Debré Michel

Auteur de la fiche : Jean-Marie Dedeyan

Michel Debré

 

Modernité de Michel Debré

Ce huitième anniversaire de la mort de Michel Debré – décédé le 2 août 1996 – est l’occasion, pour tous ceux qui sont venus aujourd’hui à Amboise d’honorer la mémoire de l’ancien Premier ministre du Général de Gaulle, de rappeler que sa vie entière fut animée par le souci constant du bien public. Son père, le Professeur Robert Debré a intitulé l’un de ses livres « L’Honneur de vivre ». Par sa pensée, comme par son action, Michel Debré a fait honneur à la politique. De la résistance à la Libération, du Conseil d’État au Sénat, puis au Gouvernement, où il a été Garde des Sceaux, Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, ministre des Affaires étrangères et, enfin, ministre d’État chargé de la Défense nationale, puis de 1973 à 1988, à l’Assemblée nationale, Michel Debré a mené une vie de réflexion, d’imagination et d’action au service exclusif de l’État et de la République.

Principal rédacteur de la Constitution de 1958, dont le Général de Gaulle avait esquissé les grandes lignes à Bayeux, Michel Debré s’est attaché à en roder l’application aux différents postes qu’il a occupés avec le souci permanent de lier les préoccupations du présent avec les enjeux de l’avenir. II n’a jamais hésité à bouleverser les habitudes, les intérêts et les féodalités chaque fois que l’intérêt général exigeait un changement de structure ou de cadre législatif.

Telle est bien la démarche d’un véritable homme de réforme.

Dans toutes les fonctions dont il a eu la charge, dans les différents mandats qu’il a exercés, Michel Debré n’a jamais rien renié de l’éthique et des valeurs républicaines. Son mérite et sa qualité se mesurent à la courageuse ténacité dont il a fait preuve sur les grands défis français en dépit des sourires entendus qui ont, en leur temps, accueilli certains de ses avertissements proprement prémonitoires sur l’effondrement de la natalité, l’insuffisance des investissements productifs, l’inexorable montée du chômage, la guerre économique, les risques d’une décentralisation mal maîtrisée, la nécessité de construire une Europe des Nations, indépendante des grands blocs et soucieuse de coopération sincère entre ses membres. Aux antipodes de l’opportunisme, conscient qu’un peuple ne peut pas se passer durablement d’une ambition collective, Michel Debré n’a cessé d’œuvrer pour une France forte, indépendante et moderne. II a toujours inscrit sa pensée et son action réformatrice dans une conception exigeante de l’État, de la République et de la Nation, aux antipodes de la démagogie et de l’opportunisme. A chacun des postes qu’il a occupés, il s’est attaché à concilier le pouvoir et la connaissance, l’autorité et la vérité au service de la cohésion nationale,. du progrès et de l’épanouissement des Français. Telle est bien la démarche d’un véritable homme d’État. Par ses écrits, par ses discours, par les nombreuses réformes qu’il a su mener à bien, Michel Debré nous a montré que la France est une construction permanente, au-delà des rivalités et des factions. En cela la pensée et l’action de Michel Debré demeurent à la fois actuelles et modernes pour qui veut, aujourd’hui, mener une action publique au service de ses concitoyens et mettre son pays en mesure de progresser pour le bien de tous sur le chemin de son destin.

Jean-Marie DEDEYAN Secrétaire général de l’Association des Amis de Michel Debré