BOURGEON Albert "Bernard, Germain, RUA-50"

Libération-Nord

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Albert BOURGEON

Albert Bourgeon Bernard, Germain, RUA-50, né le 24 mars 1907 à Verneix (Ain). Gardien de la paix en octobre 1934, est inspecteur spécial en avril 1939.

Il devient membre précoce de la Résistance au sein du SR de Résistance, puis à LibéNord et à Béarn où il succède au commandant Fayard quand celui-ci est arrêté. Bourgeon décrit dans ses rapports le mode d’emploi vicieux des dénonciateurs : leurs lettres sont envoyées en double exemplaire, le second destiné aux Allemands. Souvent les policiers français font leur enquête « sérieusement », rencontrant les mis en cause, les concierges, les voisins, affirmant leur prochain retour dans l’espoir que les gens comprendront ce qu’ils ont à faire. Ceux-ci hélas attendent souvent passivement le retour des policiers… Bourgeon réussit à placer madame Rose Le Jeanne comme femme de ménage au 16, boulevard Flandrin, siège d’un tribunal allemand : elle y trouve des informations sur les affaires en cours. La résistante fournit aussi à Bourgeon l’heure d’arrivée d’Himmler au Bourget en 1943. Il déniche des informations sur les aérodromes de Villacoublay et d’Orly ainsi que sur l’activité des avions allemands. Il fournit les plans de la défense de Cherbourg et ses environs ainsi que celui des bases sous-marines de Saint-Nazaire. Entre ses mains transitent aussi les plans de l’avion stratosphérique expérimenté par les Allemands. Le policier résistant trouve des informations cruciales sur la station radio chargée de guider les sous-marins allemands et qui a été installée dans l’immeuble du cinéma Napoléon avenue de la Grande Armée. Bourgeon identifie aussi un traître qui a infiltré dans son entourage : Cisa. Le gardien René Guillaume Goude Christian, Mallard, est chargé de l’exécution avec une matraque en plomb qui lui est fournie. Le félon est attaqué un soir de mars 1944 vers 21 heures, à l’angle des rues Lecourbe-Convention : la matraque plie. Goude tire alors sur lui avec le 6,35 de Bourgeon, mais les balles ricochent sur la cotte de mailles portée par Cisa, qui s’en tire avec trois fêlures aux côtes et au crâne, secouru par un car de police-secours. Bourgeon, soupçonné, quitte la PP le 29 janvier 1944 : il est révoqué le 15 du mois suivant. Son arrestation s’ensuit le 17 mai sur dénonciation alors que, pour le compte de Béarn, il réunit au 30 bis boulevard de la Bastille les responsables du réseau pour l’Eure-et-Loir, le Maine-et-Loire et la Seine-et-Marne. On trouve chez lui un rapport remis par Bardiès sur le réservoir d’eau et l’usine élévatrice pour locomotives de Lagny-Chelles. Bourgeon est accusé d’avoir donné les informations qui ont permis le bombardement de la gare de Villeneuve-Saint-Georges et de l’aérodrome de Coulommiers. Torturé à la baignoire rue des Saussaies, il est envoyé à Compiègne, puis déporté le 18 août 1944 à Buchenwald, où il sera soigné pour une pneumonie par un médecin français et où il va participer à la libération du camp le 27 avril 1945 au sein du corps-franc Vanbremersch.

Il est homologué chargé de mission de 3e classe, décoré de la Légion d’honneur, de la Médaille de la Résistance, de la Croix de guerre et de la King’s Medal for Courage. Albert Bourgeon prend sa retraite d’officier de police principal en avril 1962.