LAVALADE-ROBÈNE BLANCHE

Auteur de la fiche : Christian Limongi

MARIE-CORALIE, BLANCHE LAVALADE-ROBÈNE

La Résistance en toute modestie

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Il n’est pas dans la nature féminine de revendiquer une carte d’ancien combattant, et le passé nous a montré que bien souvent les femmes se sont engagées pour faire face à la nécessité, apporter leur concours, et ont repris ensuite  le cours « normal » de leur existence, sans faire d’histoire ni s’attarder sur une bravoure réelle ou supposée. Peu leur importe, en général, la reconnaissance de la Société.

C’est le cas de Blanche Lavalade-Robène, née le 8 août 1894, à Lormont en Gironde. Mariée à Lucien, Jules Robène, le couple aura deux filles. Il s’installera à Pechbonnieu où Lucien occupera un poste de métallurgiste aux usines Latécoère, alors que son épouse sera contremaîtresse de fabrication aux Établissements des lessives Moriss.

Dès 1941, Madame Robène donne refuge dans sa maison de Pechbonnieu à de nombreux résistants, à des réfractaires au Service du Travail Obligatoire, à des juifs, à des parachutistes anglais et même à des déserteurs de l’armée allemande. Sans interruption jusqu’à la libération, ce sont 10 à 12 hébergements assurés quotidiennement. Ce qui n’est pas sans poser, en ces temps difficiles, quelques problèmes de ravitaillement, mais également des problèmes de sécurité.

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En effet, les « bonnes hôtesses« , telles que Madame Robène, ont été admirables. Elles offraient le gîte et le couvert, alors que bien souvent elles n’avaient rien à mettre dans leurs assiettes. Elles risquaient aussi de gros ennuis car, si une descente de police avait lieu, elles étaient embarquées, accusées de complicité, enfermées, voire même déportées ou exécutées. Il fallait autant de courage pour ouvrir son foyer que pour se lancer dans le combat actif.

Discrète et modeste, Blanche Robène ne demanda aucune reconnaissance à la Libération, et personne n’intervint pour qu’elle soit récompensée ; d’autant que ses pensionnaires qu’elle sauva soit de l’emprisonnement, soit de la déportation, soit de la mort, lui témoignèrent peu de gratitude.

Fort heureusement, il a été possible, après le décès de Blanche survenu le 23 avril 1966, d’interroger deux témoins prestigieux de cette époque afin qu’ils apportent à Laurent Robène leurs témoignages sur l’action de sa grand-mère en faveur des clandestins en grand danger.

Il s’agit de l’épouse, à l’époque, d’André Malraux, Madame Clara Malraux qui s’exprime dans son ouvrage « Et pourtant, j’étais libre » et de Monsieur Edgar Naoum, connu en littérature sous le nom d’Edgar Morin, qui dans son livre « Autocritique« , raconte son passage à Pechbonnieu.

Dans des notes manuscrites adressées à Laurent Robène, Clara Malraux, décédée en 1982, a évoqué la « forte personnalité » de Blanche Robène « à qui tant d’êtres humains ont dû de survivre« , tandis que Edgar Morin a rappelé combien Blanche, sa grand-mère était une « femme admirable, exemplaire et d’un courage naturel exceptionnel« .

Plus de soixante dix ans après les faits, il est grand temps de sortir de l’anonymat ces héros oubliés de la Résistance. C’est pourquoi il a paru important à Monsieur Robert Delbès, Président des Médaillés de Travail du Tarn-et-Garonne et Président du Comité de Moissac des Anciens Combattants de la Résistance, d’apporter son aide à Laurent Robène, pour l’organisation d’un hommage public.

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Cet hommage a été rendu le 7 novembre 2014 au cimetière de Moissac, en présence de Sébastien Lanoye, Sous-Préfet de Castelsarrasin, des autorités civiles et militaires, de nombreux anciens résistants et porte-drapeaux et de la famille.

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Après les allocutions des autorités, de Monsieur Robert Delbès et l’émouvant hommage rendu par Marguerite Denègre, fille de Blanche, des gerbes ont été déposées sur la tombe de cette grande résistante ainsi qu’une plaque commémorative.

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Plus de soixante-dix ans après les faits, Blanche Lavalade-Robène, combattante de l’ombre, est enfin sortie de l’anonymat.

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                                                                               Christian Limongi