GUILLEMIN Georges

Bourgogne

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Georges GUILLEMIN

Georges GUILLEMIN, né en 1921, brillant élève, qui était en khâgne au lycée Henri IV, H 4 pour les initiés, fut, comme beaucoup d’entre nous, traumatisé par la défaite brutale de juin 1940.

Dès 1942, il entra en Résistance, comme on entre en religion. Ce fut une vocation spontanée, instinctive. Il fut l’un des membres fondateurs des « Volontaires de la Liberté », puis il fit partie, avec Georges BROUSSINE, du réseau Bourgogne, dont la mission était d’acheminer vers l’Angleterre via l’Espagne les pilotes alliés abattus en France afin de leur permettre de reprendre le combat.

Après avoir ainsi convoyé au moins soixante pilotes, il fut dénoncé par un traître et arrêté à Saint-Girons dans l’Ariège, le 29 octobre 1943.

Après avoir été incarcéré à la prison Saint-Michel à Toulouse pendant deux mois au cours desquels il subit des séances de torture, au siège de la Gestapo locale, il fut transféré à Fresnes jusqu’au 16 mars 1944, séjour interrompu à nouveau par des séances d’interrogatoire et de torture Rue des Saussaies, pas très loin d’ici, où l’on peut, lors des journées du patrimoine, visiter les cellules exiguës, de véritables placards à balais, où la Gestapo enfermait les résistants lors de leur arrestation ou à l’occasion des interrogatoires.

Après toutes ces épreuves, ce fut Compiègne, le camp de Royallieu, sorte de havre, avant l’univers inhumain des camps de concentration ; il y passa quelques semaines jusqu’au 27 avril 1944, date de départ pour l’inconnu.

Cet inconnu, ce fut tout d’abord, curieusement, Auschwitz avant qu’un SS, sans doute plus intelligent que les autres, se rende compte que, parmi les nouveaux arrivés, figuraient deux douzaines de prêtres en soutane qui ne lui ont pas paru représentatifs des victimes habituelles de la Shoah. Si bien que tous les membres de ce convoi furent envoyés à Buchenwald. Après le séjour en quarantaine à Auschwitz, ce fut la quarantaine d’une dizaine de jours à Buchenwald, suivie d’un nouveau transfert dans les mêmes conditions horribles à Flossenbürg. Devenu un numéro, à l’écart de l’humanité, il connut si j’ose dire en peu de temps trois identités successives : après le matricule 185 714 d’Auschwitz tatoué sur son bras, ce fut le matricule 53 912 de Buchenwald, puis le N° 9760 à Flossenbürg.

Dans ce camp, il connut des affectations successives, astreint à des travaux épuisants, d’abord dans l’atelier Messerschmitt (2004), puis à la carrière de granit, avant un transfert à Kamenz au début de 1945 jusqu’au 10 mars.

Devant l’avancée des armées alliées qui enserrèrent l’Allemagne dans un étau de fer, les détenus épuisés de Kamenz furent évacués vers Dachau dans une marche de la mort qui dura six jours.

Dachau fut donc son quatrième camp et il y reçut une quatrième identité : le matricule 145 551 ! Et y fut victime du typhus. Mais toutes ces épreuves, toutes ces tentatives de déshumanisation, n’eurent pas de prise sur lui. Grâce à son moral élevé, à ses convictions, sa robuste constitution aidant, il survécut. Rapatrié en mai 1945, il se rétablit après avoir passé six mois en sanatorium à Chamonix.

Après quoi, Georges entra dans la vie professionnelle, d’abord comme journaliste, puis comme attaché de presse et à partir de 1948, il rejoint l’équipe d’Aéroports de Paris dès sa création. C’est là que se déroule une brillante carrière qui se termine en qualité de Directeur honoraire lors de sa retraite en 1986. Il fut également président d’honneur de l’Association française des relations publiques.

Ses états de service, en temps de guerre comme en temps de paix, lui ont valu de nombreuses récompenses officielles dont :

– Commandeur de la Légion d’honneur,

– Croix de guerre 39-45,

– Rosette de la Résistance