DIDIER Paul

Turma-Vengeance

Auteur de la fiche : Claude Reichman

Paul DIDIER

La biographie de Paul DIDIER se résume à quelques références fugaces dans des ouvrages historiques. Jusqu’à ce jour, les universitaires ne s’étaient pas véritablement intéressés à la carrière et aux motivations de ce magistrat atypique. Il est vrai que le principal intéressé n’était pas du genre à revendiquer des honneurs ou à réclamer des hommages.  » Depuis toujours, le silence régnait sur cette affaire. C’est vous qui l’avait levée « , a expliqué hier après midi Paul DIDIER fils, visiblement ému, aux auditeurs de l’E.N.M. Ces derniers venaient de lui remettre une photo de la promotion qui porte le nom de son père. Issue d’une famille républicaine à la fibre patriote, Paul DIDIER avait été écarté en août 40 de la Chancellerie où il occupait un poste de sous directeur. Il avait autorité sur le service des naturalisés. A ce titre, il avait jusqu’alors manifesté des positions aux antipodes des mesures racistes et xénophobes que s’apprêtaient à prendre les hommes de Vichy. Affecté en guise de punition comme simple magistrat au sein du tribunal de Paris, il se levait le 2 décembre 41, jour anniversaire de la bataille d’Austerlitz, et refusait de prêter serment au maréchal Pétain. Suspendu avant d’être révoqué quelques mois plus tard, il sera interné plusieurs mois avant d’être assigné à résidence dans l’Aude où il rejoindra la Résistance.  » La création des sections spéciales intervenue peu de temps auparavant n’est pas étrangère à son attitude. Après l’attentat dont avait été victime un officier allemand à Paris, les occupants avait exigé que des juridictions françaises condamnent à mort des communistes ou des anarchistes « , a rappelé hier son fils. Ces malheureux ont été exécutés alors sur la base des dossiers judiciaires des plus minces. Ils avaient eu le tort de distribuer des tracts ou d’afficher ouvertement leur hostilité aux nazis. » Je vous souhaite une carrière plus paisible et des temps meilleurs « , a dit simplement Paul DIDIER aux futurs magistrats qui l’ont applaudi à tout rompre. Le procureur général de la Cour de cassation, premier magistrat de France et le célèbre avocat Paul Lombard viennent de publier un ouvrage intitulé  » Le procès de la justice  » et qu’ils dédient  » A Paul DIDIER, le seul magistrat qui refusa, en 1941, de prêter le serment d’allégeance au maréchal Pétain.  » Nous dédions cette immense victoire de la liberté sociale au juge Thierry Brunet de Nîmes, le seul magistrat français qui a osé appliquer la loi