COLCOMBET Hilaire

Auteur de la fiche : Les Chemins de la Mémoire numéro 143-Octobre 2004

Hilaire COLCOMBET

Ancien lieutenant du groupe de reconnaissance de cavalerie, ancien capitaine au « Special Air Service ».

Comment avez-vous rejoint la France Libre ?

R: Pendant la guerre, j’ai comman­dé un peloton d’engins composé d’un canon de 25 et de mitrailleuses hippomobiles. Démobilisé en 1940, j’étais écoeuré par la défaite comme la plupart des officiers autour de moi. Avec des amis, nous sommes alors entrés dans une association d’anciens combattants et nous avons mené des actions de résistance.

De 1941 à 1942, j’ai été membre du réseau SR Air.

Après l’occupation de la zone sud, en novembre 1942, nous avons décidé, mon frère et deux autres anciens cavaliers, d’aller en Angle­terre, non pour rejoindre le géné­ral de Gaulle dont nous n’avions pas entendu parler, mais pour nous battre. Nous sommes donc partis à pied pour l’Espagne. Mais, trahis et abandonnés par des passeurs, nous avons été faits prisonniers après trois jours de marches épui­santes dans les Pyrénées. Je me suis retrouvé en prison à Géronne, puis au camp de concentration de Miranda de Ebro; enfin en résidence surveillée à Jarraba. De là, avec Guy de COMBAUD, nous nous sommes évadés. Arrivés à Madrid en mai 1943, nous avons gagné Gibraltar.

Une fois en Angleterre, j’ai rejoint les Forces françaises Libres en juin 1943 et j’ai été incorporé dans le régiment parachutiste français stationné à Camberley.

Pourquoi avez-vous choisi les parachutistes?

R:Parce que je pensais que les parachutistes me permettraient de combattre en France dans les premiers et dans une unité d’élite. Mais la situation du régiment n’était pas brillante car il était commandé par un officier qui ne voulait pas coopérer avec les Anglais. Nous n’avions donc ni armement ni for­mation. Face à cette situation in­croyable, Guy de Combaud, simple lieutenant, a obtenu le départ de cet officier et le rattachement de l’unité à la brigade SAS en’ avril 1944 ! Après un stage de forma­tion dans une division polonaise en Écosse, j’ai obtenu mon bre­vet de parachutiste en mai. Après un entraînement vigoureux, j’ai été nommé commandant de la 1ère compagnie du 3ème régiment SAS.

Quand avez-vous commencé à combattre?

R : En juillet 1944, avant le dé­barquement de Provence, nous avons été parachutés près de Cluny, en Saône-et-Loire, avec la 1ère Troop répartie en 4 Sticks dont l’une était commandée par Geor­ges CAÏTUCOLI. Nous avons organisé des sabotages et surtout des opé­rations d’embuscades. Les plus meurtrières ont eu lieu sur la Na­tionale 6, entre Mâcon et Tournus. Guy de COMBAUD m’avait rejoint avec ses jeeps armées après un raid incroyable à travers la France occupée depuis la Normandie jus­qu’à Sennecey-le-Grand où il trouva la mort après une attaque héroïque le 4 septembre 1944. J’ai porté son corps jusqu’au châ­teau de son oncle, le baron THENARD. Il a été enterré à la Ferté, un village voisin.

Le 6 septembre, j’ai été décoré de la Légion d’honneur et d’une 3ème Croix de guerre avec palme lors d’une prise d’armes à Lyon. Plus tard, mon bataillon a par­ticipé à des opérations qui ont suivi l’attaque allemande dans les Ardennes.