DELANCHY Louis

Auteur de la fiche : Jean-Pierre FITAMEN

Louis DELANCHY


« Un collégien dans la guerre »

Il est né à Hirson (Aisne) le 21 avril 1924.

Lorsque l’armistice est signé, Il est alors élève au collège Saint Just de Soissons. Il tente de partir pour l’Angleterre, mais il est refoulé à cause de son âge 16 ans.

Lors de l’exode, Il doit  quitter son village de Liesse qui est en zone interdite. il se réfugie avec ses 2 sœurs à Fontaine-Fourche en Seine et Marne.

Décidé à quitter la France, il part en vélo  jusqu’à Marseille mais ne réussit pas à s’embarquer.
Il continue de rechercher une filière pour s’évader. Les risques sont grands et les informations peu fiables, parfois dangereuses.

De retour à Soissons, il organise avec deux camarades leur périple vers l’Espagne.

Le passage de la ligne de démarcation sera un événement  très marquant de leur évasion.
Ils vont la franchir de nuit, à la nage sous le tir des patrouilles  allemandes.

Arrivé à Marseille, le groupe se sépare.

Louis et l’un des ses compagnons continuent vers l’Espagne.

Le 25 avril 1941 ils passent la frontière à Saint Martin de l’Albere, puis ils poursuivent leur chemin à pied vers Figueras où ils prennent le train.

Ils sont arrêtés dans ce train  le 29 avril 1941.

Déclarant être citoyen britannique du nom de Lewis Cox, il est tout d’abord incarcéré à Barcelone, au Carcel Modelo.
Il est alors séparé de son compagnon René Lemoine, alias Richard White, plus âgé, se faisant passer pour un officier britannique, qui sera incarcéré au fort de Montjouïc. A la fin juin 1941  Louis est transféré au camp de Miranda de Ebro.

Cette période fut très dure, faite de privations, de manque d’hygiène et de désespoir,  trop jeune au milieu de cet univers carcéral très complexe, il en a beaucoup souffert. Après un mois d’emprisonnement à Miranda, Louis doit sa libération au consul britannique qui s’est occupé de faire libérer de nombreux prisonniers Anglais, Canadiens et Polonais

Avec d’autres compagnons il rejoint sous escorte Gibraltar où il embarque le 4 août 1941 sur le MS Pasteur à destination de Greenock en Ecosse. Après un passage obligatoire à  Royal Patriotic School  où la véracité de son histoire est vérifiée, l’engagement dans les Forces Françaises libres devient possible.

Aussitôt après avoir signé son engagement, en se vieillissant d’un an, Louis est envoyé à Camberley pour y faire ses classes. Là il va rencontrer le « commandant Charles », Louis Ottensooser, chargé de la formation militaire ainsi que l’aumonier des FAFL Léon Trentesaux, qui tout au long de la guerre aidera les Français Libres à gérer au mieux l’absence de leur famille en les écoutant, les conseillant et les faisant adopter par des « Marraines de guerre ». Il y suit des cours de morse, de reconnaissance des types d’avions et y passe des tests lui ouvrant les portes des écoles anglaises.

Grâce à sa bonne connaissance de la radio et de l’électricité, il sera dirigé directement vers la Signal school de Cranwell. Louis ne passera donc pas par l’Ecole militaire des Cadets de la France Libre., comme ce fut le cas pour son compagnon d’évasion René Lemoine. Louis va étudier pour devenir opérateur radio. Ses connaissances du morse et de la langue anglaise lui permettent d’effectuer cette formation en un temps record. Il devance ses camarades britanniques lors de l’examen du 11 décembre 1941. Cette réussite lui vaut d’être nommé caporal le 15 décembre 1941. Le 20 février 1942 il est breveté opérateur radio.

 Début mars 1942 il est muté à Evanton pour suivre un cours de mitrailleur. Les exercices avaient d’abord lieu au sol puis en vol au-dessus de la mer. Louis obtient son brevet de mitrailleur le 10 avril 1942, il est Major de la promotion de 60 élèves. Il retourne à nouveau à Camberley où il apprend sa nomination au grade d’aspirant le 15 avril 1942. Le 12 Mai 1942, Louis est choisi ainsi que Louis Ducorps, Alexandre Gins et Raymond Dugot afin de recevoir des mains du général Valin les fanions des groupes Alsace et Lorraine (squadron 341 et 342 de la RAF).

En juin 1942, il retourne à Cranwell. Durant cette période Louis perfectionne sa technique radio. Il prend aussi des cours de pilotage avec un formateur Polonais et se lie d’amitié avec Pierre Clostermann. Louis passait la plupart de ses permissions chez sa Marraine de guerre. Comme durant le premier conflit, les Marraines de guerre avaient en charge de recevoir les jeunes Français durant leurs permissions, de leur écrire et de leur fournir quelques affaires que leur maigre solde ne leur permettait pas d’acheter. Leur rôle fut très important et a aidé grandement au maintien du moral de ces jeunes gens. 

 Fin août 1942 il quitte Camberley pour le 17 O.T.U Upwood où il doit s’entraîner avec ses camarades Clément Pineau et Léon Wainstein en vue de former un équipage. L’escadrille « Lorraine  » devait être équipée de Boston Mark III avec des équipages de 3 ou 4 aviateurs. En  novembre 1942 il est muté au 107 sqn de la RAF avec ses camarades en attendant la reformation du »Lorraine » en Grande-Bretagne. Arrivés à Massingham, petit village du Norfolk, le premier contact avec leur Boston enthousiasme l’équipe et surtout il y a l’espoir d’opérations aériennes.

Enfin, le 3 décembre 1942 Louis note dans son carnet qu’il est sur le « Battle order » comme mitrailleur inférieur et que l’opération prévue sera de grande envergure. Il s’agissait alors de bombarder et détruire l’usine Philips d’Eindhoven aux Pays Bas. Les conditions météo n’étant pas optimales la mission est retardée.

Il n’aura jamais plus l’occasion de noter ses réflexions. Il reste consigné jusqu’au 6 décembre sans pouvoir reprendre ses affaires personnelles et part avec le Wing Commander P.H.Dutton et ses 2 autres compagnons N.H.Sheppherd et R.W.Mc Carthy pour cette mission. Leur avion, un Boston Mark III, immatriculé AH 740-OM-A, décolla à 11 h 22 de Massingham.

Après avoir largué ses 4 bombes de 500 kgs sur l’objectif, il fut attaqué par la chasse allemande et touché par les tirs d’un FW 190.
Il s’abîme en mer à 12 h 59 au sud de Katwijk aan Zee(Pays-Bas).

Tout l’équipage disparaît…


Nommé sous-lieutenant à titre posthume, il reçoit

  • La croix de chevalier de la Légion d’honneur.
  • La médaille militaire.
  • La croix de guerre.
  • Une citation à l’ordre de l’armée de l’Air.
  • La médaille de la résistance avec rosette.
  • La médaille des services volontaires dans la France Libre.

Sa mémoire est honorée sur le site www.francaislibres.fr