Dupont-Thiersault Andrée "Dédée"

Sarthe , Normandie

O.C.M.

Auteur de la fiche : Jacques Chesnier Délégué de l'Association des Amis de la Fondation de la Résistance dans la Sarthe

Andrée Dupont-Thiersault

Andrée Dupont « Dédée » naît le 06 août 1927 à Assé-le-Boisne dans le nord-ouest bocager de la Sarthe de parents aubergiste et étalonnier. Bien que peu visible dans ce secteur, l’occupation allemande apparait insupportable à sa famille et ses proches. Aussi lorsque Edouard Paysant, chef de l’OCM de l’Orne puis Officier Régional d’Opération du Délégué Militaire Régional (DMR) de la région M, Valentin Abeille, créé un terrain de parachutage du BOA baptisé « Haine » dans la campagne environnante d’Assé-le-Boisne et un autre « Ouragan » dans le commune proche de Mont-Saint-Jean, à partir de mai 1943, la famille, au complet, s’engage-t-elle. « Dédée » devient agente de liaison avec des groupes de Mortagne, Alençon, du sud Sarthe. Dans la nuit du  26 au 27 avril 1944, elle est arrêtée par des agents de la section IV de la Sipo-SD du Mans, opérant dans les deux villages, avec seize autres résistants dont son père et sa tante et  marraine Louise Landais (sa mère Marie-Louise et son frère y échappent). Emprisonnée à la prison des Archives du Mans, elle est transférée au fort de Romainville. « Dédée » a seize ans et demie.

Son convoi quitte la gare de l’est le 12 juin 1944, passe par le camp disciplinaire de Neue Bremm et arrive à Ravensbrück le 25. Elle devient alors le matricule 43 129 dans le block 32. Un mois après elle est envoyée dans le kommandoHasag (dépendant de Buchenwald) à Leipzig où elle fabrique dans des conditions très dures des munitions. Isolée, en pleine détresse, Lise London la sauve, devenant sa « mère de camp ». En avril-mai 1945 elle survit aux sinistres « marches de la mort » et rentre en très mauvaise santé, en France, sans  sa tante qui a été gazée le 1ermars 1945 (elle n’apprendra les conditions de sa mort qu’en 1995). Son père rentré aussi, meurt peu après des suites des mauvais traitements subis dans le camp de Neuengamme.

Elle se marie avec Claude Thiersault en 1947 et contre toute attente a deux enfants : Maryse et Thierry. Comme beaucoup de déportés, devant l’incompréhension ambiante, elle se tait. A partir des années 1995, sous l’influence de proches, sa parole se libère doucement et elle témoigne alors sur  sa résistance, sa déportation dans les établissements scolaires. Elle n’a pas cessé depuis martelant le mot « tolérance » comme leitmotiv.

En 2015, elle peut enfin revenir à Ravensbrück en passant par Neuengamme et fait alors son deuil devant les fours crématoires et le lac.

Aujourd’hui, elle continue inlassablement de témoigner pour « plus jamais ça ».