Douhéret Léa

Auteur de la fiche : Louis Aiximillo

Léa Douhéret

Léa Douhéret est née le 16 mai 1912 au Creusot. En juin 1940, elle est mariée, mère d’un petit garçon et employée de bureau aux usines Renault où son mari est dessina­teur.

L’usine étant repliée à Rochefort, elle subit la débâcle sur les routes, au milieu des réfugiés, sous les mitraillages et les bombardements aériens. Profondément meurtrie par la défaite et l’exode, la « présence des verts et gris » lui donne la nausée. Non sans mal, elle finit par retrouver son mari mobilisé et le rejoint.

Lorsqu’il est démobilisé, ils récupèrent leur fils réfugié au Creusot et, le 20 août, la famille revient à Paris. Quelques semaines plus tard, Léa est discrètement sollicitée par une connaissance de son mari qui est agent de la France Libre. Malgré les risques encourus pour elle et pour les siens, elle accepte.

Après la mise à l’épreuve, elle signe en juillet 1941 son engagement sous le n° 31 dans le réseau Georges France. Avec la complicité de son mari, elle rassemble et transmet de nombreuses informations jusqu’au 15 novembre 1941. Ce matin-là, victime d’une dénonciation, tout le réseau est arrêté. Son mari est interné à Fresnes, et elle à la Santé. L’isolement et la détention, les interrogatoires et les changements de cellule n’entames pas sa volonté.

Son mari est libéré. Elle est transférée à Fresnes, y est jugée du 7 octobre au 12 novembre 1942 avec dix-huit hommes et quatre femmes. Tous sont condamnés à mort. Les hommes. seront fusillés au Mont Valérien et les femmes … finalement déportées en Allemagne.

Après un mois de voyage pénible, les itiné­raires changeant souvent à cause des bombar­dements, elle est emprisonnée jusqu’en avril 44 dans la forteresse de Lubeck, la vie y est dure. Pour avoir chanté la Marseillaise le 14 juillet 1943, elle sera privée de nourriture pendant deux jours.

Du groupe de 75 Françaises et Belges arri­vées à Lubeck, il ne reste que sept Françaises et une Belge lorsque le 8 janvier 1944, nou­veau transfert, cette fois vers Ravensbrück et, à l’arrivée, la découverte des camps de concentration.

Affectée dans le Block NN, elle échappe plusieurs fois à la sélection et à la mort grâce à la solidarité de quelques copines et à sa volonté de survie pour retrouver les siens. Mais elle est affaiblie et marche de plus en plus difficilement et, le 2 mars, c’est la sélec­tion et l’embarquement dans les wagons à bestiaux sous la trique des S.S. et les morsures des chiens pour aboutir le 18 mars au sinistre camp de Bergen-Belsen. 

La mort rode tous les jours, la dysenterie, le typhus, les mauvais traitements font des ravages. Les fours crématoires crachent à plein et ses forces s’amenuisent, vers la fin, il n’y a plus rien à manger, même plus d’eau. Seuls les bruits de la canonnade toute proche et une farouche volonté maintiennent l’espoir… et la vie.

Enfin le 15 avril, les troupes anglaises libè­rent le camp. Léa, rongée par la fièvre, est sans connaissance. De la poignée de Fran­çaises, elle est parmi les rares survivantes. Après 43 mois passés dans les bagnes nazis, son état ne permet pas un rapatriement immé­diat, plusieurs fois, elle flirte avec la mort. Ce n’est que le 4 juin 1945, que par avion et sur une civière elle retrouve la France. Elle vient d’avoir 33 ans et pèse 29 kg pour 1 m 70 !