BONDOUX Paul

Auteur de la fiche : Roger LEFORT

BONDOUX Paul


Né le 04/06/1897 à GLUX EN GLENNE, canton de Château-Chinon (Nièvre),

Chevalier de la Légion d’Honneur, il est le principal du collège moderne de CAHORS (sis rue Emile Zola) et a été arrêté par la gestapo en présence des élèves, le 30 mai 1944, puis déporté par les allemands par le convoi du 02/07/1944 dit « train de la mort » à DACHAU, puis FLOSSENBURG  et enfin HERSBRÜCK où il est décédé le 10 otobre 1944 et a été incinéré.

Résistant, Paul BONDOUX hébergeait au collège nombre de clandestins dont des enfants juifs et des Alsaciens et Mosellans ayant refusé l’incorporation de force dans l’armée allemande.


En mémoire d’un « Juste »

Un texte sous forme d’hommage rédigé par Roger LEFORT

Avant que nos souvenirs ne s’estompent, il m’est un précieux devoir de relater dans nos colonnes l’histoire d’un collège pas comme les autres.

En effet, le collège moderne sis rue Emile Zola à CAHORS et fonctionnant durant la dernière guerre sous la houlette de M.Paul BONDOUX, était en vérité un refuge pour étudiants clandestins et une véritable annexe secrète des Ecoles Normales d’Alsace et de Moselle repliées.

Sa structure permettait aux élèves de poursuivre leurs études jusqu’au Brevet Supérieur.

M.BONDOUX, outre le recrutement normal accueillait dans son établissement des enfants juifs,  des réfractaires du S.T.O. (service du travail obligatoire), des résistants faisant fonction de surveillants, et des Mosellans et Alsaciens évadés pour se soustraire à l’incorporation de force dans l’armée allemande et  placés là par le Rectorat de Strasbourg replié à Périgueux.

Ces camarades qui me pardonneront de les citer sans les avoir consultés furent : Biendel (originaire de Rombas), professeur de mathématiques qui épousa la fille de M. et Mme BONDOUX, Gadat qui prit  épouse et ses fonctions d’instituteur à Souillac, Bellot Jean instituteur à Veckring,  Chatel-Legay Gilbert, par la suite rédacteur au Républicain Lorrain, Schwing Joseph alias Bonnaventure, instituteur à Metz , Bender Charles originaire de Mulhouse.

Discrétion obligeant nous ne savions que peu de choses de nos passés respectifs. C’est à la diligence de  M. et Mme BONDOUX, des surveillants et de M. l’intendant que nous devions de nous reconnaître et d’être pris en charge par les anciens.

Une grande solidarité nous unissait. Je m’en tiendrai à quelques faits parmi d’autres :

  • Charles Bender m’associa au nettoyage des tables du réfectoire ce qui me permettait de récupérer des restes de pain mais aussi de choux braisés, topinambours et autres rutabagas que nous consommions la nuit pendant que nous révisions.
  • Biendel et Dieudonné nous permirent l’indispensable rattrapage en mathématiques.
  • Gadat enfin dont l’amitié ne m’a jamais fait défaut aux heures sombres.

J’associerai à cette énumération nos camarades lotois, ceux auxquels on pouvait faire confiance , qui nous ouvrirent largement leurs boîtes de provisions , et nous accueillirent dans leurs familles lors des petits congés, -de même que les expulsés lorrains qui nous servirent de correspondants pour les sorties autorisées qui furent rares en raison des risques encourus.

Mais les maîtres d’oeuvre de cette qualité d’accueil furent sans conteste M. et Mme BONDOUX qui eurent pour nous toute l’attention de véritables parents.

Je ne citerai pour exemple que cette chaleureuse fête de St Nicolas de 1943 où tous les clandestins et les surveillants furent réunis le soir dans un petit amphithéâtre pour partager fruits, gâteaux et gâteries concoctés en dépit des restrictions, par Mme BONDOUX, et pour écouter le message d’espoir de notre principal.

Cependant l’activité de M.BONDOUX  ne se bornait pas à cette périlleuse fonction d’accueil.

Si dès 1942, M.ROUVIERE (professeur d’histoire) avait organisé un réseau d’étudiants-résistants dans les classes de Brevet Supérieur et au contact avec les maquis naissants, M.BONDOUX  prit une part déterminante aux actions fortes menées à partir du collège : – activités de renseignement (le collège jouxtant le siège de la gestapo) et si je ne parviens à situer son rôle exact, il est notoire que l’usine Rattier de Figeac qui fabriquait des hélices pour les Heinkel allemands fut sabotée par cinq hommes dont aurait fait partie Léo Mandeix, notre professeur d’éducation physique.

M.ROUVIERE, professeur d’histoire et M.BONDOUX furent arrêtés par la gestapo.

le 30 mai 1944, arrestation effectuée en présence des élèves venus pour passer les épreuves du Brevet Elémentaire !

M.ROUVIERE s’évada du train de la déportation.

M.BONDOUX  EST MORT ET A ETE INCINERE AU CAMP D’EXTERMINATION DE FLOSSENBURG !

Aujourd’hui, si le collège semble désaffecté, seule une plaque commémorative rappelle que  M.BONDOUX humaniste au grand cœur a donné sa vie pour ses protégés et

POUR QUE NOUS PUISSIONS VIVRE LIBRES !


Une photo souvenir :

Eleves de Paul Bondoux

1-Biendel    2-Gadat    3-Dieudonné   4-Chatel   5-Mandeix

tous membres de l’équipe de football créée à l’initiative des lorrains.