Emouvante exposition à Marennes (Charente-Maritime) à l’occasion du 70° anniversaire de la Libération des camps nazis

Rencontre prévu le 06/04/2015

Cette exposition organisée par notre délégué Jacques Jamain permettait aux lycéens et collégiens préparant le Concours National de la Résistance et de la Déportation 2014/2015 de se rendre compte de « l’innommable« .

Les premiers camps de concentration (auparavant souvent dénommés camps de concentration « sauvages ») regroupent les camps créés après la prise de pouvoir par Adolf Hitler, de manière non systématique et dans des conditions différentes de rattachement, afin d’éliminer les opposants politiques au nazisme

Extrait du récit d’un Déporté

Départ de France

Nous partons de Compiègne le 24 janvier 1943 par une température très froide à 100 par wagons avec pour WC un bidon de 200 litres défoncé d’un bout. Ce fut un voyage de cauchemar. Il faisait très chaud dans le wagon, sans boire et ne pouvant s’asseoir qu’à tour de rôle compte tenu du manque de place. Durant le trajet, certains d’entre nous ont tenté de s’évader en déclouant les planches du wagon. Trahis par la paille qui dépassait, les allemands arrêtèrent le train et firent refixer les planches. à Oranienburg, nous sommes accueillis par les hurlements des SS accompagnés de chiens. On descend des wagons sous les coups de crosse. Un prête âgé se prend les pieds dans sa soutane en sautant, se casse la jambe ; il est abattu sur le champ Furetière horreur). Ils nous font mettre en colonne par 5 en direction du camp; nous croisons une colonne de jeunes hitlériens en uniforme qui nous lancent des pierres et nous crachent à la figure nous accompagnant presque jusqu’à I ‘entrée du camp.

27 mois plus tard la libération du camp L’évacuation du camp d’Oranienburg-§achsenhausen

C’est bien une randonnée dantesque qui débute dans I ‘après-midi du 21 avril1945. Depuis quelques jours, nous entendons le bruit du canon, nous assistons à des batailles aériennes au-dessus de nos têtes. Nous savons que les Alliés sont tout près et que la libération est proche. Les SS en ont décidé autrement.

Ordre est donné de se rassembler sur la place de Heinkel. Les détenus sont autorisés à prendre une couverture et reçoivent un pain et un morceau de saucisson. Formidable aubaine pour des gens qui meurent de faim. Nous ne savons pas que ce sera la seule distribution officielle jusqu’au 2 mai.

En colonne par cinq, ‘ZU-FUNF » ! Combien de fois avons-nous entendu cet ordre hurlé par les kapos et les SS. Cette fois, le bruit court que nous allons sortir du camp. Les SS forment des groupes de 500 détenus, des « STUCK » (morceaux). Encadrés par les SS, nous sortons du camp. Nous devons, à tour de rôle, traîner une petite charrette où nos gardiens ont déposé leurs bagages. Ce sera, pour cette première journée, une marche de 35 à 40 km environ.

La marche continue pénible, épuisante, mortelle. Celui qui ne peut pas suivre est abattu d’une balle dans la nuque ou meurt d’épuisement. Le mercredi 25 avril, nous sommes parqués pour la nuit sur la place publique de la ville de Wittstock, sans que la population n’éprouve un sentiment de pitié à notre égard. De cette viIle, nous marchons jusqu’au bois de Bellow. Nous y restons deux jours et trois nuits. Dans l’humidité du bois nous avons trouvé un peu d’eau, des racines et des herbes à manger. Première nourriture depuis le départ. Dans ce bois, 780 cadavres seront découverts par la population. Nous partons le samedi 28 avril. Nous croisons des camions de la Croix Rouge suédoise qui ne peuvent s’arrêter pour nous secourir. Lorsque nous approchons du front russe, les SS nous font marcher en direction des Américains. Nous faisons ainsi plus du double du parcours de Berlin à Schwerin.

Pour cette marche de la mort (en allemand « TODESMARSCH »), 30 000 détenus, dont 5000 femmes, sont partis du camp de Sachsenhausen. 18000 ont survécu ! En douze jours, il y a eu environ 12 000 morts (soit 1000 par jour) tués par les balles des SS ou morts d’épuisement. Beaucoup d’entre nous, arrivés le 25 janvier 1943 à Sachsenhausen avec le convoi des 58 000, ont deux ans et trois mois de camp. ont fait preuve d’une volonté et d’un courage extraordinaires pour tenir jusqu’au jour de leur libération.

Jacques JAMAIN

Président FNDIRP MER