PRIGENT François "Pierrot"

Auteur de la fiche : Alain Prigent & Serge Tilly

François PRIGENT

PRIGENT François

Pseudonyme(s) utilisé(s) : Pierrot

Mouvement : F.T.P. (Franc-Tireur-Partisan)

Date de naissance : 21-06-1923

Date de disparition : 06-05-1944

Son action dans la résistance :

PRIGENT François, alias Pierrot
Né le 21 juin 1923 à Lisieux (Calvados), fusillé te 6 mai 1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; cheminot ; membre du triangle de direction des FTP des Côtes-du-Nord ; membre du Parti communiste clandestin.

Fils d’un employé des chemins de fer de Mezidon (Calvados),

François Prigent fréquenta le petit séminaire de Caen puis l’école des apprentis mécaniciens de Brest. Il entra à la SNCF comme électricien pendant la guerre.

Afin d’échapper à la Relève, il se replia à Maël-Pestivien chez le cousin de son père, Le Graët. Il se cacha ainsi pendant des mois travaillant à la ferme.

Il fut un des responsables des FTP dans l’ouest des Côtes-du-Nord en contact avec Ernest Georgelin. Il fut chargé par Louis Pichouron d’organiser les premiers sabotages sur la voie ferrée Paris-Brest. En septembre 1943, quelques semaines après les grandes arrestations contre le PC clandestin, il intégra le triangle de direction des FTP au niveau départemental comme commissaire aux opérations.

Il fut arrêté le 7 janvier 1944 à Lann¬Kerguily en Trébrivan alors qu’il circulait à bicyclette ; il fut trouvé porteur d’un revolver à barillet 9 mm chargé ainsi que de 23 cartouches destinées à cette arme. Selon le procès-verbal de son interrogatoire, il était porteur de nombreux documents montrant l’importance de son rôle au sein des FTP.

Il reconnut avoir participé à une série d’actions de sabotages sur la ligne ferroviaire Paris-Brest, en particulier à Plouagat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) le 9 novembre 1943 et à Plouégat-Moisan (Finistère) le 6 décembre 1943, ainsi qu’à la destruction de pylônes électriques à Maël-Carhaix (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) le 11 décembre 1943.

Il dirigea en outre l’exécution d’un certain nombre de collaborateurs notoires dans le Sud-Ouest du département des Côtes-du-Nord à l’automne 1943. Il dut faire face à des problèmes d’indiscipline au sein de groupes FTP repliés de Spézet (Finistère) dans la région de Plévin (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) sans qu’il puisse y parvenir pour assurer la sécurité de l’ensemble de la Résistance dans cette région de Bretagne.

Emprisonné à la maison d’arrêt de Guingamp puis dans celle de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Après avoir été sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de l’ouest du département, le 5 mai 1944 il fut condamné à la peine de mort par la Cour Martiale du Tribunal de la Feldkommandantur 665 à Saint-Brieuc « comme franc-tireur ».

Durant la nuit qui précéda leur exécution, les douze FTP, incarcérés à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, chantèrent La Marseillaise et L’internationale et d’autres chants repris par d’autres patriotes également détenus. Durant leur transfert sur le lieu d’exécution des témoins les entendirent chanter de nouveau.

Les autorités allemandes exécutèrent François Prigent avec ses onze camarades Marcel Bitaille, Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber et Roger Quintric le 6 mai 1944 au camp de manoeuvre des Croix en Ploufragan, par groupes de quatre entre 7h10 et 7h31. Dans l’après-midi vers 17h un groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au même endroit. Les dix neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Le décès de François Prigent fut constaté par un médecin allemand à 7h21.

Célibataire, il avait 21 ans.

Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), au mois d’avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu’en Russie. Le fait qu’elles furent annoncées par la presse régionale de Vichy mit en évidence l’impact sur la population que les autorités d’occupation escomptaient donner à l’événement.

Quelques jours après l’exécution, le 12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme fut aussi accrochée au monument.

Constatant que la population venait déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l’abri de tout regard dans la forêt de L:Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Après la Libération à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès FTP, tous les trois originaires de Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ».

Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d’origine. Le COL, (Comité Départemental de Libération) prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui de François Prigent, fit le nécessaire pour les rapatrier dans les localités respectives.

Le nom de François Prigent figure sur le monument des dix-neuf fusillés au camp de manoeuvre des Croix en Ploufragan, sur le monument des fusillés et massacrés de l’Hermitage-Lorge (lieu à proximité duquel furent découverts les corps) et sur le monument de la Résistance et de la Déportation au lieu-dit La Pie en Paule (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Commentaire de l’auteur

Sources : -Archives dép. Côtes d’Armor, 2W112, 2W118, 1043W21 ; archives de l’ANACR-22. -Jean Le Jeune, Itinéraire d’un ouvrier breton, Saint-Brieuc, 2002 ; Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969 ; Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord P920-19451, Saint-Brieuc, 2000 ; Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-19441, Les lieux de mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n°10, 2004 et n°11, 2005. -Témoignage d’Armand Tilly.