Mardi 15 Juin 2021 : Dans les Jardins du Luxembourg – Hommage aux lycéens et étudiants résistants morts pour la France

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Dépôt des gerbes  par :

Président des Amis de la Fondation de la Résistance « Mémoire et Espoirs de la Résistance »

*U.N.A.D.I.F.- F.N.D.I.R.

*Directrice générale de O.N.A.C.V.G. représentée

*Président de la Fondation de la Résistance

*Recteur de la région académique Ile-de-France, chancelier des universités, recteur de l’académie de Paris

*Président du Sénat

Musique et chant : hymne national

La Marseillaise (couplet 1)

Chantée par la chorale des collèges Coysevox, Gabriel Fauré, Matisse, Saint-Exupéry et Voltaire, dirigée par Madame Massini (professeur au collège Saint-Exupéry)

Poèmes récités par les élèves Collège Saint-Exupéry   

*Je trahirai demain » de Marianne Cohn.

Je trahirai demain pas aujourd’hui

Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,

Je ne trahirai pas.

Vous ne savez pas le bout de mon courage.

Moi je sais.

Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.

Vous avez aux pieds des chaussures

Avec des clous.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui,

Demain.

Il me faut la nuit pour me résoudre,

Il ne faut pas moins d’une nuit

Pour renier, pour abjurer, pour trahir.

Pour renier mes amis,

Pour abjurer le pain et le vin,

Pour trahir la vie,

Pour mourir.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.

La lime est sous le carreau,

La lime n’est pas pour le barreau,

La lime n’est pas pour le bourreau,

La lime est pour mon poignet.

Aujourd’hui je n’ai rien à dire,

Je trahirai demain.

Marianne Cohn (1943)

Sonnet VI de Jean Cassou

À mes camarades de prison

Bruits lointains de la vie, divinités secrètes,
trompe d’auto, cris des enfants à la sortie,
carillon du salut à la veille des fêtes,
voiture aveugle se perdant à l’infini,

rumeurs cachées aux plis des épaisseurs muettes,quels génies autres que l’infortune et la nuit,
auraient su me conduire à l’abîme où vous êtes ?
Et je touche à tâtons vos visages amis.

Pour mériter l’accueil d’aussi profonds mystères
je me suis dépouillé de toute ma lumière :
la lumière aussitôt se cueille dans vos voix.

Laissez-moi maintenant repasser la poterne
et remonter, portant ces reflets noirs en moi,
fleurs d’un ciel inversé, astres de ma caverne

À mes camarades de prison

Bruits lointains de la vie, divinités secrètes,
trompe d’auto, cris des enfants à la sortie,
carillon du salut à la veille des fêtes,
voiture aveugle se perdant à l’infini,

rumeurs cachées aux plis des épaisseurs muettes,
quels génies autres que l’infortune et la nuit,
auraient su me conduire à l’abîme où vous êtes ?
Et je touche à tâtons vos visages amis.

Pour mériter l’accueil d’aussi profonds mystères
je me suis dépouillé de toute ma lumière :
la lumière aussitôt se cueille dans vos voix

Laissez-moi maintenant repasser la poterne
et remonter, portant ces reflets noirs en moi,
fleurs d’un ciel inversé, astres de ma caverne.

  • Chant des Partisans par la chorale du collège Antoine Coysevox dirigée par Madame Valérie Piedimonte (professeur au collège Gabriel Fauré).

 

  •  Paroles de Maurice DRUON et Joseph KESSEL et  musique : Anna MARLY

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?

Ohé ! Partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme !

Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes…

Montez de la mine, descendez des collines, camarades

Sortez de la paille, les fusils, la mitraille, les grenades…

Ohé ! Les tueurs, à la balle et au couteau tuez vite !

Ohé ! Saboteur, attention à ton fardeau…

dynamite !

C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères,

La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère…

Il y a des pays où les gens au creux du lit font des rêves

Ici, nous, vois-tu nous on marche et nous on tue, nous on crève…

Ici, chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe…

Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.

