envisage sérieusement de le faire repartir pour l’Angleterre. Mi-juin, il rejoindra effectivement, par un vol clandestin de nuit, Londres et le B.C.R.A., où il se présentera le… 18 juin 1943.
Là, une seconde mission va lui être confiée – mission « Piquier », pseudos : Barsac puis Comète, FX06, etc… -, qu’il accomplira sous plusieurs fausses identités. Il est parachuté à nouveau en France dans la nuit du 15 au 16 septembre 43 en tant que Délégué militaire régional « A » (DMR A) pour organiser l’action paramilitaire de la Résistance (dans la perspective du futur Débarquement) dans la région « A » (Nord de la France). Mais le contexte était bien différent de celui de la zone Sud, et plus dangereux encore. Dénoncé par un de ses agents de liaison retourné par la Gestapo, il sera arrêté à Paris le 2 avril 1944 sous le faux nom de Charles Dacier, avec sa compagne Sif 5 (Solange, Carolle), enceinte. Interné le 2 mai 1944 à la prison de Loos-les-Lille (Nord), il sera déporté en wagon à bestiaux le 31 août 1944 par le « dernier train de Loos », d’abord, le 5 septembre, au camp de Sachsenhausen-Oranienburg (matricule 97 648) puis, vers fin octobre 44, à Neuengamme (près de Hambourg). Il mourra – de maladie et de mauvais traitements – au « kommando » de Watenstedt 1/usines Hermann-Goering, le 12 février 1945.
Les états de service officiels lui donnent la qualité de chef de mission de 1ère classe (grade correspondant: lieutenant-colonel) aux réseaux de la France combattante (FFC) – réseau « Action ». Son acte de décès sera dressé officiellement le 01/08/1946 avec la mention « Mort pour la France », et aujourd’hui celle de « Mort en déportation ». Raymond FASSIN a reçu la « King’s medal » britannique en tant que « French Air Force » en date du 9 sept. 1947, et été promu, en août 1944 pendant sa détention, sous son pseudo de Jean-René Barsac, au grade de Chevalier de la Légion d’honneur, avec ce texte de citation : « Officier admirable. Après avoir accompli une mission de 18 mois en France, s’est porté Volontaire, bien que recherché par la Gestapo, pour effectuer une nouvelle mission. Depuis septembre 1943, a réussi à mettre en place les plans militaires prévus par le Commandement Interallié, et contribué à l’organisation de la Résistance dans l’une des régions les plus importantes de France, où la densité des troupes allemandes et l’activité de la Gestapo sont particulièrement dangereuses ».
En complément de ce portrait nous vous proposons d’écouter cette émission de France Culture : « Retour à Neuengamme ou le passage de mémoire ».