COLONNA D'ISTRIA PAULIN

Auteur de la fiche : J.-F. Colonna d'Istria Président de la section de Corse-du-Sud

GÉNÉRAL PAULIN COLONNA D’ISTRIA

Le général Colonna d’Istria est né le 27 juillet 1905 à Petreto-Bicchisano (Corse). Très jeune, il opte pour la carrière des armes. Élève à l’éco­le militaire préparatoire de St-Hippolyte-du-Fort puis au collège militaire d’Autun (1918-1923), il s’engage à dix-huit ans au 25e régiment de tirailleurs algériens avec lequel il participe à la campagne du Maroc de 1925 à 1926.

La campagne achevée, il est admis en 1927 au concours d’entrée à l’école militaire d’infanterie et des chars de combat de Saint-Maixent. II en sort avec le grade de sous-lieutenant en 1929.

Attiré par la gendarmerie, il entre un an plus tard, à l’école des officiers de gendarmerie de Versailles.

A sa sortie, il sert successivement dans la Garde républicaine mobile en métropole d’abord, puis en Algérie.

En novembre 1942, au lendemain du débar­quement anglo-américain en A.F.N., il occupe à Alger, les fonctions de capitaine, adjoint au général commandant la gendarmerie en Afrique française et peut trouver, dans cet emploi, tous les motifs de satisfaction que procure la joie de faire son métier là où ses aptitudes et l’estime de ses chefs l’ont appelé.

Mais, officier de carrière, patriote et corse de surcroît, il brûle de se donner à la lutte pour la libération de la Patrie. II reprendra donc les armes coûte que coûte.

Avec l’assentiment de ses chefs, il est prêt à repartir en Corse en janvier 1943, avec une équipe composée principalement de parents, mise sur pied par ses soins, lorsqu’un accident inopiné le retient à Alger alors que son équipe vogue sans lui vers son destin.

Déçu mais non découragé, il aspire à faire tou­jours mieux.

Retenu pour l’organisation de la Résistance en Corse, investi des pouvoirs d’un véritable délé­gué militaire du haut commandement français, il reçoit pour mission du général Giraud, d’orga­niser et d’unifier les forces de résistance inté­rieure dans l’île qui, grâce à l’armement reçu, seront appelées à jouer un rôle déterminant le moment venu. II débarque le 4 avril 1943 du sous-marin « Trident » à l’embouchure du Travo.

Non sans mérite, il réalise sur le plan militaire, l’unité sans laquelle toute lutte et tout sacrifice seraient demeurés vains.

Déployant une activité inlassable et se plaçant d’emblée hors des partis, il réussit à convaincre toutes les organisations, jusqu’alors réticentes, de se rassembler pour la seule cause sacrée de la libération. Son intervention sera déterminan­te pour la suite des actions de résistance armée.

Il parcourt l’île dans tous les sens, repérant des sites de parachutage, constituant des équipes, réceptionnant des armes et des munitions…, bref, organisant la lutte préparatoire au débar­quement allié. Son action dans l’organisation de la résistance en Corse, dans des circons­tances difficiles et périlleuses, en fait le principal artisan de la libération de l’île. Recherché par l’O.V.R.A. (police politique italienne), parfois déce­lé, il échappe toujours à l’arrestation.

Aussitôt connu l’Armistice, conclu par les alliés avec l’Italie, il lance le signal du soulèvement, le 9 septembre 1943.

Les premières troupes françaises débarquent dans l’île le 14 septembre 1943. Le général Giraud arrivant par surprise dans l’île remet alors au chef d’escadrons Colonna d’Istria, la croix de chevalier de la Légion d’honneur avec la citation suivante, à l’ordre de l’armée

« Organisateur et chef de la Résistance en Corse, le chef d’escadrons Colonna d’Istria a, pendant six mois, mené sur sa terre natale une vie de proscrit, relevant les énergies, armant les patriotes, préparant avec un courage indomp­table la libération de son pays. A su, pendant les heures tragiques, incarner les plus belles qualités de sa race : fierté indomptable, haine farouche de l’ennemi et profond amour de la France ».

Après la Libération, il est élu député à l’Assemblée Constituante. Mais déçu par la politique, il démissionne et reprend sa place dans la gendarmerie.

Promu lieutenant-colonel en 1944, il est dési­gné pour occuper les fonctions de sous-direc­teur de la gendarmerie à Paris. Promu colonel en 1947, il sert successivement à Alger, à la tête de la Garde républicaine mobile puis à Lyon, au commandement régional de la gen­darmerie.

Général de brigade en 1957, il prend le com­mandement de la gendarmerie en Allemagne. Admis dans la 2e section de l’État Major Général le 27 juillet 1963, il prend sa retraite à la même date et se retire à Toulon le 4 juin 1982, année de son décès

Décoré de la croix de la Libération en 1944, nommé général en 1956, fait Compagnon de la

Libération, il est élevé à la dignité de grand offi­cier de la Légion d’honneur en 1963.

Lune des deux citations accompagnant la Croix de guerre 39-45 qui lui a été décernée justifie le titre de « Héros de la France Libre ». Elle mérite d’être, à cette occasion, rappelée

« officier supérieur de haute valeur, s’est consa­cré, durant plusieurs mois avec une ténacité et un courage exemplaire à l’organisation de la résistance en Corse, triomphant des difficultés et des dangers sans nombre et faisant la preuve des plus belles qualités de chef de combat. Le 9 septembre 1943, profitant de la confusion née dans les rangs de l’ennemi par la nouvelle de l’Armistice italien, a déclenché les combats libérateurs avant même que ne soit annoncé le corps de débarquement allié, offrant à celui-ci une île aux trois quarts libérée ». Pour son action, parce qu’il a été fidèle à la devise de la gendarmerie « Pour la patrie, l’Honneur et le Droit », le général Paulin Colonna d’Istria méri­te, selon le propos de Georges Clemenceau « … ce respect dû aux sentinelles, car ils sont les gardiens que la conscience seule garde ».

Cet homme courageux, cet homme fier, cette homme debout aimait profondément sa Patrie et la Corse, la terre de ses ancêtres. II les a ser­vies toutes les deux avec honneur et fidélité jus­qu’à la limite de ses forces. II est mort en paix avec sa conscience apres avoir oeuvré une vie durant « … pour l’honneur de la France, de la Corse et celui de notre nom ».

Aujourd’hui, la Corse ne l’a pas oublié. Une rue d’un quartier populaire d’Ajaccio porte son nom. II en est de même à Porto-Vecchio. Une stèle a été érigée à Petreto-Bicchisano, son village natal. Enfin, un corps de bâtiment attribué à la gendarmerie et situé au sein du camp mili­taire « général Henry Martin » à Borgo (Haute-Corse) porte le nom de « général de gendarmerie Colonna d’Istria ». Contrairement à ce qui a pu se dire ou s’écrire par ailleurs, le camp « général Henry Martin » n’a jamais été débap­tisé. Seule l’emprise de ce camp a été baptisée. « Général de gendarmerie Colonna d’Istria ». A l’image de ce qui s’est effectivement passé sur le sol de Corse en septembre et octobre 1943 où troupes de l’Armée d’Afrique et patriotes insulaires combattaient côte à côte l’occupant. L’association de ces deux noms demeure ins­crite dans l’airain du souvenir de la libération de la Corse, premier territoire de France libéré du joug fasciste.