PLEIBER Jean "Antoine"

Auteur de la fiche : Alain Prigent & Serge Tilly

Jean PLEIBER

PLEIBER Jean, Marie

Pseudonyme(s) utilisé(s) : Antoine

Mouvement : F.T.P. (Franc-Tireur-Partisan)

Date de naissance : 24-02-1923

Date de disparition : 06-05-1944

Son action dans la résistance :

PLEIBER Jean, Marie, allas Antoine
Né le 24 février 1923 à Plouescat (Finistère), fusillé le 6 mai 1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; ouvrier agricole ; FTP.

Son père Louis, Marie Pleiber, marin pêcheur à Plouescat, sur la côte du Léon, épousa Marie, Yvonne Perron, ménagère.

Jean Pleiber, ouvrier agricole, célibataire, alias Antoine, demeurait en 1944 au hameau de Kervennou en Maël-Carhaix (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Sans doute à l’automne 1943, il intégra un groupe de FTP organisé autour de François Prigent, important cadre du PC clandestin.

Le groupe, repéré à la suite d’une attaque contre un commerçant de Saint-Nicodème (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), également maire de la commune, le 6 janvier 1944, fut interpellé le soir même à Trébrivan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) par l’inspecteur de la police de sûreté de Rennes, Pierre Le Chanu, et l’adjudant de la gendarmerie de Callac-de-Bretagne, Prigent, qui les livrèrent aux Allemands.

Le Chenu fut exécuté le 5 août 1944, le lendemain de la Libération de Saint-Brieuc.

Jean Pleiber, Arsène Le Bozec et Maurice Lagadec qui se trouvaient au moment de leur arrestation avec des jeunes filles de la région, se rendirent sans combat.

Emprisonné à la maison d’arrêt de Guingamp puis dans celle de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Après avoir été sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de l’ouest du département, le 5 mai 1944 il fut condamné à la peine de mort par la Cour martiale du Tribunal de la Feldkommandantur 665 à Saint-Brieuc « comme franc-tireur ».

Durant la nuit qui précéda leur exécution, les douze FTP, incarcérés à la maison d’arrêt de Sanit-Brieuc, chantèrent La Marseillaise et L’Internationale et d’autres chants repris par d’autres patriotes également détenus. Durant leur transfert sur le lieu d’exécution des témoins les entendirent chanter de nouveau.

Les autorités allemandes exécutèrent Jean Pleiber avec ses onze camarades Marcel Bitaille, Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, François Prigent et Roger Quintric le 6 mai 1944 au camp de manoeuvre des Croix en Ploufragan, par groupes de quatre entre 7h10 et 7h31.

Dans l’après-midi vers 17h un groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au même endroit. Les dix neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Le décès de Jean Pleiber fut constaté par un médecin allemand à 7h10, il avait 21 ans.

Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), au mois d’avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu’en Russie. Le fait qu’elles furent annoncées par la presse régionale de Vichy mit en évidence l’impact sur la population que les autorités d’occupation escomptaient donner à l’événement.

Quelques jours après l’exécution, le 12 mai • 944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme fut aussi accrochée au monument.

Constatant que la population venait déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l’abri de tout regard dans la forêt de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Aorès la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès FTP, tous les trois originaires de Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés car un cultivateur de Plceuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), des monticules ce terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ».

Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d’origine.

Le CDL, prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui de Jean Pleiber, fit le nécessaire pour Les rapatrier dans les localités respectives.

Le nom de Jean Pleiber figure sur le monument des dix-neuf fusillés au camp de manoeuvre des Croix en Ploufragan, sur le monument des fusillés et massacrés de l’Hermitage-Lorge (lieu à proximité duquel furent découverts les corps) et sur le monument de la Résistance et de la Déportation, au lieu-dit La Pie en Paule (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Il fut inhumé au cimetière de Callac-de-Bretagne.

Commentaire de l’auteur

Sources: -Archives dép. Côtes d’Armor, 2W112, 2W118 ; archives de l’ANACR-22. -Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord 11920-19451, Saint-Brieuc, 2000 ; Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord 11940-19441, Les lieux de mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n°10, 2004 et n°11, 2005. -Témoignage d’Armand Tilly.