Demain, du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.

Sifflez, compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute…

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*Collège Gabriel  Fauré par les élèves du professeur Valérie Piedimonte

« Couvre-feu » Paul Eluard 1942

Que voulez-vous la porte était gardée
Que voulez-vous nous étions enfermés
Que voulez-vous la rue entait barrée
Que voulez-vous la ville était matée
Que voulez-vous elle était affamée
Que voulez-vous nous entions désarmés

Que voulez-vous la nuit était tombée
Que voulez-vous nous nous sommes aimés.

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Collège Henri Matisse – Principal – Philippe Del Médico Lecture d’une lettre d’Henri Fertet – combattant volontaire de la Résistance fusillé le 25 septembre 1943 – par un élève du collège.

Lettre d’Henri FERTET

 » Chers Parents,

Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.

Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, ce que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin.

Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis, et souvent je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que

Je vous ai fait.

Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd’hui car, avant, je vous aimais plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être après la guerre, un camarade vous parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J’espère qu’il ne faillira pas à cette mission sacrée.

Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents et amis ; dites-leur ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands parents, mes oncles, tantes et cousins, Henriette. Donnez une bonne poignée de main chez M. Duvernet ; dites un petit mot à chacun. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant, mes camarades de lycée. À ce propos, Heinemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez  » Le Comte de Monte-Cristo  »  à Émourgeon, 3 chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice André́, de la Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois. Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa, mes collections à ma chère petite maman, mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.

Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse, premier nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voila l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.

Pour moi, ne vous faites pas de soucis. je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout, et je chanterai  » Sambre et Meuse  » parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’as apprise.

Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur trois enfants, il en reste un. Il doit réussir.

Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée ; mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort ; j’ai la conscience tellement tranquille.

Papa, je t’en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là̀ ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous retrouverons tous les quatre, bientôt au Ciel. » Qu’est-ce que cent ans ? « Maman, rappelle-toi :

 » Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des successeurs.  » Adieu, la mort m’appelle. Je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous.  

C’est dur quand même de mourir.

Mille baisers. Vive la France.

Un condamné à mort de 16 ans Henri Fertet

Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps relire. Expéditeur : Henri Fertet. Au ciel, près de Dieu.

*****************5 –

Chant des Marais dirigé par Olivier Parette

(professeur au collège Coysevox)

CHANT DES MARAIS

Loin vers l’infini s’étendent

De grands prés marécageux

Et là bas nul oiseau ne chante

Sur les arbres secs et creux

Ô terre de détresse

Où nous devons sans cesse
Piocher, piocher.

Dans ce camp morne et sauvage

Entouré de murs de fer

Il nous semble vivre en cage

Au milieu d’un grand désert.

Ô terre de détresse

Où nous devons sans cesse

Piocher, piocher

Bruit de chaine et bruit des armes

Sentinelles jours et nuits

Et du sang, des cris, des larmes

La mort pour celui qui fuit.

Ô terre de détresse

Où nous devons sans cesse

Piocher, piocher

Mais un jour dans notre vie

Le printemps refleurira.

Liberté, liberté chérie

Je dirai: Tu es à moi.

Ô terre enfin libre

Où nous pourrons revivre,

Aimer, aimer

*****************

 Anne-Clélia Salomon Monge – nièce de François-Bayet François Bayet était entré en Résistance à 16 ans « serin ».Un jour  avant la libération« …rossé par un kapo, et il mourut le lendemain. II n’avait pas 19 ans.

L’Exode

C’est à vous que je parle, hommes des antipodes,
je parle d’homme à homme,
avec le peu en moi qui demeure de 1’homme,
avec le peu de voix qui me reste au gosier,
mon sang est sur les routes, puisse-t-il, puisse-t-il
ne pas crier vengeance !
L’hallali est donné, les bêtes sont traquées,
laissez-moi vous parler avec ces mêmes mots
que nous eûmes en partage-
il reste peu d’intelligibles !

