SCAMARONI Marie-Claire

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Marie-Claire SCAMARONI

Sœur ainée de Fred SCAMARONI auquel elle restera très lié durant toute son existence, Marie Claire SCAMARONI est née le 22 septembre 1913 à Paris (3e). Son père issu d’une famille farouchement républicaine de Bonifacio est avocat au barreau de Paris. Mais après la Grande Guerre, une fois démobilisé, il  embrasse la carrière préfectorale. C’est ainsi qu’au rythme des affectations paternelles qu’elle va découvrir et aimer la France et qu’elle est élevée dans le culte des valeurs républicaines. Après avoir obtenu son baccalauréat de philosophie  en 1931, elle décide de faire des études de droit à Paris et obtient sa licence en 1934. Marie-Claire se tourne alors vers le barreau et devient avocat stagiaire dans le Morbihan. Elle se marie en juin 1936, et la déclaration de la guerre la surprend à Vouziers, petite ville des Ardennes où son mari est sous-préfet. Enceinte, elle doit quitter son foyer, car sa région est immédiatement intégrée à la zone des armées. Elle part alors pour Caen où son frère, chef de cabinet à la préfecture du Calvados l’appelle estimant qu’elle pouvait le remplacer dans une partie de ses fonctions ayant refusé son « affectation spéciale » pour pouvoir aller rejoindre son unité de combat. Affectée à la Défense passive de Caen, Marie-Claire vit avec sa sœur et sa mère dans un appartement de la préfecture. Au printemps 1940, elle donne naissance à sa fille Françoise. Bientôt  la famille va connaître les routes de l’exode qui les mèneront à Saint Hermine en Vendée tandis que Fred SCAMARONI  parvient à s’embarquer à Saint-Jean-de-Luz sur un croiseur polonais qui l’achemine en Angleterre pour poursuivre la lutte.

En août 1940, avec sa mère, sa sœur et sa fille, Marie-Claire SCAMARONI gagne Paris. L’occupation de la capitale lui est intolérable. Dès août 1940, avec Madeleine SIMON (la sœur du futur général Simon), Marie-Claire SCAMARONI commence sa résistance en collant des papillons patriotiques dans la capitale. Plus tard en 1941 elle démissionne de son poste d’avocat stagiaire manifestant ainsi son refus de l’État de Vichy.

En septembre 1940, Fred SCAMARONI est arrêté lors de l’opération de Dakar. Sa condamnation à mort et son emprisonnement  ne l’ont pas dissuadé, une fois  gracié et libéré, de poursuivre sa lutte aux côtés de la France Libre.

Son frère s’installe à Vichy où son ami Pierre François QUEILLE ( fils de l’ancien ministre de l’Agriculture, parlementaire de Corrèze, en disgrâce pour avoir refusé les pleins pouvoirs à Pétain) lui obtient un poste subalterne de commis au secrétariat du ravitaillement de Vichy. Cette « disgrâce sociale » lui permet de mieux servir la France Libre en dirigeant tout au long de l’année 1941 un réseau de renseignements.

Marie-Claire vient de Paris à Limoges pour des contacts fréquents avec son frère et devient agent de ce groupe qui à la Libération prend le nom de Copernic.

Son frère regroupe autour de lui Pierre François QUEUILLE (1), Théo BURLOT, photographe officiel de Pétain, poste qui lui permet de recueillir de nombreux renseignements, Robert LANCEMENT, astrophysicien et Michel et Françoise de BOISSIEU.

En décembre 1941, ce réseau est démantelé et la plupart de ses membres sont arrêtés. Marie-Claire échappe à cette arrestation et doit au silence des membres du réseau de ne pas être inquiétée. Quant à son frère il avait reçu l’ordre de rejoindre Londres en novembre 1941. C’est en effet le 2 novembre à Limoges que Marie-Claire revoit pour la dernière fois son frère qui quitte la France occupée pour rejoindre à Londres le général de Gaulle où il arrive le 30 décembre pour être intégré à Etat-major du général de Gaulle.

