CHAVET Jean

Auteur de la fiche : Dominique MORIN

Jean CHAVET


Né 10 août 1922 à Saint-Etienne (Loire). C’est un étudiant brillant. A 20 ans, il est classé 1er de sa promotion à l’Ecole de Chimie industrielle de Lyon, envisage un doctorat après avoir reçu le prix Victor Grignard pour sa licence es-sciences passée en même temps. Atteint par l’âge requis pour partir au STO, son père lui conseille de se porter « volontaire pour bénéficier du choix de l’emploi en Allemagne ». Mais il était aussi très engagé dans la paroisse en tant que jeciste, de la Jeunesse étudiante chrétienne. A la fin de l’année universitaire, il part le 6 juin 1943.

En Allemagne, il est affecté à Halle comme chercheur dans un laboratoire de chimie, à l’usine Buna-Werke à Schkopau ür Mersburg, une fabrique de caoutchouc synthétique. Il occupe la chambre  22 avec d’autres ingénieurs chimistes. Ils auraient pu rester séparés des autres STO, prenant une place de caste supérieure, place favorisée par l’idéologie nazie.

Les activités interdites qu’il met en œuvre, aussitôt sorti de l’usine, tiennent à sa solidarité avec les autres Travailleurs français du camp. Il est sollicité pour les aider dans leurs démarches car il connait parfaitement l’allemand. Ce groupe catholique de la « baraque des chimistes », avec comme aumônier Pascal Vergez, va se donner au service des 1200 STO du camp, regroupant d’anciens jécistes, jocistes et scouts. Il devient vice-président, puis président, de l’Amicale des Travailleurs français, qui organise des loisirs et un service d’entraide auprès des plus défavorisés. Son  camarade Guy Barbier de Courteix témoigne comment au travail : « il ne remettait à son Docteur que les résultats succints et qu’il gardait le secret de sa découverte. Cela lui demandait un travail beaucoup plus grand, mais il préférait s’y astreindre…là où Jean eut du mérite, c’est de ne pas se laisser entraîner par sa science…le sentiment naturel voudrait que l’on cherchât à faire des progrès, mais le sentiment patriotique demandait au contraire que l’on gardât une certaine réserve ».

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 2 novembre 1944 à l’usine, 3ème après l’aumônier et le délégué, qu’il a été amené à remplacer. Il est interrogé à la prison de Halle, où il est torturé comme les autres pour dénoncer ses camarades. Il contracte à la prison la fièvre Typhoïde en février 1945.

Il est envoyé le 2 mars 1945 au camp de concentration de Mauthausen (n°135090). Le 23 avril, il est déposé vivant près du four crématoire. Il dit à un de ses camarades venu le trouver, songeant au pèlerinage à Lourdes projeté pour le retour : … « Si je ne puis aller à Lourdes sur terre, j’irai à Lourdes dans le ciel. Je me suis trop fatigué à la Buna pour les camarades. Je vais aller me reposer ».

Il décède le 24 avril 1945, jeté dans le four crématoire, mort ou encore vivant ?