BOURGOIN Pierre

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Pierre BOURGOIN

Né le 21 avril 1912 à Fontainebleau, devient secrétaire de police (commissaire adjoint) à la Préfecture de Police en 1938.

Lieutenant de réserve, il est mobilisé comme chef de corps franc et reçoit la Croix de Guerre. Son régiment capitule à Sarrebourg : Bourgoin refuse d’être prisonnier, s’évade en capturant un soldat allemand qu’il doit relâcher et gagne la zone non occupée à 400 km, où il se fait démobiliser.

Il revient en fonctions à la PP, mais veut gagner l’Angleterre. S’étant fait établir une carte d’identité le 16 janvier 1941, il abandonne son poste le 27 janvier, pendant un congé, laissant sa femme avec un enfant de deux ans, et fait croire, afin de retarder les recherches, qu’il a été arrêté par les Allemands et transféré en Allemagne pour avoir inscrit « Vive de Gaulle » sur une vitre de son wagon entre Bécon-les-Bruyères et Paris. Il a méticuleusement organisé sa fuite avec son épouse, Gabrielle Devaux, lui faisant envoyer une lettre depuis Châlons-sur-Marne, comme si cette missive avait été jetée d’un train vers la frontière allemande. Il passe à Marseille et à Perpignan pour tenter, sans succès, de rejoindre l’Afrique du Nord. Pour survivre, il organise des franchissements de la ligne de démarcation. Arrêté lors d’un passage sous une fausse identité par les Allemands, Bourgoin est emprisonné à Bourges durant six semaines. Libéré, ce patriote au caractère bien trempé va à Narbonne et passe en Espagne au début de 1941. Interné jusqu’en janvier 1942 au camp de Miranda, il gagne à sa libération Gibraltar et l’Angleterre. Il s’engage dans les FFL le 29 janvier 1942, passe par le Levant et intègre la 13e demi-brigade de Légion Etrangère. Il fait la campagne de Lybie avec Koenig, en tant que chef de la section de pionniers de la compagnie lourde du 2e BLE. Cité lors de la sortie de Bir-Hakeim dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, pour avoir fait personnellement trois prisonniers, il l’est de nouveau à El Alamein, puis en Italie, où il ramène sous le feu un de ses sous-officiers gravement blessé. Promu capitaine en

juin 1944, Bourgoin dirige la compagnie lourde de son ancien patron, le futur général Jean Simon. Il est blessé par une mine en septembre 1944 à Courchaton dans les Vosges. Puis il l’est de nouveau par une balle deux jours plus tard, à Onans en essayant de détruire un char. Hospitalisé, il reprend la tête de sa compagnie en janvier 1945 en Alsace, se distingue encore en traversant une rivière à la nage pour ramener le corps d’un officier mortellement atteint. Remarqué aux combats d’Elsenheim, Pierre Bourgoin est blessé une 3e fois lors de l’attaque du fort de la Déa dans les Alpes, le 13 avril 1945. Réintégré dans la police, il est nommé commissaire divisionnaire à la Libération. Cassé de son grade suite à l’arrêt Dides, comme la plupart de ses camarades, il y est rétabli en 1954. Lors de l’affaire de Charonne, le 8 février 1962, il se positionne, en tenue, entre les manifestants algériens et son unité, dans l’espoir d’empêcher les violences. Il est démis de ses fonctions par le préfet de police Papon, pour avoir – courageusement – refusé d’exécuter des instructions qu’il réprouve. Il perd son poste de commissaire du 12e arrondissement, pour se trouver rétrogradé à la tête d’un modeste commissariat de quartier. Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’Honneur, décoré de la Silver Star Américaine, titulaire de la Croix de guerre avec sept citations, Pierre Bourgoin met fin à ses jours le 23 juin 1966.