PHILIPPON Jean

Auteur de la fiche : Marc Fineltin

PHILIPPON Jean

Les archives de la Marine conservent un télégramme de félicitations, rédigé par l’Amirauté britannique, pour les services rendus par le lieutenant de vaisseau X, cas unique en son genre pour la durée de la guerre. En 1947, l’Ambassadeur britannique Duff-Cooper, lui remit une citation marquant la valeur du renseignement « qu’un grand vaisseau était attendu à Brest », ce qui avait permis de l’intercepter. En juin 1940, le lieutenant de vaisseau PHILIPPON commandait en second le sous-marin océanique « Ouessant » en réparation à Brest et de ce fait incapable de prendre la mer, si bien que l’ordre de sabotage devint inévitable. Dans la suite, l’équipage se retrouve faisant du jardinage autour de l’Arsenal, sous l’œil peu attentif et sans malveillance des Allemands. Les marins allaient et venaient en fait comme ils voulaient. En fin d’année, PHILIPPON étant chez ses parents à Puynormand en Gironde, reçu la visite du Dr PAILLOUX, médecin de la famille, qui lui demanda de permettre la visite à Brest de quelqu’un qui cherchait du renseignement. Ce quelqu’un se révéla être le fameux Rémy, fondateur de la Confrérie Notre-Dame. Étaient déjà à Brest 7 sous-marins, puis les croiseurs lourds « Hipper » et « Prinz Eugen ». En mars 1941 de Kiel par l’Atlantique arrivaient les cuirassés de 26000 tonnes « Scharnhorst » et « Gneisenau » précédés de Speerbrechers démineurs, qui s’amarrèrent au bassin de Laninon, le Scharnhorst au poste du Dunkerque. Pendant que 3300 « Halifax » et autres déversaient 4000 tonnes de bombes sur Brest avec la perte de 43 avions et 247 aviateurs, PHILIPPON tenait Londres informé du moindre mouvement, du moindre geste, dessinant une menace, pratiquement au jour le jour, depuis la formule du gaz fumigène, jusqu’au nombre des canons et des mitrailleuses de la Flak, en passant par le détail des filets de camouflage des cuirassés.

La vue d’énormes poteaux d’amarrage en béton – les « Ducs d’Albe » – et de filets appropriés, le laisse convaincu que le « Bismarck » de 45000 tonnes est attendu. Ce qu’il réussit à confirmer. Or jusqu’à cet avis les Anglais ne savaient où avait disparu Bismarck après avoir coulé Hood.

Le 7 février 1942, un dernier message d’alerte prévient que Scharnhorst, Gneisenau, et Prinz Eugen vont appareiller sans doute à la prochaine lune – ce qu’ils firent, pour rentrer à Kiel par le Pas-de-Calais dans la brume.

Il faut associer au contre amiral PHILIPPON, Bernard ANQUETIL quartier maître radio de l’Ouessant, travaillant à Angers. Remy lui demanda, avec l’accord de PHILIPPON de passer les messages, ce qu’il fit fidèlement de Saumur, par le système épouvantable des vacations fixes, aux ordres de Londres, ce qui faisait un jeu d’enfant du repérage par goniométrie. ANQUETIL arrêté et torturé, ne donnera pas de noms et fut fusillé au Mont Valérien en octobre 1941, il a été cité à l’ordre de l’Armée de Mer.