De la Résistance française à la construction européenne

Rencontre prévu le 04/03/2007

A l’occasion des célébrations du cinquantenaire de la signature des traités de Rome le 25 mars 1957, Mémoire et Espoirs de la Résistance et son Président François Archambault organisait au Sénat, avec Libération Nord présidé par  Charles Pot et avec Les amis de Christian Pineau présidé par Gilbert Pineau,  un colloque sur le thème : « De la Résistance française à la Construction européenne ».

Au cours de cet après-midi de réflexion tout à tour,  le Sénateur Jean François-Poncet qui fut l’un des principaux acteurs des négociations des Traités de Rome, deux Députés européens Mme Nicole Fontaine et M. Bernard Poignant et deux historiens MM. Denis Lefebvre et Eric Roussel ont retracé l’histoire de la construction européenne et se sont essayés à montrer quelle pouvait être la vision de l’Union Européenne cinquante ans après la signature des traités de Rome.  

C’est très tôt, au-delà des aléas de la lutte au quotidien, que des Résistants se sont engagés dans des réflexions, intellectuelles généreuses et parfois utopiques pour garantir à l’Europe un avenir radieux basé sur la paix. Dès septembre 1942 pour Henry Frenay «les hommes de la Résistance seront les bâtisseur de l’Europe nouvelle », à Alger en 1944 le général de Gaulle pense que «certains groupements d’Etats pourront se réaliser… ». Tout au long de ces années, parmi les dirigeants de la Résistance les débats d’idées tournent autour de l’unification politique et ou économique, de la souveraineté et les limites géographiques de cette Europe. A partir de 1948, la construction européenne commence dans un climat de guerre froide, sans véritable vision globale, mais avec la volonté d’intégrer l’Allemagne et de régler les problèmes économiques qui se posent alors à l’Europe. Cette construction connaît des avancées avec le traité qui crée  le Conseil Européen en 1949, en 1951 celui de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), qui réconcilie définitivement la France et l’Allemagne et un échec par le refus par la France de la Communauté Européenne de Défense (CED). Si dans cette construction le rôle de Charles de Gaulle fut paradoxal, adoptant jusqu’à son retour en mai 1958, vis à vis du projet européen une position d’extrême prudence, en dénonçant un « méli-mélo » ! C’est en  1956 que se déroulent à Bruxelles, les discussions dans le contexte d’une triple crise : française avec la guerre d’Algérie, européenne après le rejet du traité sur la C.E.D,  internationale suite à l’insurrection polonaise, à l’entrée des chars soviétiques à Budapest et à la crise de Suez.  Par ailleurs le décalage économique défavorable à la France et son souhait d’intégrer dans le futur Marché Commun  ses territoires d’Outremer ne faciliteront pas les négociations. A partir de novembre 1956 avec la volonté de Guy Mollet et Christian Pineau, de transcender les clivages politiques et celle de Konrad Adenauer l’entente va alors se réaliser entre la  France et l’Allemagne. Pragmatique, Charles de Gaulle à son retour au pouvoir, frappé par la mauvaise posture internationale de la France,  comprend très vite qu’il a besoin d’alliés et que le seul partenaire « de poids » qui s’offre à lui en Europe, c’est l’Allemagne. Après sa rencontre à Colombey avec le Chancelier  Adanauer, il poursuit et développe une politique européenne, convaincu  que l’ouverture des frontières peut parfaitement se combiner avec une grande politique internationale pour la France. Après le demi- succès  du traité de l’Elysée on note de sa part une certaine désillusion, pour Charles de Gaulle «… il n’est pas possible de faire l’Europe en renonçant à la France… » , au cours de sa présidence le général infligera au traité de Rome « des chocs successifs » qui laisseront  durablement des traces dans la politique européenne de la France. Après la chute du mur de Berlin, c’est à dire après la fin de la guerre froide  une série de traités le plus souvent soumis à référendum, vont venir renforcer la construction européenne dont les plus important sont ceux de Maastricht en 1992, après la réunification de l’Allemagne,  et celui sur le traité sur la Constitution Européenne, rejeté par la France en 2004. Mais paradoxe, la paix revenue en Europe avec en parallèle une plus grande complexité du monde qui l’environne  amène à rendre moins clerc la vision ou du moins la perception de cette union.

Quel chemin  suivre à l’aube de ces incertitudes ?

Celui des pères fondateurs avec des institutions efficaces, en surmontant les égoïsmes nationaux, des politiques communes plus intégrées ou un nouveau destin avec la mise en œuvre d’une démocratisation et d’une pacification de l’ensemble du voisinage européen, « comme un nouveau dialogue du monde chrétien et musulman ».

Deux voies nobles : assurément….. antinomique ? à voir

Quelque soit le chemin, il doit être clair car le besoin des peuples de comprendre est essentiel.

 Transcription J.Novosseloff