DESBIENS André

Auteur de la fiche : Jean DRUART :: Bulletin de liaison n°30 - 1999 - de l'Amicale des Anciens du Maquis d'Épernon

André DESBIENS

Officier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel médaillé de la Résistance (sa fierté disait­il). Cité six fois, il est décédé le 2 mai 1998 dans sa quatre vingt sixième année. Ses Obsèques ont eu lieu le 5 mai 1998 à ST LAURENT du VAR (Alpes Maritimes).

Par une ironie du destin, « l’Epaulette », dans son numéro paru au 2ème trimestre 1998, fait part, en même temps du décès de son fils : le Lieutenant Colonel Christian DESBIENS, décédé le 13 mars 1998 à MARSEILLE et de Celui du Colonel André DESBIENS, le 2 mai 1998.

Le 17 Juin 1944, le Lieutenant QUAREZ qui avait mis sur pied la 1 ère Compagnie du Maquis d’Epernon fut arrêté à PAULMY par la Gestapo. Cette arrestation mit le Commandant COSTANTINI en difficulté car il ne disposait d’aucun autre officier pour le remplacer. Il eut la chance de rencontrer un jeune et brillant Capitaine de Chasseurs Alpins : le Capitaine DESBIENS qui accepta de prendre le commandement de l’unité au pied-levé.

Le 18 juin 1944, l’Adjudant JOUANNET, Messieurs RONDEAU, MARIE, PETITBON ainsi que Mesdames ROUYER, COTTET, CHABANOIS et HORLAVILLE sont arrêtés et déportés.

Le Capitaine DESBIENS se retrouve, le 11 Juillet 1944 au « Péchoire », dans la forêt de Preuilly, aux côtés du Commandant COSTANTINI, du Capitaine VIALLE et du Lieutenant VILLEMINOT, c’est là qu’il échappe, le 23 juillet 1944 après midi, avec cinquante cinq de ses maquisards qui l’ont rejoint, à l’encerclement d’une colonne allemande renforcée de miliciens.

Le Capitaine DESBIENS n’était pas un inconnu, c’était un ancien officier du 32ème R.I. où il assumait en 1941/42 les fonctions d’adjoint au Capitaine de LAVAL, commandant la 4ème Compagnie du 32ème R.I. avant d’effectuer un stage d’hébertisme et de devenir officier des sports.

Dès juin 1944, il s’impose à la 1 ère Compagnie par son allure, son allant, sa haute silhouette, son autorité bienveillante. Il fallut une somme extraordinaire de patience et de psychologie pour gagner la confiance de ses cadres et de ses maquisards, ébranlés à la suite des arrestations et déportations du Lieutenant QUAREZ et de l’Adjudant JOUANNET ainsi que des épouses de quatre sous-officiers, car ils avaient subi un traumatisme et un choc émotionnel profond. Il lui fallut déployer une énergie considérable pour qu’un climat de confiance s’instaure au sein de son unité meurtrie, mais ce grand Capitaine, grâce à son rayonnement, à ses qualités incontestables de coeur, (il ne savait pas dire non) réussit à recréer un réel climat d’espérance et d’amitié qui s’est, par la suite, cristallisé pendant les combats de la libération et sur le front déshérité de l’Atlantique.

Dans une lettre datée du 13 août 1996, il m’écrivait : « Tu ne recevras pas mes états de service, les allocutions et les chroniques doivent être brèves, peut-être serait-il plus raisonnable de dire « adios » dans le silence ».

Plus loin, il ajoutait : « Chaque soir, je me recueille et je pense beaucoup de choses en regardant le ciel, c’est cela je crois, se rapprocher de Dieu quand l’estuaire approche. Je repense au père PARQUIN, au père PERREAU qui m’invitaient à chanter « Dans les grands bois, dans les bruyères » comme je pense aussi à Geneviève BOUE qui chante la bruyère de Péchoire avec tant de sensibilité. »

Plus loin encore, il disait : « Fin 1940. alors que j’étais jeune Capitaine en stage à l’école supérieure d’E.P. à PAU. J’eus l’occasion de rencontrer le Maréchal PETAIN qui, les yeux dans les yeux, m’a dit lors d’une démonstration d’hébertisme : « Dites à vos officiers, à vos sous-officiers et hommes que la France aura besoin de toutes leurs forces et de leurs sacrifices » ; il tenait ma main, ce n’était pas l’homme politique qui s’exprimait mais le vieux Général de VERDUN. »

« Je pense aussi à un grand ami : le Général GANDOET qui m’a toujours assuré de son estime et de son affection. »

Issu de la promotion Albert ler – 1933/1935 de l’école militaire de l’infanterie et des chars de combat, il est affecté au 9ème puis au 20ème B.C.A.. il participe aux combats de 1940. Fait partie de l’armée d’armistice avec le 32ème R.I. puis est affecté au Sème R.I. à ROANNE. Il prend, en juin 1944, le commandement de la l ère Compagnie du Maquis d’Epernon qui deviendra fin août, la l ère Compagnie du 32ème R.I. sur le front de St NAZAIRE jusqu’au 10 mai 1945, ville dans laquelle il ne rentrera pas puisqu’il sera accidenté très gravement dans la soirée. Il sera ensuite affecté au 7ème B.C.A. en AUTRICHE et à BOURG ST MAURICE. Il prendra le commandement du 13ème B.C.A. à CHAMBERY qu’il quittera pour avoir l’honneur de commander le 25ème B.C.A. dans le Constantinois où il est cité à plusieurs reprises. Il termine sa carrière à la tête du 41ème R.I. à la LANDE D’OUIE (Morbihan).

C’était le chef

Son parcours :

Le Colonel André DESBIENS (Dujardin) vient de nous quitter comme tant d’autres avant lui. Officier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel médaillé de la Résistance (sa fierté disait¬il). Cité six fois, il est décédé le 2 mai 1998 dans sa quatre vingt sixième année. Ses Obsèques ont eu lieu le 5 mai 1998 à ST LAURENT du VAR (Alpes Maritimes). Par une ironie du destin, « l’Épaulette », dans son numéro paru au 2ème trimestre 1998, fait part, en même temps du décès de son fils : le Lieutenant Colonel Christian DESBIENS, décédé le 13 mars 1998 à MARSEILLE et de Celui du Colonel André DESBIENS, le 2 mai 1998. Le 17 Juin 1944, le Lieutenant QUAREZ qui avait mis sur pied la 1 ère Compagnie du Maquis d’Épernon fut arrêté à PAULMY par la Gestapo. Cette arrestation mit le Commandant COSTANTINI en difficulté car il ne disposait d’aucun autre officier pour le remplacer. Il eut la chance de rencontrer un jeune et brillant Capitaine de Chasseurs Alpins : le Capitaine DESBIENS qui accepta de prendre le commandement de l’unité au pied levé. Le 18 juin 1944, l’Adjudant JOUANNET, Messieurs RONDEAU, MARIE, PETITBON ainsi que Mesdames ROUYER, COTTET, CHABANOIS et HORLAVILLE sont arrêtés et déportés. Le Capitaine DESBIENS se retrouve, le 11 Juillet 1944 au « Péchoire », dans la forêt de Preuilly, aux côtés du Commandant COSTANTINI, du Capitaine VIALLE et du Lieutenant VILLEMINOT, c’est là qu’il échappe, le 23 juillet 1944 après midi, avec cinquante cinq de ses maquisards qui l’ont rejoint, à l’encerclement d’une colonne allemande renforcée de miliciens. Le Capitaine DESBIENS n’était pas un inconnu, c’était un ancien officier du 32ème R.I. où il assumait en 1941/42 les fonctions d’adjoint au Capitaine de LAVAL, commandant la 4ème Compagnie du 32ème R.I. avant d’effectuer un stage d’hébertisme et de devenir officier des sports. Dès juin 1944, il s’impose à la 1 ère Compagnie par son allure, son allant, sa haute silhouette, son autorité bienveillante. Il fallut une somme extraordinaire de patience et de psychologie pour gagner la confiance de ses cadres et de ses maquisards, ébranlés à la suite des arrestations et déportations du Lieutenant QUAREZ et de l’Adjudant JOUANNET ainsi que des épouses de quatre sous-officiers, car ils avaient subi un traumatisme et un choc émotionnel profond. Il lui fallut déployer une énergie considérable pour qu’un climat de confiance s’instaure au sein de son unité meurtrie, mais ce grand Capitaine, grâce à son rayonnement, à ses qualités incontestables de coeur, (il ne savait pas dire non) réussit à recréer un réel climat d’espérance et d’amitié qui s’est, par la suite, cristallisé pendant les combats de la libération et sur le front déshérité de l’Atlantique. Dans une lettre datée du 13 août 1996, il m’écrivait : « Tu ne recevras pas mes états de service, les allocutions et les chroniques doivent être brèves , peut-être serait-il plus raisonnable de dire « adios » dans le silence ». Plus loin, il ajoutait : « Chaque soir, je me recueille et je pense beaucoup de choses en regardant le ciel, c’est cela je crois, se rapprocher de Dieu quand l’estuaire approche. Je repense au père PARQUIN, au père PERREAU qui m’invitaient à chanter « Dans les grands bois, dans les bruyères » comme je pense aussi à Geneviève BOUE qui chante la bruyère de Péchoire avec tant de sensibilité. » Plus loin encore, il disait : « Fin 1940. alors que j’étais jeune Capitaine en stage à l’école supérieure d’E.P. à PAU. J’eus l’occasion de rencontrer le Maréchal PETAIN qui, les yeux dans les yeux, m’a dit lors d’une démonstration d’hébertisme : « Dites à vos officiers, à vos sous-officiers et hommes que la France aura besoin de toutes leurs forces et de leurs sacrifices » ; il tenait ma main, ce n’était pas l’homme politique qui s’exprimait mais le vieux Général de VERDUN. » « Je pense aussi à un grand ami : le Général GANDOET qui m’a toujours assuré de son estime et de son affection. » Issu de la promotion Albert ler – 1933/1935 de l’école militaire de l’infanterie et des chars de combat, il est affecté au 9ème puis au 20ème B.C.A.. il participe aux combats de 1940. Fait partie de l’armée d’armistice avec le 32ème R.I. puis est affecté au Sème R.I. à ROANNE. Il prend, en juin 1944, le commandement de la l ère Compagnie du Maquis d’Épernon qui deviendra fin août, la l ère Compagnie du 32ème R.I. sur le front de St NAZAIRE jusqu’au 10 mai 1945, ville dans laquelle il ne rentrera pas puisqu’il sera accidenté très gravement dans la soirée. Il sera ensuite affecté au 7ème B.C.A. en AUTRICHE et à BOURG ST MAURICE. Il prendra le commandement du 13ème B.C.A. à CHAMBERY qu’il quittera pour avoir l’honneur de commander le 25ème B.C.A. dans le Constantinois où il est cité à plusieurs reprises. Il termine sa carrière à la tête du 41ème R.I. à la LANDE D’OUIE (Morbihan). C’était le chef le plus humain que j’ai connu, un chef qui ne savait pas dire « NON », c’est extrêmement rare.