Morin Fernand

Auteur de la fiche : Dominique MORIN

MORIN Fernand

 


Fernand Morin est né en 1920. Après des études secondaires, il a effectué son apprentissage d’horloger à Rouen.  La guerre venue, il revint chez ses parents à Flers (Orne). Il fut embauché comme ouvrier horloger.

Comme tous les ouvriers de l’Orne travaillant les métaux, ils furent désignés d’office par la Chambre des Métiers pour partir en Allemagne fin octobre 1942.

A Gotha en Thuringe, il devint l’interprète de 500 Français partis comme Travailleurs forcés dès novembre 1942.

Il a participé à organiser un mouvement d’action catholique interdit en Allemagne, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Il a participé à des messes interdites, propageant ainsi une propagande antinazie. Profitant de sa situation d’interprète, il a trafiqué des faux papiers et réussi à faire évader des Travailleurs du camp allemand ; à camoufler des plans de travail ; à effacer des listes de travail un Français. Il a réussi à soustraire du travail des Français à l’aide de fausses permissions de séjour à l’infirmerie.

Arrêté en avril 1944 dans une rafle contre l’action catholique au sein du STO, il retrouva en prison à Gotha onze Responsables Jocistes arrêtés pour la même cause, dont Marcel Callo béatifié en 1987 par Jean-Paul II.

Déporté au camp de concentration de Buchenwald, il reçut le numéro 71 782. Il fut envoyé dans le commando de Tarthun pour travailler dans des conditions effroyables, une mine de sel ayant été transformée en usine d’aviation souterraine à 750 mètres sous terre. Il subit ensuite les marches de la mort avant d’être délivré le 4 mai 1945 par une jeep de G.I au sud de Lubeck.

A son retour, il exerça son métier à Carentan (Manche) de 1951 à 1981 avant d’y prendre sa retraite. En 2005, il reçut les palmes académiques pour l’ensemble de ces témoignages en lycée.

Fernand Morin (15 octobre 1920 – 4 février 2019) 

Présentation lue par Pierre-Henri, l’un de ses petits-fils, lors de la messe de son inhumation le 8 février 2019 

Fernand Morin est né le 15 octobre 1920. Il devint ouvrier horloger à Flers de l’Orne en 1942.

Il fut requis, nominativement, par la Chambre des Métiers de l’Orne, pour partir travailler en Allemagne dès novembre 1942. A cette époque, les maquis n’étaient pas encore organisés.

Fernand était profondément catholique, jociste, appartenant au mouvement de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, et antinazi. Devant le désarroi de ces camarades exilés, dont aucun ne parlait allemand, il devint interprète des Français, jusqu’à 500. Il obtint leur confiance en démêlant leurs ennuis auprès de l’administration allemande nazie. Il les aida à garder espoir en la Libération de la France.

Au plan religieux, il contribua à organiser une section locale d’Action Catholique, interdite, avec des amis catholiques.

En juillet 1944, il fut arrêté définitivement, dans une rafle contre l’Action Catholique au sein des Travailleurs Forcés Français. Il fut déporté au camp de concentration de Buchenwald, puis affecté à des commandos très durs. Il fut libéré le 4 mai 1945, lors d’une marche de la mort.

De retour en France, son métier le passionnait, et l’aida à surmonter une santé très diminuée. Avec Monique, sa femme, ils sont su construire une vie familiale. En 2017, ils ont fêté leurs 70 ans de mariage. Avec 3 enfants, ils ont maintenant 5 petits-enfants et 5 arrières petits-enfants.

De 1951 à 1981, il a exercé le métier d’horloger-bijoutier à Carentan. Il y est resté, pour y passer une retraite heureuse, proche de la nature qu’il aimait tant.

Il a reçu la Médaille de la Déportation et a été décoré des Palmes Académiques pour l’ensemble de ses témoignages en lycée.

Son témoignage n’a jamais été dépassé. Il a toujours conduit à un élargissement de la compréhension de la vie et de l’histoire.

Il eut à coeur de témoigner de ses compagnons morts pour leur foi, dont Marcel Callo, béatifié par Jean-Paul II, tant en France qu’à l’étranger.

PS :Ci dessous   lettre de 1999 qu’adressa Fernand Morinà l’époque à l’évêque de Coutances. C’est la seule fois où il fut aussi explicite sur le martyre chrétien de ses compagnons morts pour leur foi.

 


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Retrouvez ici notre compte rendu de lecture du livre Résistance chrétienne dans l’Allemagne nazie, rédigé par Dominique Minot, fille de Fernand Morin.

Des personnes rayonnant dans le Christ

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Prières à Marcel Callo et à ses compagnons morts pour leur foi

A Marcel Callo et ses compagnons morts pour leur foi, des personnes rayonnant dans le Christ

Vous, Marcel Callo et ses compagnons morts pour leur foi, avez choisi devaincre par l’amour du Christ l’anonymat et l’humiliation. Vos géôliers voulaient vous réduire à n’être dans les camps de concentration que des numérosanonymes.

Mais la singularité rayonnantes de vos vies, reliées au Christ jusqu’à Lui offrirvotre vie, demeure jusqu’à nous.

Martyr mort pour sa foi, tout comme le Bx Marcel Callo, Jean Perriolat écrivit à sa fiancée restée en France :

« Notre action doit constamment avoir deux attaches solides : l’une commandetout, le Christ ; et l’autre qui en est le terrain, le champ d’action, la vie.
Si nous faiblissons ou supprimons un de ses deux points, c’est fini : nous sommes des matérialistes ou des théoriciens ».

Marcel Callo l’a écrit à sa fiancée :
« Quand l’on confie la marche de ses affaires au Christ, tout va

admirablement… »

Que le témoignage de vos vies, toutes entières reliées aux autres dans l’amourdu Christ, nous soutienne pour vivre notre présent en personnes reliées aux autres et au Christ.

Amen

Dominique Morin
Fille de Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, témoin survivant des camps et décédé en février 2019.