COURCEL Jean

Bourgogne

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Jean COURCEL

Jean COURCEL naît le 5 décembre 1910 à Paris. Après des études au séminaire, il est ordonné prêtre le 24 juin 1935. Il devient ensuite professeur au petit séminaire de Conflans-Charenton près de Paris. Quand la guerre éclate en 1939, l’abbé est mobilisé. Un moment aumônier d’un corps franc, il devient officier. La défaite le marque profondément. En 1941, il est nommé vicaire à la paroisse Saint-Roch à Paris.

C’est un homme haut en couleur, plein d’humour, très moderne pour son temps.

 Comment entre-t-il dans la Résistance ?

 L’abbé s’occupe de la troupe scoute de sa paroisse. Au printemps 1943, André Camp et Claude Leclerc, deux scouts, le mettent en contact avec le réseau Bourgogne dont je fais partie avec mes parents. Ils savent qu’ils peuvent faire confiance à leur aumônier qui est très patriote. En effet, celui-ci a réussi l’exploit, dans une rame de métro bondée, de voler à un officier allemand son poignard ! Un autre jour, place de l’Opéra, il empêche un officier allemand de couper les rangs des enfants qu’il accompagne en pro­menade !

 Quelles sont les activités du réseau Bourgogne ?

 Il est spécialisé dans l’évasion d’aviateurs alliés qui sautent en parachute quand leurs avions ont été abattus par la Flak ou des avions allemands. Le réseau récupère les pilotes et les aide à rejoindre l’Angleterre. Des filières se sont constituées avec de très jeunes convoyeurs et de nombreux lieux d’hébergement. Les aviateurs sont conduits à Paris où ils restent entre huit et dix jours, cachés chez des particuliers. De là, ils sont envoyés vers l’Espagne. L’église Saint-Roch est très importante pour le réseau car l’abbé COURCEL est toujours là pour les coups durs. C’est un havre de paix où les aviateurs peuvent rester quelques heures sans risques sérieux. De plus, l’église possède plusieurs entrées et sorties, ce qui est utile en cas de danger. Mais il n’y a jamais eu d’alerte à Saint-Roch, les Allemands ne se sont jamais doutés de rien. L’abbé fournit des vêtements et de la nourriture. Il fabrique aussi les fausses cartes d’identité indispensables pour aller vers le sud de la France. Il cache dans son piano une trentaine de cachets de mairies de province détruites par la guerre, des « signatures» du préfet de police, des certificats de travail et des certificats de démobilisation. On estime à plusieurs centaines le nombre de fausses cartes fabriquées ainsi.

N’étant pas convoyeuse, mon activité consiste à emmener les pilotes faire des photos d’identité au magasin du Louvre, tout près de la paroisse Saint-Roch. Quand ils sont trop nombreux, nous en laissons quelques-uns à l’église en attendant de pouvoir les emmener à leur tour pour les photos. Labbé les cache provisoirement dans les nombreux combles de l’édifice. À l’époque, il habite au-dessus de l’église, dans le même logement qu’un autre prêtre qui n’a jamais rien su de ses activités.

Mes parents et moi sommes arrêtés en avril 1944. Quelquun nous a trahis. On nous avait demandé une fausse carte d’identité pour un jeune qui ne voulait pas partir en Allemagne avec le STO. Il était coiffeur; sa patronne s’est étonnée qu’il reste en France. Voilà qu’il dit la vérité à cette femme qui était la maîtresse d’un milicien ! Le jeune a été arrêté, il a parlé. Ainsi, les Allemands ont remonté la filière jusqu’à nous. Quand l’abbé COURCEL a appris notre arrestation, il a voulu nous prévenir mais il est arrivé trop tard et a été arrêté.

Il a été interné à la prison de Fresnes jusqu’au 15 août, date à laquelle il est parti en déportation par le même convoi que moi. Depuis Pantin, nous avons quitté Paris et la France. Notre train est resté très longtemps bloqué sous un tunnel à cause de la destruction d’un pont de chemin de fer sur la Marne par un avion anglais. Finalement, les prisonniers, dont l’abbé COURCEL, sont partis à pied pour aller prendre un autre train plus loin. Il est descendu à la gare de Weimar pour rejoindre Buchenwald où il est arrivé le 18 août 1944. En septembre, il a été transféré à Dora puis à Ellrich. Un proche de l’abbé COURCEL, Jean CHARBONNET, également déporté à Ellrich, l’a soigné à l’infirmerie le 27 février 1945. Après, on ne sait plus rien. Il aurait été transféré à Nordhausen où il serait mort le ler avril. Mais il reste beaucoup d’interrogations sur sa disparition.