Pierre Billaux de Chamois

Témoignage de Jacques Garcin.

« J’ai perdu mon vieil ami Pierre Billaux de Chambois (Orne) qui était un Résistant-Déporté.
Il est décédé en son domicile de Chambois, le 28 décembre 2018, à l’âge de 93 ans.
Ses obsèques se sont déroules à Chambois le 4 janvier 2019 à 14 h 30.
Mais, hélas, je n’ai pu m’y rendre pour un dernier hommage car j’avais rendez-vous chez le cardiologue ! Et comme il faut prendre rendez-vous plusieurs mois à l’avance, il ne m’était pas possible de faire reporter ce rendez-vous, d’autant plus que mon médecin traitant attendait les résultats…
Depuis quelques années, mon vieil ami Pierre Billaux était devenu un fantôme. Tous les ans je passais le voir chez lui après les cérémonies de Montormel, mais il ne quittait plus son lit et ne parlait plus du tout !

Je n’oublie pas que le jeune Pierre Billaux (né le 3 juillet 1925 à Trun, Orne), membre du Réseau Action-Vengeance avait été arrêté le 3 mai 1944 sur dénonciation d’un Résistant agent de liaison dont voici le signalement :
Nom : Lejeune Jean
Né le 21/05/1920 à Lisieux (Calvados)
Profession : coiffeur
Domicilié à Roiville (Orne)
Taillé : 1,80 m
Cheveux bruns
Yeux bleus
Nez pointu
Après la Libération ce traître avait été arrêté car il avait d’autres dénonciations à son actif. Il avait été interné le 22 novembre 1944… Et puis… libéré le 16 mai 1945 !!
Il avait vendu ses camarades par dépit amoureux ! Suite aux témoignages que j’ai pu recueillir…

Pierre Billaux qui avait été arrêté le 3 mai 1944 et ensuite interné à la prison du château des Ducs à Alençon (quartier allemand) se trouvait dans la cellule n° 18.
Un jour, un homme ensanglanté a été projeté dans la cellule de « Pierrot », après avoir subi un interrogatoire musclé. Il s’appelait Maurice Lefrançois, né le 16 janvier 1916 à Gacé (Orne). C’était un Résistant membre du Réseau CND-Castille.
Maurice Lefrançois sera fusillé par les Allemands le 3 août 1944… dans le cimetière St Léonard à Alençon !
Quant à Pierre Billaux il quittera sa cellule pour être interné au camp de Compiègne…
Et de là, il partira dans la soirée du 28 juillet 1944 dans un convoi ferroviaire de 1652 hommes en direction de l’Allemagne. Ce convoi arrivera le 31 juillet 1944 au K.L. de Neuengamme. Pierre Billaux deviendra le déporté « N.N., matricule : 39359 et affecté au Kommando de Brème-Blumenthal qui travaille sur les chantiers navals…
Puis un jour ce sera la « marche de la mort » sur le port de Lübeck-Neustadt…
C’est à Lübeck que les Allemands entassèrent des milliers de Déportés dans des bateaux…
Pierre Billaux fut « enfourné » sur l’Athen… à Lübeck…
C’est là que se produisit ce drame épouvantable. L’aviation alliée pensant que les Allemands prenaient la fuite à bord des bateaux en rade de Lübeck, bombardèrent toute cette flotte… où se trouvaient entassés des milliers de Déportés dans les cales de ces navires !
Ce fût la tragédie de Lübeck…
Pierre Billaux se sortit de cette tragédie et fût libéré ensuite.
Toute sa vie durant « Pierrot » n’a cessé de témoigner sur son vécu de la Déportation. Il allait témoigner auprès des élèves dans les écoles.
De plus, Pierre Billaux était un homme engagé dans la vie en fonction de ses convictions personnelles. Toute sa vie il avait refusé de recevoir la Légion d’Honneur !
Et c’est dans les dernières années de sa vie qu’il a accepté de la recevoir.
Cette remise officielle s’est déroulée lors d’une cérémonie à Chambois le samedi 17 janvier 2015…