LE BIHAN Joseph, Marie
Auteur de la fiche : Alain Prigent & Serge Tilly Sources : -Archives dép. Côtes d'Armor 165J3, 2W88, 1043W3, 1369W15. -Joseph Darse), La Bretagne au combat, Le Signor, 1980 ; -Serge Tilly, L'occupation allemande dans les Côtes-du-Nord [1940-1944), Les lieux de mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans Les Côtes-du-Nord, n°10, 2004 et n°11, 2005. -Relevé en novembre 2012 sur le cahier N°12 de mai 2011 du comité de la Résistance populaire dans les Côtes du Nord
LE BIHAN Joseph, Marie
Né le 19 octobre 1926 à Minihy-Tréguier (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), fusillé le 16 juin 1944 à Servet en Lannion (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; boulanger. Son père Pierre, Marie Le Bihan cultivateur à Minihy-Tréguier, épousa Léonie, Joséphine, Marie Rivoal, également cultivatrice. Joseph Le Bihan, célibataire, exerçait la profession de boulanger à Minihy-Tréguier où il demeurait. En mai 1944, il intégra un groupe d’une vingtaine de jeunes gens, composé à l’initiative d’étudiants rennais, mais non lié formellement à une des composantes de la Résistance armée, qui s’était constitué dans la commune de Senven-Léhart (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Le chef de ce maquis ainsi formé était Christian Savary FTP venu d’Ille-et-Vilaine qui participa à l’attaque de la prison de Vitré (Ille et-Vilaine) le 29 avril 1944, il fut secondé par Jean Marion, étudiant, originaire de Paris. Vers le 6 juin 1944, le groupe s’installa dans le château de Goas-Hamon propriété de la famille Novello, cimentier à Guingamp, qui servait de centre de rassemblement pour les maquisards de Plésidy liés à l’AS (Armée secrète). Au bout de quelques jours personne à Senven-Léhart n’ignorait plus leur présence. Georges Le Cun, un des dirigeants de l’AS de Guingamp qui dirigeait le maquis de PLésidy leur rendit visite le 9 juin 1944. Informé de l’indiscipline du groupe, il leur demanda d’évacuer le château, mais il ne fut pas entendu. Le groupe disposait de très peu d’armes. Le 11 juin 1944, il s’était regroupé en vue d’un parachutage d’armes prévu dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 dans les environs de Plésidy (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), il fut annulé. Coupé de la population locale, le groupe fut repéré sans difficulté par les autorités d’occupation. Le 12 juin 1944, à 6h30 du matin, une centaine de soldats allemands, épaulés par trois gendarmes français, encerclèrent la propriété. Les jeunes maquisards tentèrent de se défendre pendant environ une heure. Mais lorsque les Allemands attaquèrent le château à la grenade douze maquisards se rendirent. Si quelques combattants réussirent à se cacher et à s’échapper, sept d’entre eux périrent : deux furent tués au combat et cinq massacrés sur place : Jean Marion, Georges Le Saux, Jean Marini, Edmond Corbel, Jean Julienne, Ernest Le Flammec et Marcel Le Bihan. Leurs corps furent enterrés sommairement dans une fosse commune au cimetière de Senven-Léhart. Le château, incendié par les Allemands, fut complètement détruit, ne restèrent que les murs calcinés, il ne fut jamais reconstruit. L’opération militaire allemande, qui fut l’une des opérations de répression les plus sanglantes menées dans le département (dix-neuf victimes), fut conduite sous la responsabilité de Rudolph Kiekaffer et de Wilhelm Funke du SD de Saint-Brieuc. Joseph Le Bihan qui faisait partie des douze maquisards arrêtés, fut incarcéré à Guingamp où il subit d’affreuses tortures. Le 16 juin 1944, il fut condamné à la peine de mort par le Tribunal du secteur postal 56 300 « pour activités de franc-tireur » et exécuté le jour même en même temps que ses onze camarades Briac Blanchard, Albert Fouilhon, Paul Herviou, Henri Le Gac, Alphonse Le Pape, Jean Le Tallec, Jean Lossouarn, Jean Péron, Albert Pinson, Paul Riou et Christian Savary au camp d’aviation de Servet près de Lannion. Joseph Le Bihan n’avait pas encore 18 ans, il fut le plus jeune fusillé du département. Son corps fut retrouvé le 17 septembre 1944. Son nom figure sur le monument du terrain d’aviation de Servel en Lannion où une importante cérémonie patriotique se déroule tous les ans le premier dimanche du mois d’août. Par contre les tragiques événements du 12 juin 1944 ne donnèrent lieu dans les années qui suivirent la Libération à aucune commémoration significative dans la commune de Senven-Léhart où aucun monument commémoratif n’a été érigé.