Ecochard Henri

Auteur de la fiche : Par Antoine Flandrin Publié le 07 avril 2020 à 18h37 - Mis à jour le 09 avril 2020 à 11h32

Henri Ecochard

Engagé à 17 ans dans les Forces françaises libres, il a combattu de l’Afrique du Nord à l’Alsace. Il avait établi la liste de tous les Français libres – 60 000 noms –, connue des historiens sous le nom de « liste Ecochard ». Il est mort le 3 avril, à l’âge de 96 ans, emporté par le Covid-19.

 Officier de la Légion d’honneur, cet ancien héros des Forces françaises libres a été emporté par le Covid-19. Né à Cholet (Maine-et-Loire) le 24 avril 1923, ce fils d’un médecin d’Airvault (Deux-Sèvres), s’intéresse très tôt aux relations internationales. Etudiant au lycée Descartes de Tours, il est indigné par les accords de Munich, signés entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie en 1938, contrairement à son père, pacifiste écœuré par les massacres de la Grande Guerre.

Le 1er septembre 1939, lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, il hisse le drapeau tricolore à la façade de sa maison. Révolté par l’annonce de l’armistice, il entreprend de rejoindre l’armée anglaise après avoir entendu, le 22 juin, un discours de Winston Churchill, en français, appelant à poursuivre les combats.

Parti de Poitiers à vélo, il rejoint La Rochelle, où il embarque sur un thonier polonais qui met le cap sur Cardiff. Il ne parle pas un mot d’anglais ni de polonais et n’a pas de papiers d’identité. Jugé suspect par les autorités britanniques, il est emprisonné pendant huit jours avant d’être conduit à Londres parmi les soldats français du général Bethouart réfugiés en Angleterre. Il entend alors parler du général de Gaulle, ce nouveau chef dont il veut, comme d’autres jeunes Français, constater la « valeur ». « La rencontre avec le général de Gaulle est très marquante. Il reconnaît tout de suite en lui un grand chef visionnaire », peut-on lire dans son dossier conservé au Musée de l’Ordre de la Libération.

Prendre part à la bataille de Bir Hakeim

Henri Ecochard, 17 ans, triche alors sur son âge pour rejoindre l’infanterie. Avec d’autres Français libres, il suit un entraînement au maniement des armes dans un camp canadien, à côté de Londres. En avril 1941, il est envoyé à Brazzaville au Congo, puis en Syrie, où les Français libres et les Britanniques affrontent l’armée française de Vichy. La traversée durant quatre mois, il arrive à la fin de la campagne.

A Damas, il est affecté aux automitrailleuses des spahis marocains. Il rejoint ensuite l’Egypte, avant de prendre part à la bataille de Bir Hakeim en Libye, début 1942. Il effectue des raids sur les arrières des troupes allemandes conduites par Rommel afin de détruire les camions de ravitaillement. Il participe ensuite à la bataille d’El Alamein, puis à la campagne de Tunisie avec le général Leclerc. Fin mai 1943, Henri Ecochard fait partie de l’unité qui est chargée de garder la résidence de De Gaulle à Alger. En 1944, il intègre le 1er régiment d’artillerie de la 1re division française libre comme officier observateur en avion.

Travail colossal

Après avoir participé à la campagne d’Italie, il prend part au débarquement de Provence, libère Toulon, Marseille et Lyon, puis combat en Alsace et dans les Vosges. Au lendemain de la victoire contre l’Allemagne, il met fin à son engagement militaire et retourne dans la vie civile. Embauché par la société pétrolière Shell, il réalise une longue partie de sa carrière à l’étranger.

Une fois venu l’âge de la retraite, il s’attaque à l’établissement de la liste de tous les Français libres. Ce travail colossal sous forme de base de données informatique de 60 000 personnes est devenu, pour les historiens, une référence scientifique qui porte le nom de son créateur : la « liste Ecochard A la suite de problèmes de santé, il est admis dans un Ehpad de la région parisienne au début de l’année. « Il avait toute sa tête, il se souvenait encore de toute son expérience pendant la guerre. Comme c’était un homme d’une grande humilité, il n’en parlait pas souvent, confie son fils, Cyril Ecochard. Un de ses rêves, c’était de vivre jusqu’à 100 ans. Le Covid a eu le dernier mot. » Saluant la mémoire d’un homme qui « avait un supplément d’âme », le général Christian Baptiste, délégué national de l’ordre de la Libération, a pour sa part déploré qu’« il n’aur[ait] pas la cérémonie d’obsèques qu’il mérite ». 

Henri Ecochard en quelques dates

24 avril 1923 Naissance à Cholet (Maine-et-Loire)

1940 Se porte volontaire dans les Forces françaises libres

1942 Participe à la bataille de Bir Hakeim

1944 Prend part au débarquement en Provence

3 avril 2020 Mort à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine)