BERGEZ André

Auteur de la fiche : Gilbert Dupau

André BERGEZ

André BERGEZ, né le 8 juillet 1923, est étudiant à l’école océanique de Bordeaux. Ses parents habitent : 9 avenue de Grenade, à Mont de Marsan, dans les Landes. En octobre 1940 avec quelques étudiants il crée un petit groupe de résistance, « l’Alliance de la Jeunesse française ». Ses membres rédigent et distribuent des tracts appelant à rejoindre le Général de Gaulle.

A la suite d’une dénonciation, il est arrêté le 6-12-1940 par la police allemande alors qu’il se trouvait dans un café cours Victor Hugo, avec quatre autres étudiants, Guy BINCHE, Pierre MEUNIER, Guy FOURNIER et Pierre PASCAREL. Incarcérés au Fort du Hà et condamnés à une peine de prison, ils sont libérés le 24 février 1941.

Au mois de mars André BERGEZ est recruté par un service de renseignements anglais. II est en liaison avec le docteur Jean-Jacques AURIAC médecin résident à l’hôpital Bergonié et le médecin chirurgien CHAUVENET.

A nouveau arrêté le 15 juillet 1941, André BERGEZ s’évade du Fort du Hâ le 1er août Repris le 19 décembre, il est déporté NN avec dix autres membres du groupe de « l’Armée Volontaire » de Bordeaux vers le camp de concentration de Hinzert. Le tribunal spécial de Cologne est chargé d’instruire leur affaire. Ils passent en jugement devant le tribunal du Peuple de Trêves le 28 mai 1943. Neuf d’entre eux sont condamnés à mort et exécutés à Cologne 31 août 1943.

Sources : Bibliographie, Bordeaux 1940-1944, éditeur Perrin 1993, 343 pages

Jugement du tribunal du Peuple de Trêves

Traduction

1.)« L’accusé BERGEZ est né le 08-07-1923. II n’a donc pas encore 20 ans. Au moment de son acte délictueux, il n’avait pas encore dix huit ans. Nul doute néanmoins qu’il soit un partisan fanatique et dangereux de De Gaulle et un combattant clandestin contre les troupes allemandes. Il ne fait pas de doute qu’il était entièrement conscient de la portée de ses actes.

Lors de l’audience principale, il se fit remarquer par un aplomb et un courage inhabituel, en passant aux aveux. Il n’a pas essayé d’enjoliver un seul de ses actes. Comme il était lui-même passible de la peine de mort, il s’est apparemment appliqué à soustraire l’un ou l’autre des inculpés de la peine capitale !

L’accusé a séjourné à Bordeaux en tant qu’étudiant Là, durant l’automne 1940, il est devenu membre de « l’Alliance de la jeunesse française ». Son objectif fut de faire passer cette organisation dans un courant gaulliste.

II a distribué des tracts dans lesquels il exhortait les gens à collaborer avec De Gaulle. Il chercha également à établir des liaisons avec l’intelligence Service. Quand les autorités d’occupation l’eurent repéré, il fut incarcéré du 06 décembre 1940 au mois de février 1941. Après sa libération, il fut assez vite en contact avec un chargé d’affaire du service des renseignements anglais. Il rassemblait pour celui-ci des renseignements sur les positions militaires allemandes.

Il a été établi que BERGEZ a mis à la disposition de STEPHAN et GODIN, ses codétenus, du matériel de déminage. Cela s’est passé à la mi juillet 1941, après avoir été arrêté une deuxième fois par les autorités allemandes et s’être évadé de la prison. Il était hébergé à ce moment là chez le prévenu GUILBAUD, qui appartenait au cercle de ses amis politiques. BERGEZ était aussi en liaison avec le professeur AURIAC à Bordeaux, qui plus tard s’est suicidé, son activité ayant été découverte par la police. Par l’intermédiaire de AURIAC, l’accusé BERGEZ fit ensuite la connaissance de CHAUVENET à qui il fournissait des documents d’espionnage, à savoir le plan de la fabrique d’avions Larmea Souys à Bordeaux, pour être transmis aux ennemis de l’Allemagne.

Enfin, BERGEZ voulait lui aussi partir en Angleterre. Cependant la police allemande intervint avant qu’il ne puisse réaliser son projet.

Ces constatations reposent effectivement sur les aveux de l’accusé.

2.) En droit, celles-ci donnent la possibilité d’un traitement de faveur envers l’ennemi conformément au Paragraphe 91 b St GB en concomitance avec l’espionnage d’après le paragraphe 2 KSS VO. Conformément aux applications juridiques, les cas de STEPHAN et GODIN ne nécessitent aucune justification supplémentaire.

L’accusé BERGEZ est donc bien responsable de son comportement L’application du paragraphe 3 sur la loi juridique concernant la jeunesse n’entre pas en ligne de compte si un acte répréhensible a été commis avant l’âge de 18 ans, conformément au paragraphe 1 de le la Juridiction des concernant les jeunes de moins de 18 ans), Jugendgerichtsgesetse.

Or, BERGEZ, jeune étudiant politiquement engagé, était en ce temps là capable de distinguer ce qui est contraire à la loi et d’arrêter ses activités après examen de la situation. En outre, il a continué à agir de manière répréhensible après avoir atteint l’âge de 18 ans le 8 juillet 1941, jusqu’à son arrestation en décembre 1941. Ainsi, l’application de la loi juridique de la jeunesse n’est plus applicable pour le jugement. L’accusé doit donc se porter garant pour ces faits et actes en tant qu’adulte. La peine, qui conformément au chapitre paragraphe 73 FT GB du paragraphe KSSVO pouvait être commuée, sera dès lors la peine de mort.

Le verdict

Au nom du peuple allemand

En matière criminelle contre

  1. L’ingénieur Jean Gérard ESTEPHEN, de Paris, où il est né le 11 février 1912.

  2. L’employé de chemins de fer Roger Auguste Charles CADIN de Paris, né le 15 septembre 1912 à Issy les Moulineaux (France).
  3. L’étudiant André Albert BERGEZ de Bordeaux, où il est né le 8 juillet 1923.

  4. Le médecin Marie Antoine CHAUVENET de Thouars, France, né le 17 janvier 1900 à Bompas (France).
  5. L’employé de chemin de fer André GUILBAUD de Bordeaux, né le 18 juin 1996 à Talence (France).

  6. L’employé de chemins de fer Joseph Charles Flavien EMERIC de… , où il est né le 31 décembre 1912

7.) Le juif polonais Gustav SILBERBERG de Bordeaux, né le 27 janvier 1900 à Rawe (Pologne). 8.)L’Aubergiste Armand Emest Bigose de Paris, où il est né le 3 janvier 1906.

9.)Le représentant Léon Marius Francis PERROD, de La Celle ST Clou France, né le 19-8 février 1894 à Tremal (France).

10.)L’ouvrier chocolatier Armand Jean PIRET, de Brie Asons Forêt France, né le 2 avril à Souvret (Belgique).

11.)Le médecin Georges JAGELLO de Paris, où il est né le 15 août 1915.

12.)L’accusé SILBERBERG, autrefois de nationalité polonaise. Au demeurant les autres accusés sont de nationalité française en détention préventive entre autres pour espionnage.

La cour de justice du peuple, au cours de l’audience principale des 27 et 38 mai 1943, a laquelle étaient présents en temps que juges les représentants :

Dr Lohmann, président, Conseiller du tribunal du peuple,

Stoll, Chef responsable du service du travail,

Dr Reimers, Conseiller à la cour,

S.A. Hohm, Général de brigade,

Fischer, chef responsable du district,

Dr Bach, Procureur,

a fait ressortir clairement que :

Les accusés à l’exception de EMERIC et CHAUVENET, sont coupables d’espionnage en temps de guerre en France, et d’avoir soutenu l’ennemi.

EMERIC est complice de ces actions.

CHAUVENET s’est abstenu de dénoncer cette trahison.

Conformément à cela, sont condamnés :

Les accusés STEPHAN, CADIN, BERGEZ, GUILBAUD, SILBERBERG, BiIGOSE, PERROD, PIRET et JAGELLO, à mort. L’accusé EMERIC à 5 — cinq — ans de réclusion auxquels seront défalqués 14 mois déjà purgés. L’accusé CHAUVENET à 3 — trois — ans de prison auxquels seront défalqués 16 mois déjà purgés ; Les frais de la procédure seront à la charge des accusés.

Traduit de l’allemand par monsieur Fiole

Sources : Archives allemandes de Berlin. R Go II / 77 Abschrift (copie) pages 103 à 123. Fiches rédigées par Gilbert Dupau pour I AERI