CANO Pierre

Auteur de la fiche : Fabrice Bourrée

Pierre Cano

Fils d’officier, Pierre Cano est né le 27 janvier 1906 à Saint-Malo. Son père meurt au front en 1915. Pierre fait ses études au lycée de Nantes puis au prytanée militaire de la Flèche et entre à Saint-Cyr en 1925.

Lieutenant de tirailleurs en Algérie, capitaine au régiment expérimental du 8e Zouaves à Mourmelon en avril 1935, il est affecté à un état-major en 1939 après un passage de deux ans à l’Ecole de Guerre. II est déçu de ne pouvoir agir en première ligne.

Echappant à la captivité, il traverse les lignes pour reprendre du service et participe à la bataille sur la Marne et à la longue retraite des troupes jusqu’à l’armistice de juin 1940. II ressent cette défaite comme une épreuve. Dans une lettre datée du 14 juillet 1940, il écrit à propos de la défaite: « … elle est nécessaire pour se régénérer. 11 faut l’accepter d’un coeur vaillant (…) Je suis triste, certainement mais pas du tout abattu. Au contraire je me sens plein d’ardeur pour travailler de toutes mes forces, de tout mon coeur, au relèvement de notre pauvre France. (.. .) Maintenant la guerre continue, sans coup de fusil peut-être, mais elle continue. Les Français ne doivent pas désespérer, ne pas s’abandonner; il faut guetter toutes les occasions de faire un pas nouveau vers la délivrance. »

A l’automne 1940, Pierre Cano travaille à Lyon pour le Deuxième Bureau qui l’y a envoyé, en dépit des conventions d’armistice et sous une couverture et un faux nom, M. Peloux. Son travail consiste à constituer un fichier de tous les personnels en vue d’une remobilisation clandestine ultérieure.

Nommé commandant, Pierre Cano est affecté au Maroc, mais pour la première fois, ce militaire formé à la stricte discipline refuse d’obéir. Quittant Rodez, il est rattaché à la Direction des Services d’Armistice, sous les ordres du général Gilliot. S’il part à Vichy, c’est pour se mettre à la disposition des chefs qu’il connaît, et dont il est sûr, les généraux Frère, Verneau et Olleris. A l’automne 1942, l’Organisation métropolitaine de l’armée (OMA qui deviendra par la suite l’ORA) se met en place. Le général Frère, chef national, envoie le général Verneau et les commandants Cogny et Cano créer une antenne en zone nord. Pierre Cano y devient l’adjoint de Cogny, chef d’état-major pour la zone Nord. Leur PC est installé dans un bureau du Comité des Houillières, rue Saint-Dominique à Paris. Cano est y est plus spécialement chargé du recrutement et des liaisons avec le SR de Vichy.

Le 23 octobre 1943, à la suite de l’infiltration d’un agent double au sein de l’ RA zone Nord, la Gestapo arrête le général Verneau et le commandant Cogny. L’antenne nord est décapitée. Pierre Cano se réfugie alors en Seine-et-Marne avec sa famille. A la demande du général Revers, Pierre Cano revient à Paris et prend le commandement de la région parisienne. Sa tâche est ardue mais il parvient à réorganiser le mouvement.

Mais un agent double, Max Dumas, s’est de nouveau infiltré dans le mouvement; il travaille pour le compte du commissaire Raymond Richard, appointé par les services allemands de contre­espionnage et disposant d’un local rue Mallet-Stevens à Passy. Dumas, quant à lui, est spécialisé dans la surveillance des mouvements de résistance non communistes. II fut d’abord chef de corps franc à CDLL avant d’infiltrer Vengeance puis l’ORA.

Arrêté par les agents du commissaire Richard le 14 janvier 1944, Cano est emmené à la villa Mallet Stevens et y est sévèrement interrogé et torturé. Incarcéré à Fresnes puis à Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 par le convoi dit des tatoués qui aboutit directement à Auschwitz. Transféré ensuite à Buchenwald puis à Flossenburg, il meurt d’épuisement le 27 janvier 1945 dans le wagon d’un nouveau transfert vers le camp de Gross Rosen.

Max Dumas sera exécuté par des résistants le 21 août 1944, boulevard Exelmans. Raymond Richard sera condamné à mort par la cour de justice de la Seine et exécuté en 1948.

Décorations

Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de guerre 39-45 avec deux palmes, Médaille de la Résistance avec rosette.