NOËL Maurice

Auteur de la fiche : Sources : Mémorial de la Prison du Cherche-Midi à Créteil (Le Président du Comité Mémorial Pierre Cheval – discours du 17 avril 1983)

Maurice NOËL

Officier du Génie, IL est également  artiste – peintre, (Grand prix de Rome et peintre officiel des Armées).

En 1943, installé dans la région de Saint-Brieuc,  le carton à dessin sous le bras, il va dans les bistrots croquer au fusain des soldats et des officiers allemands, quand une nuit il est réveillé par un colonel allemand, qui lui demande de le suivre et  se retrouve dans la salle à manger d’un hôtel. Une centaine d’officiers est assise autour d’une table en fer à cheval, avec au centre le Maréchal Rommel  entouré de généraux et d’officiers supérieurs en grande tenue.

On lui demande alors de faire le portrait de Maréchal. Deux heures après, le portrait exécuté, Maurice Noël offre le tableau au Maréchal avec la dédicace : « Hommage au premier soldat de la Wehrmacht ». Rommel, ravi, lui demande ce qu’il peut faire pour lui être agréable.

Noël fait savoir qu’il ne souhaite qu’une chose, peindre des marines, mais que cela ne lui est pas possible faute d’Ausweis (laisser – passer). Le lendemain matin, un officier lui remet un Ausweis côtier signé de la main de Rommel. L’Ausweis fait l’effet d’un document magique. Hôte des Kommandaturs, invité à partager les repas des artilleurs dans les blockhaus, Noël plante son chevalet sur la côte, là où le panorama offre « quelque intérêt ».

Grâce à des crayons spéciaux, il trace très vite des vues panoramiques des différents ouvrages militaires. Après quoi, rapidement, il couvre la toile d’une couche de peinture et tranquillement peint son tableau. Très aimables, les Allemands lui permettent de faire sécher ses toiles dans les blockhaus, et l’emmènent en camion jusqu’à la gare la plus proche.

À Paris, les toiles sont déclouées, roulées et prises en charge par des agents de liaison qui les font parvenir à Londres où elles sont radiographiées et les renseignements exploités.

Ainsi de 1943 à 1944, il fera  parvenir au Bureau central des renseignements d’actions des plans et des documents de première importance pour les armées alliées, jusqu’au jour où, dans le métro, un milicien français gratte l’un des tableaux et fait apparaître les relevés

Arrêté par la Milice, il est remis à la Gestapo,  est incarcéré au Cherche-Midi.

Il s’évade une première fois, puis le 13 juillet 1944, fait sauter de nuit, les installations secrètes de Villlacoublay gardées par les Allemands.

Arrêté une deuxième fois par la Gestapo, il est condamné à mort. La veille de son exécution il est  échangé contre un général allemand fait prisonnier à l’Hôtel Majestic à Paris.

Maurice Noël a reçu la médaille de la Résistance avec la rosette pour fait de guerre exceptionnel.