REEVES GILLIE Cécilia

Auteur de la fiche : Jean-Louis Crémieux-Brilhac - Journal Le Monde du 14 mai 1995

Cécilia REEVES GILLIE

Celle qui fut l’âme du service français de la B.B.C. est née le 18 août 1907.

Aux pires heures de 1940, cette jeune femme intelligente et énergique a joué un rôle décisif dans la création du service français de la B.B.C., qui allait pendant quatre ans, pour les Français de France, la voix de la Liberté. Diplômée de Cambridge, attachée à la B.B.C. depuis 1933, démocrate ardente, elle est pendant la « drôle de guerre », officier de liaison au bureau parisien de B.B.C.. Elle regagne Londres peu avant la débâcle. Les émissions en français se limitent alors à six bulletins quotidiens d’information d’un quart d’heure , dont deux seulement, le soir, sur les ondes moyennes. C’est dans le cadre d’un de ces bulletins que le général de Gaulle prononce son appel du 18 juin. Dès le lendemain, Cécilia REEVES est, avec le critique d’art Raymond Mortimer, l’artisan d’un accord de coopération qui, jusqu’à l’armistice, met, à 20 h 30, un quart d’heure d’émission londonienne à la disposition de la Radiodiffusion nationale. Juin 40 la radio reste le seul lien permettant aux Britanniques de communiquer avec la France. Tandis que Churchill accorde à de Gaulle cinq minutes d’émissions quotidiennes, la B.B.C. entreprend de créer un programme français de trois quarts d’heure à une heure de grande écoute. Cécilia REEVES persuade un homme de théâtre évacué de Dunkerque, le metteur en scène Michel Saint-Denis, neveu de Jacques Copeau d’en être l’animateur. Elle contribue à ses côtés à la conception du programme « Les Français parlent aux Français ». C’est elle qui suggère l’idée de l’émission dialoguée « Les trois amis », qui peut passer pour un modèle de propagande politique au meilleur sens du terme.

Le service français, en constante expansion, comptera en mai 1944 dix-sept émissions par jour totalisant six heures et demie. 70 % des foyers français ayant un récepteur écouteront alors la radio de Londres. La B.B.C. aura été un des rares secteurs où Français et Britanniques auront, pendant quatre années travaillé en symbiose. Cécilia REEVES aura été un des meilleurs agents de l’Entente cordiale radiophonique, aux côtés du directeur anglais de la section française, le journaliste Darsie GILLIE, dont elle devint la femme en 1955.

Après la guerre, Cécilia fut jusqu’en 1967 le représentant de la B.B.C. à Paris, tandis que Darsie GILLIE était correspondant du Guardian.

Ils se retirèrent à Mirabeau dans le Vaucluse où GILLIE mourut en 1972.

C’est en Pologne auprès d’amis qui l’avaient recueillie, que Cécilia REEVES GILLIE, gravement handicapée depuis plusieurs années, est morte le 20 avril 1995 à l’âge de 88 ans.