Lefranc Pierre

Auteur de la fiche : Béatrice Gurrey Article paru dans l'édition du journal Le Monde du 13.01.12

Pierre Lefranc

Pierre Lefranc, l’un des barons du gaullisme, est mort samedi 7 janvier à Paris, à l’hôpital du Val-de-Grâce, à la veille de son 90e anniversaire, a annoncé son neveu, Olivier Germain-Thomas Ancien résistant et proche collaborateur du général de Gaulle, M. Lefranc avait été le fondateur de la Fondation Charles-de-Gaulle. Il a présidé jusqu’à sa mort l’association nationale d’action pour la fidélité au général de Gaulle

Né le 23 janvier 1922 à Paris, Pierre Lefranc était marié et père de deux enfants. Son cercueil sera exposé mercredi à la Fondation Charles-de-Gaulle avant des obsèques dans l’intimité familiale, a précisé son neveu. Agé de 18 ans en 1940, il faisait partie des manifestants qui avaient défilé sur les Champs-Elysées le 11 novembre contre l’occupant allemand. Il avait été blessé à cette occasion et emprisonné pendant six mois. Libéré, il avait alors rejoint la France libre puis le général de Gaulle à Londres. Resté toujours proche du général, il avait notamment dirigé sa campagne présidentielle en 1965 et été l’un des organisateurs de la grande contre-manifestation gaulliste du 30 mai 1968.

Il avait consacré plusieurs ouvrages au général de Gaulle et au gaullisme. M. Lefranc était Grand Croix de la Légion d’honneur et de l’Ordre natinal du mérite, Croix de guerre 1939-45 et médaillé de la Résistance.

Décédé samedi 7 janvier au Val-de-Grâce, à quelques jours de son quatre-vingt-dixième anniversaire, Pierre Lefranc incarnait la fidelité au général De Gaulle. Résistant de la première heure, il fut le fondateur de l’Institut Charles-de-Gaulle, devenu Fondation en 1992, dont il était encore le président d’honneur.

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Né le 23 janvier 1922 dans une famille de la bourgeoisie protestante, il est étudiant à l’Ecole libre des sciences politiques lorsque les Allemands entrent à Paris en 1940. Il participe à la manifestation du 11 novembre devant l’Arc de Triomphe, au cours de laquelle il est blessé et arrêté. Libéré de prison (Santé, puis Fresnes) le 9 décembre 40, il passe ensuite en zone dite libre pour rejoindre des réseaux de résistance (Réseau Liberté, qui rejoint ensuite Combat). Cette période est mal documentée : Lefranc passe ainsi par l’Ecole des cadres d’Uriage durant l’été 1942. Uriage, de sensibilité maréchaliste, basculera dans la Résistance. Il a vingt ans lorsqu’il décide de quitter Lyon pour rejoindre l’Angleterre pour combattre au sein des Forces françaises libres. Il franchit clandestinement la frontière espagnole le 12 novembre 1942 – alors que les Allemands envahissent la zone Sud. Rapidement arrêté par la police espagnole, il reste emprisonné jusqu’en mai 43. Il arrive à Gibraltar le 30 mai, d’où il rejoint la Grande Bretagne (Greenlock) le 6 juin 1943. Son souhait est alors d’être pilote, mais il est orienté vers l’Ecole des cadets de la France libre, qui forme les jeunes officiers. Il l’intègre le 6 aout 1943 et en sort le 1er juin 1944, comme aspirant. Il est alors affecté au BCRA, le bureau central de renseignement et d’action, les services secrets de la France libre. Sa mission est d’alors d’encadrer les maquis : il est parachuté, comme sous-lieutenant, dans l’Indre dans la nuit du 24 au 25 aout 1944 pour la mission « Tilleul » sous le pseudonyme d’Arteriole. Le maquis qui l’accueille, des FTP pro-communistes, participe aux combats contre l’armée allemande se replie. Il obtient la croix de guerre avec étoile de bronze pour ses « nombreuses patrouilles ramenant des renseignements précieux » et la « parfaite discipline de feu » de sa compagnie lors d’une attaque allemande. De retour à Londres à la mi-octobre, il revient en France, par mer, pour être mis à disposition de la mission Shinoil,  dans la région de Saint-Nazaire, toujours occupée. On ignore son rôle exact. Le 23 octobre, il rejoint la 1ere compagnie de services de la DGER (qui a succédé au BCRA) à Paris, jusqu’au 15 février 1945. En mars, il est affecté à la section politique de la DGER. Il aurait alors rejoint la 1ere armée de De Lattre, au sein de son service de presse, alors que la campagne d’Allemagne est engagée. Il est rayé des cadres le 8 septembre 1945.

Après-guerre, il rejoint le RPF du général De Gaulle, l’accompagne durant la traversée du désert, puis rejoint son cabinet (1958-1963). Il est alors nommé préfet de l’Indre, puis PDG de la Sofirad, la société qui regroupe les participations de l’Etat dans les radios privées. Il est l’auteur de nombreux livres sur le gaullisme ainsi que de romans d’aventures sous le nom de Pierre Lamballe.

(Cette note biographique doit beaucoup à l’aimable obligeance du général Olivier Paulus et de Jean-Marie Linsolas, du Service historique de la Défense à Vincennes, ainsi qu’à mon ami Bernard Edinger)