Delaye Adrienne

Phalanx

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Delaye Adrienne

Témoignage de  Mme Adrienne DELAYE du Réseau PHALANX

J’avais deux frères, Pierre et Jean. Pierre était entré dans la Résistance en revenant d’Angleterre, après avoir été prisonnier en Russie. Il était radio au réseau Phalanx, dirigé par Christian PINEAU qui avait

pour pseudonyme « Francis ». Mon frère Jean, qui était également du réseau, est venu un jour me demander, au cours d’une promenade en campagne pour éviter les oreilles indiscrètes, si j’accepterais d’entrer, moi aussi, au réseau comme agent de liaison Il m’a expliqué toutes les contraintes, tous les risques toute la discrétion et le cloisonnement qu’impliquait

un tel engagement. J’ai accepté d’emblée car j’essayais moi-même de rentrer dans la Résistance mais je ne savais pas comment faire. Je n’ai appris que par la suite l’engagement de mon frère Pierre. Chez moi on apportait des plis que je devais remettre à d’autres personnes. J’avais une boite aux lettres sans affectation qui a servi, par la suite au 2ème radio pour

le dépôt de divers courriers. C’est par une imprudence de ce radio, qui avait gardé mon adresse sur lui , qui, elle a été trouvée quand il a été arrêté. Alors la Gestapo est venue chez moi pour m’arrêter. Je n’étais pas à

mon domicile ce jour là étant à Paris. pour les contacts habituels que j’avais avec Madame GAZIER qui me transmettait des documents que je devais remettre à « Francis », notre chef de réseau. Mon mari qui était présent

a été arrêté et a été obligé de dire sous la menace que j’étais à Marchampt (près de Lyon, où j’ai une maison de famille). Ils y sont tous allés le soir tard et ont réveillé ma petite fille de cinq ans pour lui demander où je me trouvais. Elle a pu répondre sincèrement qu’elle ne savait pas. Revenus à Lyon , ils ont envoyé mon mari à la prison de Montluc. Ils sont ensuite revenus à mon appartement pour tendre une souricière en m’attendant. J’avais ce jour là un rouleau de papiers secrets cachés sous mon bras.

J’ai immédiatement prétexté un besoin féminin de me changer. Je suis allée dans la chambre de ma fille où il avait une fenêtre entrouverte donnant sur un toit en contrebas. J’ai pu jeter rapidement sur ce toit  rouleau de papiers à leur insu.

J’ai été immédiatement emprisonnée à Montluc. Deux jours après Christian PINEAU qui venait, selon son habitude , à mon appartement m’apporter ou prendre des documents, est tombé à son tour dans la souricière et a été également emprisonné à Montluc.

Le Chef de réseau « Francis » était très recherché par les Allemands

mais n’a jamais été reconnu dâns la personne de Christian PINEAU qui avait ses papiers au nom de GRIMAUD, nom qu’il a gardé jusqu’à la libération de Buchenwald où il a été déporté par la suite.

Un jour pendant le temps de promenade de la prison j’ai vu une femme rencontrée une quinzaine de jours plus tôt , quand j’avais été chercher des papiers chez elle. Elle connaissait mon frère Pierre sous le nom de « Joseph », mais ne savait pas que j’était sa soeur Je lui ai demandé pourquoi elle était à Montluc. Elle m’a répondu : « Parce qu’ils ont tué Joseph chez moi ». Et c’e mt ainsi que j’appris la mort de mon frère et qu’il m’a fallu l’apprendre sans manifester la moindre émotion.

Je me suis arrangée pour le faire savoir à Christian ‘PINEAU puisqu’il s’agissait de son radio.

Je suis restée un an à Montluc et ensuite j’ai été déportée à Ravensbruck.