Alors qu’elle vit à Limoges sans nouvelles de son frère depuis des mois, isolée et sans contact avec la Résistance depuis décembre 1941, elle reçoit la visite de Paul SCHMIDT envoyé de Londres par son frère Il lui demande de l’aider  en rétablissant des relations avec des amis de sa famille  qui de par leur fonction pourraient lui fournir des renseignements.

Il lui présente sa collaboratrice Anne-Marie BAUER qui devient dès lors le contact de Marie-Claire à Limoges.

Avec elle, elle livre des valises d’armes, des postes émetteurs de radio. Elle lui présente son frère Etienne BAUER lui aussi résistant.

C’est aussi à Limoges qu’un soir de 1942, elle reçoit la visite de Jean LAPORTE préfet délégué à Limoges qui lui demande d’aller prévenir tous ses amis juifs, qu’une rafle est organisée le lendemain matin et lui donne des moyens pour leur faire quitter la ville.

Après une imprudence dans le recrutement d’un nouvel agent, Paul SCHMIDT la sentant menacée lui demande de quitter rapidement Limoges. Elle rejoint donc le reste de sa famille à Paris où elle retrouve Etienne BAUER.

A Paris, contactée par un ami de son beau frère, elle est sollicitée pour établir le contact entre GRANDCLEMENT, chef d’un réseau de Résistance du Sud Ouest  suspecté d’avoir « donné »une partie de ce réseau à la Gestapo et qui voulait faire parvenir un rapport de « défense » à Londres, avec qui tout contact lui avait été interdit. Après en avoir parlé à Etienne BAUER qui l’accompagne, elle rencontre GRANDCLEMENT et le rapport partit à Londres.

Début avril 1943, Etienne BAUER par l’intermédiaire d’une amie lui fait rencontrer François BOQUET qui appartient au réseau Cohors-Asturies comme adjoint de son chef Jean CAVAILLESpour les renseignements et les questions militaires. Rapidement, il installe son bureau dans une pièce de l’appartement parisien des SCAMARONI et Marie-Claire devient son assistante.

Le 18 mai 1943, François BOQUET est arrêté non loin du domicile des SCAMARONI qu’il venait de quitter pour se rendre à un rendez-vous. Elle échappe à nouveau à cette arrestation grâce à la présence d’esprit de sa concierge et au courage  de François Boquet qui à Fresnes ne parle pas. Suite à cette arrestation, les consignes l’enjoignent de quitter son domicile cependant face à la somme de documents du réseau qui se trouve dans l’appartement, elle décide de ne pas bouger.

C’est en écoutant la BBC, par la voix de Maurice SCHUMANN rendant compte du voyage du général de GAULLE en Corse le 8 octobre 1943 que Marie-Claire apprend la mort de son frère. Envoyé en Corse par le général de GAULLE pour unifier la Résistance, arrêté à la suite d’une trahison il s’est donné la mort le 19 mars 1943 dans une cellule de la citadelle d’Ajaccio où il avait été enfermé et torturé par l’OVRA.

Au printemps 1944, Etienne BAUER demande si la famille SCAMARONI peut recevoir un envoyé de Londres Yvon MORANDAT qui installera son bureau dans leur appartement. Marie-Claire s’associe à son travail « au rythme souvent fiévreux » jusqu’à la libération de Paris.

Après la Libération, Marie-Claire SCAMARONI accède à des responsabilités politiques. Elue lors des municipales de 1945 à Bonifacio, elle devient aussi conseiller général de la Corse (1945-1948). Membre du Cabinet du ministre de l’Intérieur en 1944-1945, elle est

Maire-adjoint du 6e arrondissement de Paris de 1959 à 1979 et finit sa carrière politique comme député européen de 1981 à 1985.

Administratrice, vice-présidente d’honneur de la Fondation de la Résistance, Vice- Présidente du Comité d’Action de la Résistance, Secrétaire général du prix littéraire de la Résistance, membre du Haut Conseil de la Mémoire Combattante, elle était restée fidèle à la Mémoire de son frère.

 

Elle  est décédée le 18 juillet dernier à Paris  où elle fut inhumée

 

Commandeur de la Légion d’honneur,

Grand croix de l’ordre national du Mérite,

Médaille de la Résistance,

Croix du Combattant volontaire de la Résistance.

Vice-présidente d’Honneur de la Fondation de la Résistance n’est plus