Creange Robert
Auteur de la fiche : Pierric Annoot - Secrétaire Fédération des Hauts-de-Seine du PCF
Robert Créange
Nous avons appris hier avec beaucoup de tristesse le décès de Robert Créange à l’âge de 90 ans.
Adhérant du Parti Communiste depuis 1953, Robert était une figure nationale, départementale et locale dans sa ville de Boulogne-Billancourt, inlassable militant pour que vive la mémoire des résistant-es et déporté-es de la seconde guerre mondiale.
Responsable local, puis départemental en 1970 de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP), il en fut élu le secrétaire général en 1994.
Comme représentant de l’Union française des associations de combattants et victimes de la guerre dont il était le vice-président, il fit partie de plusieurs commissions officielles mises en place pour travailler sur des questions touchant les pensions militaires et celles relatives aux victimes des guerres.
Même très affaiblit, il continuait ses interventions dans les écoles et lycées pour faire vivre la mémoire et la flamme de la Résistance, encore récemment au Lycée Simone Veil de Boulogne-Billancourt.
Robert était de ces grands témoins, empreint d’humilité et d’un grand esprit de responsabilité pour faire vivre cette mémoire au moment où l’Histoire prend de nouveau un tournant très inquiétant.
En juillet 1942, son père, militant de la Ligue des droits de l’Homme et exerçant des responsabilités à la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), recherché par la Gestapo, décida de gagner la zone sud.
Dénoncés par le passeur, les parents de Robert Créange furent déportés à Auschwitz-Birkenau, d’où ils ne revinrent pas.
A 11 ans, Robert Créange et sa sœur Françoise de treize ans échappèrent à l’arrestation et furent élevés par leur tante.
Ce travail inlassable de transmission et de passeur de mémoire prend également racine dans son métier d’enseignant dans le Loir-et-Cher où il a également exercé de nombreuses responsabilités au sein du PCF et comme adhérent de la FEN-CGT.
Son engagement déterminé lui valu à plusieurs reprises des procès et des sanctions, comme en 1964, où après avoir exercé deux ans comme enseignant au Niger, il fit un discours engagé contre le racisme et le néo-colonialisme lors d’une remise de prix à des élèves.
Sa passion pour la transmission des savoirs et l’éducation populaire le conduisit ensuite à exercer de nombreuses responsabilités au CE de Renault Boulogne-Billancourt au secteur loisirs et culture, puis comme responsable du secteur Enfance-Jeunesse et directeur des activités sociales.
C’est dans le cadre de ces fonctions qu’il prit une part active à la grande grève de Renault en 1968.
Jusqu’à son dernier souffle, il s’est également battu pour la mémoire des travailleurs de Renault, déportés et emprisonnés durant l’occupation.
Récemment, il avait enfin obtenu après un long bras de fer avec la municipalité de Boulogne-Billancourt dont il fut conseiller de 1983 à 1995, la pose d’une plaque commémorative qui devait être inaugurée le 6 décembre. Reportée en raison de son état de santé, il espérait vivement se remettre pour y assister.
Parmi ses nombreux engagements et ses responsabilités, Robert était également secrétaire général du Comité national du Souvenir des fusillés du Mont-Valérien et du Comité du Souvenir des 35 martyrs de la Cascade du Bois de Boulogne, secrétaire général adjoint de l’UFAC, membre du Comité de soutien des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA).
Il était aussi le vice-président de la Commission permanente des affaires européennes de la Fédération mondiale des anciens combattants.
Chevalier dans l’Ordre national du mérite et médaillé de bronze de la Jeunesse et des sports, c’est toute une vie d’engagement permanent pour la mémoire et l’éducation populaire qui disparaît avec Robert Créange.
Un homme intègre, humble qui participait toujours activement aux réunions de sa section PCF de Boulogne-Billancourt et avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger de nombreuses fois lors de ces réunions et dans mes responsabilités à la JC, toujours disponible, bienveillant et exigeant tant pour le travail de mémoire que sur les débats d’actualités.
Quelques jours après l’anniversaire des exécutions du 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, et les dégradations du monument avec un tag reprenant le sigle nazi SS, le combat de sa vie reste pleinement d’actualité. C’est a la fois inquiets mais forts de tout ce qu’il a transmis que nous le continuerons.
A sa famille, ses proches, ses camarades, j’adresse toutes mes condoléances et ma solidarité.
Pour la Fédération des Hauts-de-Seine du PCF,
Pierric Annoot
Secrétaire Départemental