DEBONNE Emile "Alias « Cordier » ou « Alfred »"

F.T.P.

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Emile DEBONNE

Emile Debonne voit le jour à Drocourt dans le Pas-de-Calais, le 15 mai 1910. Son père, nommé également Emile Debonne, tombe le 7 octobre 1915 dans les tranchées de Souain (Champagne), laissant quatre orphelins. En 1920, enfin débarrassés de cette très longue présence germanique, le jeune « Mimile », son frère et ses deux sœurs s’installent avec leur mère à Raismes près de Valenciennes. Cette dernière, qui travaille dans un bar, se remarie avec Etienne Desombre. En 1922, leur premier enfant est baptisé Etienne. A peine âgé de treize ans, Emile Debonne descend courageusement à la mine comme son père autrefois. En 1929, il épouse Simone, une belge, et à peine majeur, en 1931 a déjà deux enfants (Emile et Simone). Pupille de la Nation, il est exempté de service militaire. Pendant les Années Trente, il s’engage ardemment auprès du parti communiste et participe aux luttes ouvrières de la CGT.

Le début de la Guerre marque un tournant dans la vie d’Emile Debonne qui vient de divorcer. Son parti étant interdit et ses opinions un peu trop connues, il décide de rejoindre sa mère installée depuis 1936 au Mans. Rapidement, il est engagé aux Usines de Pontlieue, où travaille déjà son demi-frère, Etienne Desombre, de douze ans son cadet. Ils assemblent des chenillettes à deux places permettant de ravitailler les troupes en première ligne. Tout s’écroule le 18 juin 1940… « Blême de rage et d’impuissance, répétant sans cesse : ce n’est pas possible ! », Emile pleure à la vue de ces « Boches » qui défilent à la Lune de Pontlieue.

Le 14 septembre 1940, il se remarie avec Lucie Piron, originaire de Fercé/Sarthe et ils emménagent au 6, rue des Sapins à Pontlieue. Comme Etienne, il entre chez Renault qui travaille maintenant pour l’Occupant. Emile est bien décidé à organiser la riposte clandestine. Ils mettent d’abord de l’émeri dans la graisse des chenilles qu’ils usinent et collent des étiquettes « A bas les Boches », dans les WC Emile Debonne devient fileteur chez Gnôme et Rhône, en août 1941. Avec une ronéo, volée à l’usine Knops, il fabrique chez sa mère au 62, rue de Ruaudin, des tracts antifascistes, qu’il distribue à l’usine. Son épouse, qui vient de donner naissance, en 1942, à leur petite Michèle est tenue à l’écart de son intense activité.

Au début de l’année 1943, celui que ses camarades surnommaient « Cordier » devient « Alfred », commissaire politique FTPF. Renforcée par une poignée de cadres communistes bretons, l’équipe locale avec Armand Blanchard, Emile Derruau, Eugène Dubruille, Edmond Garreau, multiplie les sabotages contre les convois ennemis à la gare de triage. Avec Paul Madiot et René Le Pétillon ils coupent les tubes de frein sur des wagons. « Alfred » et Pierre Corre attaquent à l’explosif une plaque tournante le 9 janvier et huit jours plus tard la voie ferrée à Pont de Gennes. Le dimanche 18 janvier à 6 heures du matin, Emile Debonne fait sauter les locaux de la Ligue française contre le bolchevisme puis ceux de l’Office de placement des ouvriers français en Allemagne situés avenue Thiers au Mans. L’après-midi du 26 février, « Alfred » avec son 6.35 et Alex Auvinet muni de son 7.65 arrivent à bicyclette à la mairie d’Allonnes et se font remettre les cartes de ravitaillement devant le public consterné.

Le 6 mars 1943, « Alfred » est arrêté. Sa mère lui rend visite jusqu’au 28 avril, date à laquelle il est livré au secteur allemand de la prison du Vert Galant. Les 26 et 27 mai, treize « terroristes » comparaissent devant la Cour martiale de la Feldkommandantur du Mans. La plaidoirie de Maître Léon Hamard de Laval ne peut empêcher l’exécution d’Emile Debonne et de dix camarades patriotes. Fusillé le 1« juin 1943, à seize heures au camp d’Auvours, Emile Debonne est enterré anonymement à Téloché. En 1983, ses restes ont été authentifiés grâce à sa chevalière et sa tombe refaite par la municipalité. Reconnu sous-lieutenant des Forces Françaises Combattantes, Emile Debonne a été décoré de la Médaille militaire en 1955. La rue de Raismes qui portait son nom est devenue maintenant la place du général de Gaulle.