Friang Brigitte

Auteur de la fiche : Jean Novosseloff

Brigitte Friang

Résistante à 19 ans, rescapée de Ravensbrück, attachée de presse d’André Malraux, Brigitte Friang est décédée dimanche

Disparue à 87 ans, elle a traversé son siècle en femme libre, courageuse et indépendante. Grièvement blessée par la Gestapo lors de son arrestation, elle fut  déportée à Ravensbrück, puis à son retour, l’une des rares journalistes de sa génération à couvrir la guerre d’Indochine, l’expédition de Suez, la guerre des Six Jours ou la guerre du Vietnam.

Brigitte Friang naît le 23 janvier 1924 à Paris (XVIe) dans une famille  bourgeoise qu’elle quitte pour s’engager dans la Résistance à l’âge de 19 ans.  Elle entre en août 1943 au Bureau des opérations aériennes (BOA), réseau chargé  d’accueillir les agents et les armes du Bureau central de renseignement et  d’action (BCRA, services secrets de la France Libre). Dite dite « Galilée 2 », elle va inspecter des  terrains d’atterrissages clandestins, porter des documents ou des valises de  radioguidage. En mars 1944, donnée par un membre de son réseau, elle est  interpellée au Trocadéro par la Gestapo, bouscule un Allemand avant d’être  blessée d’une balle dans le ventre. Torturée, elle ne parle pas. Déportée à Ravensbrück à l’âge de 21 ans, elle survit à une « marche de la mort » (470 km à pied pendant trois semaines).

Première correspondante de guerre A son retour à l’Hôtel Lutetia à Paris qui accueille les rescapés des  camps, elle ne pèse plus que 26 kg. D’abord attaché de presse d’André Malraux  au rassemblement du peuple français (RPF) de 1947 à 1951, une fonction qu’elle  reprendra en 1958 et 1959 au ministère avec André Malraux. Elle tint dans les  « Antimémoires » de l’écrivain le « rôle symbolique des femmes déportées, ce  peuple dérisoire des tondues et des rayées ».Elle passe son brevet parachutiste militaire, devient correspondante de  guerre, d’abord pour la presse écrite, puis pour la télévision à l’ORTF. Prisonnière du Vietcong, sautant en parachute avec des commandos parachutistes,  prise sous le feu des mortiers, elle dira un jour : « Je passe ma vie à crever  de frousse ».Première femme correspondante de guerre, Brigitte Friang fut l’une des  rares femmes de sa génération à couvrir la guerre d’Indochine de 1951 à 1954 –  elle fêtera ses trente ans en janvier 1954 dans la cuvette de Dien Bien Phu -,  l’expédition de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967 ou l’offensive du  Vietcong du Têt sur Saïgon en 1968. En mai 1968, cette gaulliste est pourtant licenciée de l’ORTF où elle  dénonce les pressions du pouvoir sur les rédactions. Après 1968, Brigitte Friang devient journaliste indépendante et écrit  plusieurs livres. Elle avait raconté sa vie dans « Regarde-toi qui meurs »  (Robert Laffont), paru en 1970, un livre dédié à André Malraux. Elle était  également l’auteur de « Un autre Malraux » (Plon), sorti en 1977, racontant les  rapports de l’écrivain avec le général de Gaulle. Brigitte Friang était grand officier de la Légion d’honneur et de l’ordre  national du Mérite, rosette de la Résistance et Croix de guerre 1939-1945 et  des TOE (Territoires d’opérations extérieures).