KIBLER Marcel "Marceau"
Réseau Martial
Auteur de la fiche : Eric Le Normand
Marcel Kibler
Est né le 11 septembre 1904 à Saint-Amarin (Haut-Rhin). Engagé dans la campagne de mai-juin 1940 au sein d’un régiment d’artillerie. L’armistice du 22 juin 1940 le surprend dans la région de Clermont-Ferrand. Lors du repli de l’unité vers Castres (Tarn), il est l’objet d’une première sollicitation des autorités nazies pour rentrer en Alsace et reprendre son activité professionnelle comme chef du service des impressions aux établissements Schaeffer. Il refuse car il ne se considère pas comme démobilisé et ce n’est que le 18 septembre 1940 après sa démobilisation qu’il rejoint sa terre natale.
Dans les premiers jours de son retour, il est très rapidement contacté par plusieurs de ses amis dont Paul Dungler et Paul Winter. Une réunion a lieu à Saint-Amarin et l’on décide de monter une organisation clandestine dont le but est de lutter contre l’envahisseur par tous les moyens possibles. C’est la naissance de la 7ème colonne d’Alsace qui deviendra plus tard, le réseau Martial des Forces françaises combattantes (FFC). Le recrutement s’effectue dans un cercle restreint d’amis sûrs.
Début novembre 1940, Marcel Kibler et sa femme sont convoqués par les autorités nazies afin de signer une déclaration de soumission au Reich. Après le refus, la famille est expulsée d’Alsace le 9 décembre 1940 dans le cadre d’une vaste politique d’expulsion sur toute la région. Trois jours plus tard, elle se retrouve en zone non occupée où Marcel Kibler retrouve Paul Dungler. Des contacts sont pris avec les officiers de l’armée française d’armistice, une liaison est mise en place avec l’Alsace notamment par l’intermédiaire de Jean Eschbach à Poligny (Jura) et un poste de commandement (PC) est installé à Lyon. Un plan d’action complet et détaillé est mis sur pied portant sur les renseignements économiques, militaires et politiques en Alsace et en Allemagne. Un poste radio est envoyé en Alsace mais se révèle très vitre d’une efficacité limitée et la majorité des liaisons s’effectue par la filière du Drumont (Nicolas Luttenbacher) et par Poligny (Jean Eschbach). Néanmoins, d’autres postes sont mis en place chez des Alsaciens en zone occupée et non occupée.
Vers la fin 1941, Marcel Kibler et Paul Dungler entrent en contact avec le commandant d’Ornant qui les met au courant pour l’organisation clandestine de Charles Bareiss en Alsace. Après l’évasion du général Giraud en avril 1942, ils mettent en place des groupes de combat dans les régions où demeure un grand nombre d’Alsaciens: Haute-Vienne, Dordogne, Gers, Tarn, Tarn-et-Garonne, Haute-Savoie, Savoie et plus tard en Suisse même. Il s’agit de former des Groupe Mobile Alsace (GMA) capables de prendre part aux combats de la Libération. L’activité s’intensifie donc autour du recrutement et de la formation afin que les unités soient opérationnelles pour le Jour J.
En août 1943, Paul Dungler quitte Lyon pour Alger, Marcel Kibler prend la tête du réseau. Il poursuit les liaisons avec l’Alsace où les décrets d’incorporation de force des Alsaciens dans la Wehrmacht compliquent encore un peu plus la situation. Les liaisons avec sa terre natale deviennent plus importantes par l’apport de Paul Freiss qui bénéficie d’une situation professionnelle lui permettant de se déplacer facilement en France de l’intérieur.
En avril 1944, le commandant Marcel Kibler, alias « Marceau », rejoint le GMA Vosges. Il est accompagné de son chef d’état-major, le capitaine Jean Eschbach, alias « Rivière ». Fin mai – début juin 1944, il effectue un dernier voyage à Lyon pour coordonner la mise en action des GMA Sud et Suisse. Dans ce cadre, il rencontre le lieutenant Bernard Metz et le commandant Ernest Georges. Grâce à la filière d’évasion dirigée par René Stouvenel avec le concours des employés des Eaux et Forêts de Grandfontaine (Bas-Rhin), ils se rendent à deux reprises, du 17 au 22 juin et le 17 juillet 1944, à Grendelbruch (Bas-Rhin) pour organiser les Forces françaises de l’intérieur d’Alsace (FFIA) et répartir les tâches et les rôles. Du côté vosgien, le GMA, affaibli par le combat de la ferme de Viombois le 4 septembre 1944, ne parvient pas à jouer un rôle majeur dans la libération de l’Alsace. Toutefois, après la percée de la 2ème division blindée (DB) du général Leclerc avec la prise de Strasbourg, le commandant Marcel Kibler rejoint les unités françaises et dirige les FFIA dont la participation ne va pas s’avérer négligeable surtout lors de la contre-offensive allemande de janvier 1945.
Après la guerre, Marcel Kibler reprend ses activités professionnelles à Saint-Amarin. Par le décret du 6 février 1945, Marcel Kibler est nommé au grade de chevalier de la Légion d’honneur:
« Remarquable organisateur et entraineur d’hommes animé du plus pur esprit de patriotisme. Organisateur de la Résistance Alsacienne depuis 1940 – Chef de la Résistance depuis septembre 1942. A fait de cette organisation un modèle d’union et de dévouement désinteressé à la cause de la France communiquant à tous sa foi inébranlable dans la victoire.
En août et septembre 1944 a participé à plusieurs engagements dans les forêts des Vosges, faisant preuve d’un très grand sens tactique du combat de partisans et d’un courage magnifique.
En novembre et décembre 1944, en tête des FFI d’Alsace a contribué pour une large part aux succès des Armées Françaises et Alliées sur Strasbourg et en Haute-Alsace.«
La présente citation comporte l’attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec palme.