RIVAL Hélène

Auteur de la fiche : Témoignage de Jeannette Monfray

HÉLÈNE RIVAL

C’était en septembre 1943. Nous habitions Lyon. Pour nous protéger des rafles fréquentes dans cette ville, Maman décida de nous emmener vivre à Malleval où elle loua une maison située face à l’église, dans laquelle se trouvaient des maquisards.

Ma soeur Hélène avait alors 19 ans et moi 17. Nous décidons alors de rentrer dans la résistance. Nous cachions des armes dans notre cave, et nous aidions les maquisards dans différentes tâches.

Nous avons été vendus par la Milice qui nous montra un plan de Malleval sur lequel notre maison était marquée d’une grande croix rouge. Le 29 janvier 1944, la Milice en tête avec des chars allemands est venue tous nous arrêter.

Presque toutes les maisons de Malleval et de ses environs furent incendiées. Puis ils nous conduisirent à Grenoble, cours Bériard, dans des caves pour quelques jours ; après avoir subi des interrogatoires, certains furent torturés dont ma soeur Hélène. Nous fûmes alors emmenées au fort de Romainville pour quelques jours encore. Nos souffrances n’étaient pas terminées : nous fûmes transportées dans des wagons cellulaires à destination de l’Allemagne. Après avoir fait plusieurs arrêts dans différentes prisons, nous sommes arrivées à Ravensbrück, au Block 32, celui des NN.

Parmi nous beaucoup moururent de faim, de maladie et d’épuisement. Ma soeur Hélène avait attrapé le typhus, nous étions toutes les deux dans un tel état que mourir pour mourir nous avons tenté à quatre de nous évader et nous avons réussi après bien des difficultés. Nous avons été recueillies par des prisonniers de guerre qui nous ont dirigées vers Languillon, un camp de triage.

Nous avons été heureuses, enfin libres, de retrouver notre pays, la France. Tout cela paraissait tellement irréel que ma soeur Hélène et moi-même, nous nous sommes pincées pour savoir si nous étions vraiment encore en vie.

Après ce douloureux passage de notre vie, ma soeur n’a pas fini de souffrir. Elle a eu plusieurs maladies nécessitant des interventions chirurgicales dont la plus grave, une tumeur au cerveau, a pu être traitée avec succès à Boston où j’ai pu l’accompagner et la soutenir. Elle a toujours fait preuve d’un énorme courage, elle est passée au travers de tant de souffrances !

Elle s’en est allée, pour un malheureux poignet cassé !…