ANKER Daniel Samuel
Auteur de la fiche : Sources : Musée National de la Résistance de Champigny
Daniel Samuel ANKER
Daniel Samuel ANKER est en Pologne en octobre 1902, ouvrier de l’Habillement.
L’indépendance polonaise, à la fin de l’année 1918, amena un antisémitisme violent, à base nationaliste. Les pogroms firent leur apparition. Pour les Juifs, se posa une question: allaient-ils défendre la Pologne qui commençait à les maltraiter contre la Russie révolutionnaire vers laquelle beaucoup regardaient ? Gagné à la révolution, ANKER choisit la fuite en juin 1919 à Berlin où la venait de survenir l’écrasement du mouvement spartakiste. La situation économique s’était dégradée, la crise s’approfondissait et ANKER quitte le pays. Il tente d’émigrer au Portugal. Transitant par la France, il préféra rester à Paris. Après avoir obtenu une fausse carte de travail, ANKER entra à l’usine de la Société parisienne de confection à la fin du mois d’octobre. Il se syndique au début de 1924 à la CGTU et monte le syndicat dans son entreprise. Les syndicats de l’habillement comprenaient une majorité de travailleurs immigrés, essentiellement des juifs. ANKER représenta les jeunes syndiqués de l’habillement au congrès national de la CGTU à Bordeaux en 1927. Politiquement, D.ANKER avait adhéré aux jeunesses communistes (Quatrième Entente) en 1924. Il adhérera au Parti communiste en janvier 1927. IL devient le secrétaire du syndicat CGTU de la confection féminine ; mais son nom n’apparut jamais dans les déclarations officielles à la préfecture. D. ANKER était aussi membre du bureau de la Fédération CGTU de l’habillement et du textile et membre de la commission exécutive de l’Union des syndicats CGTU de la région parisienne.Vers 1931-1932, sous le nom de Daniel Dunois, il occupe la responsabilité de secrétaire du sous rayon communiste des 1er et 2ème arr. En juin 1936, la plupart des entreprises parisiennes de la confection féminine sont en grève. ANKER suit tout particulièrement les grévistes de la maison Boussac. Parallèlement, comme membre du bureau du syndicat de la confection féminine, il négocie et signe (sous le nom de Daniel Dunois), le 22 juin, la première convention collective de la profession. Par la suite, son état de santé s’étant détérioré à la fin de l’été de 1936 ANKER limite son activité militante; il anime toutefois dans sa corporation la solidarité avec les Républicains espagnols et fut gréviste le 30 novembre 1938.
À la déclaration de guerre, mouvement commun à de nombreux Juifs, il s’engage comme volontaire pour la durée de la guerre. Il combat sur le front d’Alsace et surtout dans les Ardennes puis est démobilisé le 6 septembre 1940. Rentré à Paris, il ne trouva pas de travail. Un syndicat clandestin, regroupant des communistes et des sympathisants, s’était constitué. Les camarades d’ANKER lui demandèrent de militer dans ce syndicat clandestin. ANKER fut au coeur de la création des » comités populaires » au début de 1941. Les autorités allemandes ont besoin de vêtements pour les troupes, il s’agissait d’en pratiquer le sabotage. Quand la menace contre les Juifs se précisa au printemps de 1941, ANKER cessa d’aller pointer à la Préfecture. Il devint tout à fait clandestin sous le nom de Jean Breton. Il sera arrêté le 27 avril 1942 par la brigade spéciale des Renseignements généraux de la Préfecture de police » pour activité communiste clandestine « . Après huit jours d’interrogatoire dans les locaux de la préfecture, il fut mis à la disposition du Parquet et placé préventivement à la prison de la Santé où il devait séjourner un an.
Condamné aux travaux forcés, ANKER fut transféré à la maison centrale de Clairvaux (Aube). Les internés politiques refusèrent de travailler pour les Allemands. Le 17 septembre 1943, la plupart des détenus étaient transférés à Blois.
À la fin de 1943, ANKER est déplacé au fort de Romainville, le » camp des otages « , et remis aux autorités allemandes. Transféré, le 17 janvier 1944, au camp de Royallieu près de Compiègne, ANKER partait trois jours plus tard au camp de Buchenwald. ANKER fut appelé à jouer un rôle important dans l’organisation clandestine du camp en raison de ses connaissances linguistiques. À son retour, Julien CAIN, administrateur de la Bibliothèque Nationale, confia à l’Humanité — 21 avril 1945: » A Compiègne, les communistes faisaient mon admiration pour leur moral magnifique, leur union, leur fraternité pour tous. À Buchenwald, Marcel PAUL fut secrétaire général du groupement français clandestin du camp ; sous la menace de la corde, avec Daniel ANKER, il évita à des milliers de déportés les affreux commandos de terrassements, ceux d’où l’on ne revenait jamais « .Le camp se libéra lui-même le 11 avril 1945 par l’action des brigades de combat. En mai 1945, ANKER devient membre du secrétariat de l’Union syndicale CGT de l’habillement qui regroupait toutes les branches de cette activité dans la région parisienne. Il était aussi membre de la commission exécutive de l’Union des syndicats CGT de la Seine. Il siégeait aussi au bureau national de l’Association française Buchenwald Dora et commandos, dont l’objectif était la fidélité au » serment » fait le jour de la libération du camp contre la renaissance du fascisme.