Un jour viendra, c’est sûr, de la soif apaisée,
nous serons au-delà du souvenir, la mort
aura parachevé les travaux de la haine,
je serai un bouquet d’orties sous vos pieds,
– alors, eh bien, sachez que j’avais un visage
comme vous. Une bouche qui priait, comme vous.

Quand une poussière entrait, ou bien un songe,
dans l’oeil, cet oeil pleurait un peu de sel. Et quand
une épine mauvaise égratignait ma peau,
il y coulait un sang aussi rouge que le vôtre !
Certes, tout comme vous j’étais cruel, j’avais
soif de tendresse, de puissance,
d’or, de plaisir et de douleur.
Tout comme vous j’étais méchant et angoissé
solide dans la paix, ivre dans la victoire,
et titubant, hagard, à l’heure de l’échec !
Oui, j’ai été un homme comme les autres hommes,
nourri de pain, de rêve, de désespoir. Eh oui,
j’ai aimé, j’ai pleuré, j’ai haï, j’ai souffert,
j’ai acheté des fleurs et je n’ai pas toujours
payé mon terme. Le dimanche j’allais à la campagne
pêcher, sous l’oeil de Dieu, des poissons irréels,
je me baignais dans la rivière
qui chantait dans les joncs et je mangeais des frites
le soir. Après, après, je rentrais me coucher
fatigué, le coeur las et plein de solitude,
plein de pitié pour moi,
plein de pitié pour l’homme,
cherchant, cherchant en vain sur un ventre de femme
cette paix impossible que nous avions perdue
naguère, dans un grand verger où fleurissait
au centre, l’arbre de la vie…

J’ai lu comme vous tous les journaux tous les bouquins,
et je n’ai rien compris au monde
et je n’ai rien compris à l’homme,
bien qu’il me soit souvent arrivé d’affirmer
le contraire.
Et quand la mort, la mort est venue, peut-être
ai-je prétendu savoir ce qu’elle était mais vrai,
je puis vous le dire à cette heure,
elle est entrée toute en mes yeux étonnés,
étonnés de si peu comprendre
avez-vous mieux compris que moi ?

Et pourtant, non !
je n’étais pas un homme comme vous.
Vous n’êtes pas nés sur les routes,
personne n’a jeté à l’égout vos petits
comme des chats encor sans yeux,
vous n’avez pas erré de cité en cité
traqués par les polices,
vous n’avez pas connu les désastres à l’aube,
les wagons de bestiaux
et le sanglot amer de 1’humiliation,
accusés d’un délit que vous n’avez pas fait,
d’un meurtre dont il manque encore le cadavre,
changeant de nom et de visage,
pour ne pas emporter un nom qu’on a hué
un visage qui avait servi à tout le monde
de crachoir !

Un jour viendra, sans doute, quand le poème lu
se trouvera devant vos yeux. Il ne demande
rien! Oubliez-le, oubliez-le ! Ce n’est
qu’un cri, qu’on ne peut pas mettre dans un poème
parfait, avais-je donc le temps de le finir ?
Mais quand vous foulerez ce bouquet d’orties
qui avait été moi, dans un autre siècle,
en une histoire qui vous sera périmée,
souvenez-vous seulement que j’étais innocent
et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là,
j’avais eu, moi aussi, un visage marqué
par la colère, par la pitié et la joie,

Un visage d’homme, tout simplement

La Marseillaise (couplets 1 et 5) par la chorale des collèges et lycées dirigée par Madame Massini : 

Aux armes, citoyens,

Formez vos bataillons,

Marchons, marchons !

Qu’un sang impur

Abreuve nos sillons !

Allons enfants de la Patrie,

Le jour de gloire est arrivé !

Contre nous de la tyrannie,

L’étendard sanglant est levé, (bis)

Entendez-vous dans les campagnes

Mugir ces féroces soldats ?

Ils viennent jusque dans vos bras

Égorger vos fils, vos compagnes !

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire