Bernard MORIZOT

Né le 2 avril 1924 à Avallon (Yonne). Il est scout, employé au Crédit lyonnais d’Avallon comme « démarcheur » à partir de 1940. Le 20 mars 1943, il est requis pour aller travailler en Allemagne à la suite de la loi de Vichy de février 1943. Pourtant, il n’a que 19 ans.

En Allemagne, il est affecté à l’usine de caoutchouc Köln-Zundof, à Cologne, où il retrouve son frère.

Les activités interdites qu’il entreprend sont celles qui lui permettent de tenir dans la situation « pourrie » qui est la sienne : cercles d’étude, relations étroites avec les prêtres du secteur, un prêtre prisonnier, un prêtre prisonnier transformé, découverte de la JOC clandestine…

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 13 juillet 1944 à Gemünd, par la Staatpolizei de Cologne, le même jour que 12 franciscains et Jean Lépicier. « Ton frère était un moine » répondit un officier de la Gestapo à Michel Morizot qui lui demandait pourquoi son frère avait été arrêté. Il est emprisonné à la prison de Brauweiler.

Il est déporté vers Buchenwald le 17 septembre 1944 (n°81750), puis transféré au kommando de Halberstadt-Zwieberge.

Il décède le 20 avril 1945, abattu sur la route d’évacuation du camp près de Jessen.

Témoignage de son neveux  ( Juillet 2021)

J’ai été tres touché de retrouver la photo de mon oncle en quelques clicks. Cette même photo que j’ai toujours vu accrochée dans le bureau de mon père.
Mon père m’avait avoué que dans les moments difficiles il lui suffisait de regarder cette photo pour trouver le courage de continuer.
Bernard etait le numéro 5 des 6 garçons qui composaient la fratrie. Mon père etait le dernier né en 1928.
Dans la famille j’ai souvent entendu parlé du caractère bien trempé de Bernard. C’est de toute évidence son côté rebel qu’il l’a conduit à resister à la pression du système allemand.
Suite à la chute du mur nous avons effectué le voyage avec mes parents pour retracer tout le parcours de Bernard. De Buchenwald au camp de travail de Langenstein-Zwieberge jusqu’à parcourir étape par étape la route de la mort, guidé par les récits écrits par les survivants, dont le livre du père Gaben qui a soutenu mon oncle jusqu’au dernier instant. Le bruit de la déflagration qui achevait Bernard lui est resté en mémoire.
Un déchirement pour se prêtre qui appelait ces jeunes déportés, ses enfants.
Dans cette période difficile de « crise sanitaire » je repense à Bernard et toutes ces personns qui ont combattu et résisté. Bien sûr il n’y a pas de comparaison entre ces moments tragiques de l’histoire, et la crise actuelle que nous traversons, mais la mise en place du »pass » ressemble étrangement aux sévices et contrôles des personnes de cette époque. Retrouverons nous notre pleine liberté, certainement pas.
Le matricule 81750 sera mon QR code en mémoire de Bernard, de mon père, et de tous les menbres de cette ma famille qui ont souffert de cette oppression.
Bien cordialement.