MICHEL Ferdinand
Auteur de la fiche : R.J. Poujade
Ferdinand MICHEL
Le Colonel des Troupes de Marine, Ferdinand Michel, est mort, ce 8 mai 2012, dans sa 100e année.
Commandeur de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Croix de Guerre des TOE, de la Médaille de la Résistance, de la Médaille de la France Libre, il combattit durant la Seconde Guerre mondiale en France, puis en Indochine.
Le Colonel F. Michel était membre de la commission de la Résistance au Ministère de la Défense. Vice-président, pour l’Extrême-Orient, du CAR, il était le Président d’Honneur de la Fédération des Réseaux de la Résistance en Indochine, FFL-FFC, après en avoir été longtemps l’actif Président.
Notre ami était un puits de connaissances historiques sur la guerre clandestine de la Résistance contre l’occupant japonais de l’Indochine ainsi que sur la vie et les traditions des principales ethnies. Son ouvrage : « Synoptique de la Résistance française en Indochine » fait autorité.
Né en 1912 près de Lunéville, il vécut jusqu’en 1918 près de la frontière qui, depuis 1871, séparait la Lorraine en un département français et un Land allemand.
Après de sérieuses études secondaires et breveté de la Formation Militaire, il fut admis à l’École Militaire de Saint-Maixent, section des Officiers de Réserve. Puis ce patriote, déjà inquiet par l’esprit de revanche qui se développait Outre-Rhin, s’engagea et entra à nouveau à l’École Militaire de Saint-Maixent, mais comme Officier de carrière. Il y fut un des plus jeunes.
Promu lieutenant, il partit pour un premier séjour colonial en Indochine (Tonkin) où il se passionna pour l’histoire et les moeurs des Tonkinois et apprit la langue vietnamienne dont il fut un expert reconnu. Rapatrié en fin de séjour, il monta au front en mai 1940 et fut grièvement blessé dans les combats au sud de la Somme
Hospitalisé longtemps dans le Sud-ouest, il fut désigné par les « Camps de Fréjus » pour partir vers l’Indochine menacée par les forces du Japon, membre de l’Axe Berlin-Rome-Tokyo. Il débarqua du « Compiègne » après 92 jours de mer, au moment où l’armée japonaise occupait l’Indochine (juillet 1941) pour y installer ses bases d’attaque de sa « Guerre de la Grande Asie Orientale » Affecté au Tonkin, le Capitaine F. Michel entra dans l’organisation du Colonel Maupin, qui devint le « Réseau de la Résistance Maupin-Levain ».
Vaillant combattant près de Lang Son, lors du coup de force japonais du 9 mars 1945 qui mit fin à la souveraineté française en Indochine, miraculeusement survivant des combats et des massacres, le Capitaine Michel entreprit une marche longue et périlleuse pour rejoindre la base de la France Libre en Chine.
Au cours de sa retraite par les monts du Tonkin, il regroupa des isolés qui avaient réussi à éviter la capture par l’armée japonaise, et passa la frontière à la tête de quelques 300 hommes. Il fut affecté dans le camp français où étaient déjà, avec le Général Alessandri, les militaires qui avaient dû battre en retraite en combattant près de la région de Tong.
En 1946, le Capitaine Michel a commandé l’avant-garde de la colonne « Quilichini » que le Général Leclerc chargea de reconquérir Dien Bien Phu, que l’armée chinoise, appuyée par un contingent du Viêt-Minh, occupait en force. Par une manoeuvre remarquable, à la tête de la forte compagnie, à majorité indochinoise, le Capitaine Michel libéra la « cuvette de Dien Bien Phu » .Quelques jours plus tard, le Général Leclerc vint, en avion, féliciter et décorer les vainqueurs.
Rentré en France en 1947, le Capitaine Michel fut affecté à la Direction des Troupes Coloniales, Section d’études et d’informations. Après une brillante carrière, qu’il termina comme Colonel (déjà ancien), Ferdinand Michel se consacra au devoir de mémoire, dont il fut un efficace promoteur.
Il a été le Commandant de l’École des Officiers Khmers à Phnom-Penh et professeur de langue annamite à l’École des langues orientales.
Jusqu’au dernier jour, il est resté actif mais il nous a quittés, le jour anniversaire de la victoire du 8 mai 1945 sur. le Reich nazi, victime des suites d’un accident au cours d’une opération courante.
Avec le Colonel Michel disparaît le dernier combattant de Lang Son du 9 mars 1945. Capitaine au Régiment des Tirailleurs Tonkinois et Chef de Poste Frontière, il participa aux dernières manoeuvres militaires françaises en Indochine.
Il ne laisse que des amis qui l’ont toujours eu en grande considération pour ses qualités d’homme et de soldat. Qu’il repose en paix !