MAS André

Auteur de la fiche : Robert Badinier

André MAS

Né le 7 août 1922 à Montauban André MAS est enrolé en 1942 pour servir les Chantiers de Jeunesse en Ariège à Castillon puis à Bénac ensuite à Fauga près de Muret en Haute Garonne. Il apprend au jeunes recrus les métiers manuels.

Lors d’une permission, il rejoint le maquis de Saint Antonin en Tarn et Garonne où il apprit le maniement des armes.

Voyant que ce maquis ne pouvait se développer il décida avec un camarade de s’enfuir.

Tout en se cachant, il pouvait revoir son épouse et son fils. Il prenait des précautions puisqu’il était recherché par la milice et son domicile était surveillé. Persuadé de pouvoir chasser les Allemands hors de France il enrôla quelques amis pour créer un groupe de Résistants pour récupérer des armes parachutées par les Alliés et les cacher dans des fermes isolées en vue de la libération.

Vu que son implication dans cette Résistance était sans faille, immédiatement les Chefs le considèrent et le nomment Responsable d’un groupe. Le 1ermai 1944 il fit sauter avec quelques hommes une voie ferrée.

Les jours suivants,  venu voir sa famille et  dénoncé, la Gestapo avait cerné tout le quartier croyant qu’elle  allait capturer un grand chef de la Résistance. Après les sommations d’usage, Mallau qui était son nom de code se résignait à se laisser arrêter.

Un premier interrogatoire avec coups sur tout le corps, brûlures de cigarette autour de son  cou et séances de baignoire jusqu’à perdre connaissance.  Quatre de ces interrogatoires musclés ne débouchèrent sur aucune dénonciation de Résistants ni du réseau auquel il appartenait.

Voyant qu’il ne pourrait obtenir aucune information que la Gestapo désirait, il lui a été notifié sa  condamnation à mort qu’il fut obligé de signer. Transféré par train spécial à la prison Saint Michel de Toulouse en haute Garonne, il fut mis au cachot des condamnés à mort. Cette cellule n’avait aucune ouverture vers l’extérieur. Diminué physiquement, il attendait à chaque instant le crayon et la feuille de papier pour écrire un dernier mot à ses proches comme c’était la coutume.

Mais surprise, un matin il est amené dans une autre cellule où il retrouve quelques camarades de Résistance.

Dans un moment de flottement de la part des Allemands, pensant que les alliés avaient débarqué, tous ces prisonniers sont mis dans un wagon à bestiaux ou le train les dirigera vers Compiègne après un long voyage puisque les voies ferrées sont souvent endommagées par les Maquisards.

Là, il retrouve quelques Montalbanais et ensemble se soutiennent dans cette épreuve. Ils n’ont presque rien à manger et attendent la suite des évènements.

Le 2 juillet 1944 avec 2521 autres prisonniers, il fut entassé par 100 dans des wagons à bestiaux en direction de l’Allemagne. Le trajet fut long, très long puisque la aussi, les voies ferrées avaient été bombardées. Dans ces wagons, impossible de s’asseoir tous en même temps vu le nombre trop important. Des mouvements de panique et des insurrections se soulèvent. L’air est irrespirable et les morts tombent comme des mouches. Les survivants s’entassent sur les cadavres ce qui permet d’avoir un peu plus d’air et  moins de gaz carbonique qu’au sol.

Arrivé à Dachau le 5 juillet avec 984 cadavres, ce voyage inhumain sera appelé « Le convoi de la Mort»,.

Entré dans le camp, les chiens aux trousses aussi redoutables que leur maître, un homme en habit rayé est assis sur un escabeau, pieds et mains enchaînés avec un écriteau écrit en français « J’ai les yeux crevés et la langue coupée pour avoir tenté de m’évader ».

Un officier allemand lui demande de  remettre tous ce qu’il possédait et l’ordonna de se ranger dans une file, de se déshabiller en vue d’une désinfection. Une autre file est créée pour les Juifs et les malingres. Rasé,  IL lui  a été remis un ensemble rayé et une paire de claquettes.

Le camp était immense, 34 blocs avec une grande cour pour chacun d’eux.

Le patronyme perdu, il  fut «  le matricule 77.127 ». Sa  garde robe est réduite à cette simple chemise et ce pantalon malgré l’amplitude des températures (chaudes en journée et froides la nuit). Tous les matins l’angoisse est là, aligné dans la cour par rangées de dix, l’appel est fait  et 10 à 15 détenus sont choisis au hasard pour la chambre à gaz.

Un matin, avec plusieurs prisonniers, il est amené en train à Neckarelz une province Allemande. Dans l’école transformée en camp de concentration, les mêmes rituels : appel pendant des heures, travaux dans le froid, la faim, surveillé par des Kapos (détenus de droit commun qui étaient chargés de commander les déportés) tortionnaires ils utilisaient leur nerf de bœuf en permanence. La mort pouvant survenir à n’importe quel moment.

Le travail des prisonniers consistait à réhabiliter une ancienne mine afin de recevoir les machines-outils pour la fabrication des V1 et V2.

Puis après quelques jours de labeurs harassants, sous les coups des chefs, il est transféré au camp de Mosbach. Là, le travail pénible continu, la faim le froid et en plus les expériences médicales. Le virus de la tuberculose lui est injecté  et les médecins allemands contrôlent la réaction et la résistance du corps humain.

Son corps s’affaiblit et n’arrive plus à travailler. Il est transféré à Neckarguerach qui est un camp hôpital pour un suivi  de  son état de santé  et pour continuer leurs expériences.

Le 1er avril 1945, des bombardements alliés sont lâchés sur le camp après un grand moment de panique de la part des Allemands tous ces prisonniers n’en croient pas leurs yeux en voyant des Russes puis des Américains débarquer pour venir les libérer.

Étant trop faible pour être rapatrié en France, il restera encore 2 mois, soigné et « bichonné » avant de pouvoir regagner sa ville natale Montauban en Tarn et Garonne.

A son arrivée, son épouse ne le reconnut pas tant il avait maigri, il ne pesait que 39 kilos.

Il était heureux de revoir sa famille et fier que les Allemands soit chassés de France.

 

Pendant une trentaine d’années, il participe dans les lycées, collèges, L.E.P. à des causeries en vue de la préparation au Concours National de la Résistance et de la Déportation. Pour que la jeunesse ait «  ni haine ni oubli »

 

Ses décorations :

– Officier de la Légion d’Honneur

-Médaille militaire

-Croix du combattant

-Médaille de la Reconnaissance Française

-Médaille de la Déportation et de l’Internement pour faits de résistance

-Croix du Combattant Volontaire de la Résistance

-Croix de guerre avec palmes

-Médaille de réfractaire