HACHIN Pierre

Auteur de la fiche : Jacques GARCIN, Délégué Départemental de « Mémoire et Espoirs de la Résistance », Président Départemental de « Mémoire de la Résistance » de l’Orne,

Pierre HACHIN

«  Un Cheminot sans Importance »

 

Pierre HACHIN est né le 30 avril 1912 à ASCQ (59).

Mobilisé en octobre 1939 comme secrétaire-dactylo dans le Génie, à la Compagnie de Passage du centre Mobilisateur d’Arras.

Il demande son affectation dans les corps francs : demande acceptée.

Stage d’entraînement comme artificier au corps Franc de la 44ème D.I. en alsace.

En mai 1940, fait sauter un pont juste avant le passage des chars allemands : blessure et croix de guerre.

Fait prisonnier, il est transporté à l’Hôpital d’Auxerre,2 tentatives d’évasion.

Interné au Front-Stalag des Hauts-Clos à Troyes (Aube) d’où il a été libéré comme cheminot en août 1940 pour rejoindre son poste en gare de Boulogne, puis en octobre 1940 au Secrétariat de la Gare de Lille.

En novembre 1940 il commence à organiser un embryon clandestin.

Réseau d’évasion et de renseignements, « La Voix du Nord » devient le lien entre tous les Résistants qui combattaient l’ennemi dans tous les domaines : relais d’évasion, sabotages, fabrication de fausses cartes, opposition au travail en Allemagne, aide aux réfractaires etc.…

« La Voix du Nord » est considérée par la Gestapo comme l’ennemi N° 1.

A 5h30 du matin, le 2 octobre 1943, Pierre HACHIN quitte les services de la « transport Kommandatur » à Lille pour rentrer chez lui à Annappes près d’Ascq.

Il y arrive à 10h30. Son épouse l’attendait sur le pas de la porte, leur jeune fils âgé de un an dans les bras.

Mais aussitôt il sent une arme appuyée dans son dos et il entend un « Haut les mains ! Police allemande ! »

C’est ainsi que ce Cheminot-Résistant qui vient d’être arrêté est conduit dans les bureaux de la Gestapo, rue François de Baedts à la Madeleine.

Il est interrogé par Kurt KOLZ de la Kriminal-Kommissar des Services de Sécurité de la Gestapo.

Pierre HACHIN menottes aux poignets et enchaîné aux chevilles est « interrogé » à grands coups de matraque par KOLZ.

Le 14 octobre 1943, changement de « régime ». Pierre HACHIN est transféré de l’autre côté de la prison dans un bâtiment appelé « Colonie Saint-Bernard ».

La nuit de Noël 1943 est plus douce car la veille chaque prisonnier a reçu un colis de la Croix-Rouge, avec en plus, un dessin d’enfant.

Mais ce qui est encore plus marquant c’est l’exécution en pleine rue de Lille du bourreau Kurt KOLZ par les Résistants ! Kurt KOLZ était pourtant très méfiant. Il ne faisait aucune confiance à son entourage et ne donnait son itinéraire qu’au dernier moment. Ses dossiers étaient très secrets et la disparition de ce fanatique a certainement eu une incidence très importante sur les dossiers en attente…

Le 28 janvier 1944, Pierre HACHIN est extrait à 7h du matin pour comparaitre devant le Tribunal situé Boulevard….de la Liberté à Lille. Il y arrive avec de nombreux compagnons.

Ils sont enchaînés deux par deux.

Pierre HACHIN comparait à 14h et il apprend que le Tribunal de l’OK 670 qui le juge, siège exceptionnellement en Conseil de Guerre.

La sentence prononcée contre Pierre HACHIN est lourde.

Pierre HACHIN est condamné par deux fois à la peine de mort et à 10 ans de travaux forcés !

Le soir, à son retour à Loos, il est transféré dans la cellule des condamnés à mort…

5 avril 1944 : c’est le départ pour la gare de Lille où les prisonniers attendent le train qui va à Bruxelles.

Pierre HACHIN voit sa femme sur le quai. Il a les larmes aux yeux. Mais elle lui cria encore : « Courage, nous aurons la Victoire, tu reviendras » !

Arrivé à Bruxelles, Pierre HACHIN passe 5 jours à la Prison St Gilles de Bruxelles.

Nouveau départ : depuis Bruxelles les prisonniers partent pour la gare de Cologne pour O Peln où ils s’arrêtent.

Nouveau départ : 3 jours après, arrivée à Gross-Strehliz. De là, ils sont dirigés vers le Zuchtaus (Maison des Travaux Forcés).

C’est ici qu’un message est transmis à travers les murs à Pierre HACHIN…. c’est l’Abbé Charles DECONNINCK d’Hellemes (59) qui souhaite le voir à la promenade…

L’Abbé apprend à Pierre HACHIN que c’est le faux capitaine HENRY qui l’a dénoncé.

Plus tard, Pierre HACHIN apprendra que ce traître, de son véritable nom Marcel DENEQUE est à la base de l’arrestation des membres « du groupe de l’abattoir » de Lille qui appartenaient tous à « La Voix du Nord » et du Réseau W.O du capitaine MICHEL (Sylvestre-farmer). Le capitaine MICHEL a été tué par la Gestapo le 27 novembre 1943. Ce faux capitaine HENRY était un professionnel car il avait déjà servi les Allemands en 1914/1918.

Il a repris du service lors de la Seconde Guerre mondiale.

De plus, avec son demi-frère SCHAPPERS, Marcel DENEQUE a décimé le Réseau « Comète » dans sa région.

Pierre HACHIN arrive à Dachau, il a le n° de matricule 152.596….

Puis arrive la libération des camps….

Pierre HACHIN retrouve les siens…il pèse 38 kg tout habillé !

Le faux capitaine HENRY, Marcel DENEQUE, est reconnu à Lille par une de ses anciennes victimes…

Il est arrêté en juillet 1964.

Pierre HACHIN se retrouve face à DENEQUE lors de l’instruction, puis le 24 mars 1966 à l’audience de la Cour de Sûreté de l’Etat.

Le bilan approximatif de DENEQUE est de 50 morts et de 500 déportés.

DENEQUE est condamné à mort le 25 mars 1966.

Quelques mois plus tard….il est gracié !

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Cette synthèse réalisée par Jacques GARCIN est tirée du livre d’André DILIGENT « UN CHEMINOT SANS IMPORTANCE » édité en 1975.

 

« Livre Mémorial de la Déportation »

Tome IV : page 785 HACHIN Pierre 30.04.1912 I 150

Tome I : page 1247 I 150 Déporté le 17.10.1943 « N.N. »

Matricule 152 196 à Dachau. Parcours : Bruxelles Ess.Est.Ich

Rentré le 31.03.1945 d’ICHTERSHAUSEN.