Tamisé Gilberte

Auteur de la fiche : Thomas Wieder

Gilberte Tamisé

Résistante née le 3 février 1912 à Caudéran (Gironde), pendant la- seconde guerre mondiale, déportée à Auschwitz à l’âge de 30 ans la 24 janvier 1943, Gilberte Tamisé est morte le 17 mars à Pessac (Gironde). Elle avait 97 ans. Née le 3 février 1912 dans la commune de Caudéran (aujourd’hui rattachée à Bordeaux), cette fille de bottier, orpheline de mère à l’âge de 10 ans, s’était engagée dans l’action clandestine, auprès des communistes, dès le début de l’Occupation. Agent de liaison, elle fit pendant des mois des déplacements risqués entre Bordeaux, Bayonne, Tarbes et La Rochelle, jusqu’à son arrestation, le 2 avril 1942, par les hommes du commissaire Poinsot, grand ordonnateur de la chasse aux résistants communistes dans la région. Emprisonnée au fort du Hâ, à Bordeaux, puis au fort de Romainville, près de Paris, elle fut déportée à Auschwitz-Birkenau le 24 janvier 1943 avec sa sœur cadette, Andrée, qui avait été arrêtée en même temps qu’elle pour ses activités dans la Résistance, et qui mourut du typhus deux mois après son arrivée au camp. Ce « convoi du 24 janvier », qui comprenait 230 femmes et dont seules 49 survécurent, devint légendaire dans la mémoire communiste en raison de la notoriété de plusieurs de ses membres : Danielle Casanova (1909-1943), membre de la direction du PCF, Maï Politzer (1905-1943), épouse du philosophe marxiste Georges Politzer, ou Marie-Claude Vaillant-Couturier (1912-1996), veuve de l’ancien rédacteur en chef de L’Humanité. Transférée à Ravensbrück en janvier 1944, puis envoyée sept mois plus tard dans les mines de sel de Beendorf, Gilberte Tamisé retrouva la liberté en mai 1945, après une terrible errance dans un convoi ferroviaire encadré par des SS, au cours de laquelle des centaines de prisonniers moururent d’épuisement ou sous les balles de leurs gardiens. – « La réadaptation à la vie m’a été très difficile. (…) Je ne travaille pas, ma santé est trop mauvaise. Chaque nuit, éveillée ou endormie, je retourne au camp; je revis tout ce que nous avons enduré et je pense à toutes celles que nous y avons laissées », confia-t-elle à l’écrivain Charlotte Delbo, qui publia, en 1965, Le Convoi du 24 janvier (éd. de Minuit), un beau livre sur ses camarades de déportation. •